lundi 25 février 2013

Lincoln




Si j'adore "l'ancien" Spielberg, j'entends par là E.T, Il faut sauver le soldat Ryan, Intelligence Artificielle, Minority Report, Arrête-moi si tu peux (entre autres), j'aime toujours le "nouveau", le vieux. Ces derniers films sont certes plus polis (dans les deux sens du terme) mais ils restent de bons long-métrages. Ils ne sont plus oscarisés (d'ailleurs Lincoln ne l'a pas été) mais ça reste du bon cinéma. Ce sont devenu des productions à la Hollywood-style où on évite de bousculer tant dans le sujet choisi que dans la réalisation mais personnellement je ne m’ennuie pas et je passe un bon moment donc je me plains pas.

Le sujet est beau (abolition de l’esclavage aux Etats-Unis), la reconstitution d’époque l’est tout autant et enfin l’acteur principal est magistral. Rien que cela suffit à passer un moment plaisant et donc à apprécier le film.

En cette période de débat pour le mariage homosexuel, le sujet du film, l'égalité, fait écho dans notre esprit. Après Django Unchained, le sujet de l’esclavage revient sur grand-écran. Si Django Unchained bousculait le spectateur par ses images parfois trop crues, Lincoln est plus poli mais certains propos continuent de résonner dans notre tête.

La reconstitution d’époque est grandiose, on s’y croirait vraiment un peu comme lorsque l’on joue à Assassin Creed 3. Les images sont belles, la lumière est bien exploitée, Spielberg n’éclabousse pas le spectateur de son originalité mais il fait le boulot qu’il a bien appris pendant toutes ces années.

Daniel Day-Lewis mérite son oscar ou du moins il ne l’a pas volé et honte à celui qui crierait au scandale. On peut préférer Denzel Washington dans Flight (pas moi) mais on ne peut pas cracher sur la belle interprétation d’un Daniel Day-Lewis resplendissant. Sans en faire des tonnes et toujours juste, il maitrise parfaitement son personnage et lui donne l’humilité et la simplicité qu’il lui faut. Bon certains lui reprocheront une faiblesse dans la variation de ses expressions mais son rôle ne l’aide pas vraiment à en faire plus. Les autres acteurs sont réduits à des petits barbus et/ou moustachus dodus. Dommage! 

Je n'ai pas honte de dire que j'ai apprécié ce film même si je reconnais que malgré tout il reste très académique. C’est clairement une machine à Oscars et ceux qui attentent un scénario costaud et des rebondissements solides se sont trompés de salle. 

De Spielberg je conseille surtout la série Band of Brothers (la saison 1) en co-réalisation avec Tom Hanks.

3.5/5

dimanche 24 février 2013

Syngué Sabour - Pierre de patience

  
Synopsis : Dans un climat de guerre, une femme afghane prie au chevet de son mari dans le coma. Ce dernier ne se réveillant pas, elle commence progressivement à lui raconter ses plus lourds secrets. 

Si on n’a pas lu le livre dont le film est adapté et si on ignore que ce n’est que le deuxième long métrage du très prometteur Atiq Rahimi (Terre et cendres en 2005), alors ce film est un réel plaisir visuel et intellectuel. Cependant, ceux qui ont lu le livre diront que l’adaptation est, comme toujours, inférieure à l’œuvre littéraire et les cinéphiles consciencieux s’attarderont, malheureusement, sur les quelques erreurs d’un réalisateur néophyte.

Personnellement, je n’ai pas lu le bouquin et je ne suis pas un cinéphile minutieux, c’est donc telle une page blanche que je suis allé voir ce film. Et honnêtement, il n’y a pas grand-chose à redire sur la réalisation d’Atiq Rahimi. La mise en scène est grandiose, elle est méticuleuse et surtout délicate. Elle ne brusque pas, peut-être est-ce une tare pour certains, pour moi c’est un point fort. Le long métrage est également merveilleusement bien photographié. Il nous donne à voir des prises tout à fait sublimes. Par exemple, le partage d’écran, dans la dernière scène, entre les visages de la femme et de son mari est très beau (cf photo ci-dessus). 
Enfin, l’actrice principale, Golshifteh Farahani, éclabousse le film de par sa beauté et son rôle parfaitement interprété. Elle porte le film à bout de bras et ceci n’est pas un reproche, c’est une joie de la voir crever l’écran 95% du temps. Dans la dernière scène, elle est tout simplement resplendissante et elle constitue, sans hésitation aucune, l’intérêt numéro 1 du film.

Mais cette œuvre cinématographique est plus que visuellement forte, elle l’est aussi sur le plan intellectuel. En effet, après Wadjda, sortie il y a deux semaines, cette fiction nous offre un nouveau point de vue sur la place de la femme dans les pays musulmans. Une situation délicate qui consterne et préoccupe.

Syngué Sabour est une véritable « belle » œuvre cinématographique.



3.5/5

  

mercredi 20 février 2013

Les chevaux de dieu



Ce long-métrage est tiré d'une histoire vraie. Il fait écho aux attentats terroristes qui ont eu lieu le 16 mai 2003 dans 5 lieux différents de Casablanca et qui ont tué 45 individus dont 13 martyrs. 

Ce film raconte l'histoire de deux frères, Tarik et Hamid, endoctrinés par la religion et devenus martyrs. Ils habitent le bidonville de Sidi Moumen à Casablanca, leur père est atteint d’Alzheimer, un de leur grand frère est au front, l'autre est autiste et enfin, leur mère essaye tant bien que mal de faire tenir le tout debout. Durant leur enfance Hamid, l’ainé des deux, veille sur son frère et commence très jeune à tremper dans des magouilles illégales pour ramener un peu d’argent à la maison. Il finira par se faire arrêter et après deux ans passé en prison, il reviendra changé, devenu islamiste radical. Il enrôlera son frère dans la religion et à deux, ils suivront un entrainement physique et un endoctrinement moral pour finalement apprendre qu’ils ont été élus pour devenir martyrs.   

Sans simplification ni manichéisme, ce film nous raconte, avec force et humilité, le parcours de deux jeunes adolescents devenus terroristes pour fuir leur condition. Si le film traine parfois en longueur, il reste malgré tout un beau film qui analyse les mécanismes économiques, sociologiques et psychologiques qui ont poussé deux jeunes au suicide. On suit leur vie de misère (drogue, embrouilles, famille lourde à assumer…) et on finit par percevoir la fatalité qui les conduit à faire cet aller simple pour le paradis.
Nabil Ayouch manie sa caméra à la perfection et il nous donne à voir des passages incroyables aux mouvements de caméra parfaitement réalisés. Les acteurs ne sont pas transcendants mais ils servent très bien le film pour créer un tout cohérent et relativement sans fausse note.

Si Zero Dark Thirty nous présentait le point de vue occidental du terrorisme, Les chevaux de dieu est un très beau contraste qui nous présente, avec fermeté et solennité, le point de vue islamique du conflit. 


3.5/5

mardi 19 février 2013

Shameless (US)















Une série à couper le souffle ! Jouissive

A l'instar de The Office, Shameless est un remake américain d'une série anglaise, et comme The Office, la série du Nouveau monde écrase de loin celle de l'Ancien. 

Le synopsis est original et attrayant. Dans cette série, vous allez suivre une famille très (très) démunie qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour s'en sortir (arnaque aux assurances, vol, ventes de drogues...). Le père est un chômeur et un alcoolique invétéré, la mère est partie et l'ainée (Fiona) élève à elle seule ses 5 frères et sœurs. Ainsi, nous avons Lip (Phillip), l'intello qui met son génie à profit de projets pas toujours très légaux, Ian, jeune adolescent gay qui aspire cependant à intégrer l'armée, Debbie, jeune fille toujours serviable, Carl, petit garçon qui aime faire des bêtises toujours plus stupides et plus dangereuses que la veille, et enfin Liam, bébé noir dont la filiation pose question. 

Les Gallagher vivent les uns sur les autres dans un sacré bordel, une maison un peu délabrée dont ils s'efforcent en vain de payer les charges. Pour ce faire, chacun y met du sien, cours du soir, babysitting, jobs d'été, arnaques en tout genre, tout billet est bon à prendre. Le père est toujours au bar et rentre complètement ivre pour s'effondrer sur le canapé ou même dans le caniveaux. Un évènement devenu si récurrent que les enfants ont appris, malgré eux, à vivre sans leur père, et même, à être habitué à ce schéma de vie choisi par leur paternel. 

La série est puissante car elle explore en profondeur une sphère trop souvent ignorée par le petit et le grand écran, ou du moins trop souvent survolée. On apprend à connaître leur vie quotidienne, on comprend l'extrême solidarité qui les unie et on s'attache aux personnages. Un attachement qui se crée très rapidement notamment grâce à une performance incroyable des acteurs. Le casting est magistral et chaque enfant est joué à la perfection. Le père alcoolique est interprété par un splendide William H. Macy (Magnolia) qui mériterait de remporter un Golden Globes, ou du moins d'être sélectionné.

La série arrive à se renouveler et les intrigues au suspens pas toujours haletant (ce n'est pas l'essence de la série) sont toujours très finement trouvées et dressent un tableau époustouflant de la situation précaire de certaines familles. 

Cette série vous subjugue et vous en voulez encore. Elle n'exerce pas sur vous le plaisir malsain du visionnage d'un épisode supplémentaire de Lost ou de 24, ni même le plaisir compulsif de Friends ou de Kaamelott, elle développe en vous une affection naturelle qui à la fin, comme pour Six feet under, vous rendra triste quand le rideau tombera pour de bon.  


5/5

dimanche 17 février 2013

Passion

Remake du film français Crime d’amour réalisé par Alain Corneau avec la belle Ludivine Sagnier, Passion est un film germano-français réalisé par le maître du suspens Brian De Palma. De Palma nous livre ici une œuvre à deux vitesses. Un long-métrage bancal qui n’est pas digne de son génie.

La première partie du film est mauvaise. Rien ne fait vrai et on se fait chier. Les acteurs sur-jouent, la mise en scène est terre à terre, bref c’est infect. La scène dans le bureau avec l’histoire sur la sœur jumelle est tout bonnement ridicule, le jeu des acteurs fait faux et c’est un supplice à regarder. Le calvaire atteint son paroxysme lors des apparitions abominables d’un Paul Anderson au plus mauvais de sa forme. La crispation de Noomi Rapace fait trop forcée, Rachel McAdams en rajoute et les scènes où elles se retrouvent toutes les deux ont quelque chose de factices, c’est vraiment incompréhensible et on se demande ce qui va pouvoir sauver le film.

Fort heureusement, on réalise au milieu du film lors d’un beau split screen dont DP a le secret, que cet affreux rêve d’une heure n’était qu’une mise en place. C’est lors de ce split screen que le film s’emballe et que l’on retrouve la virtuosité de DP et sa mise en scène Hitchcockienne. La musique accompagne un suspens maitrisé mais loin d’être haletant, les acteurs parlent moins et cela sert le film. Lumière tamisé, intrigue qui fait ressentir son intérêt, on commence à percevoir le bout du nez d’un film pas si répugnant. La fin du film est un peu trop trouble à mes yeux mais la fin parvient tant bien que mal à racheter un peu d’estime auprès du téléspectateur.

Si le film fait (un peu) réfléchir sur le pouvoir et la manipulation, il est très loin des grands films de Brian De Palma et il n’est en aucun cas un chef d’œuvre. C’est tout simplement un film quelconque que l’on ne reverra pas.      


1.5/5

Flight


Il faut croire que l’on ne fait qu’un Forest Gump dans sa vie. Si Robert Zemeckis nous avait enchantés avec son brillant Forest Gump qui débordait d’originalité et de scènes désormais cultes, Flight regorge quant à lui de poncifs et de scènes dégoulinantes de pathos.

Le film est divisé en deux parties. Une première, celle du crash, qui possède quelques qualités (très peu) et une deuxième, celle de la rédemption, qui est d’une grandiose médiocrité pour ne pas dire nullité. Le seul bon passage de ce film est le crash de l’avion qui est relativement bien retranscrit par Zemeckis. En parallèle, on assiste à des passages ridicules nous présentant la vie d’une jeune droguée qui, vous l’aurez deviné, croisera comme par hasard le chemin de notre héros. Des passages sans idées, sans génie, bref sans rien et avec de surcroit une bande originale nulle (comment peut-on reprendre de façon aussi exécrable le magnifique « Sweet Jane » des Velvet Underground).
La deuxième partie du film empeste la souffrance et ça en devient une pour le spectateur. Rien n’est subtil et tout est grossier. On assiste à une descente aux enfers pathétique et on se demande sérieusement qu’est-ce qu’apporte l’histoire avec Nicole qui, à mes yeux, n’a strictement aucune utilité. Si l’épilogue connait un petit rebondissement, il retourne très vite dans ses travers pour redevenir fade, plat et quelconque.

Je ne n’ai rien contre la religion mais ce film l’utilise mal et les passages où elle est évoquée (notamment dans la chambre d’hôpital avec le copilote) sont mauvais et poussifs. La bande originale est malheureuse avec un enchainement de mauvais choix.

Les acteurs ne sont pas tous blâmables mais ils ne viennent pas sauver le film. Kelly Reilly (Nicole) est transparente pour ne pas dire mauvaise et Denzel Washington fait le job sans être excellent. J’accorderais cependant une mention spéciale à John Goodman pour son rôle de Harling Mays et une autre à James Badge Dale pour sa brève apparition en cancéreux désabusé.

Ce film est tout simplement à éviter si vous ne voulez pas contempler 2h15 de banalités.

0.5/5

Wadjda


Il est triste de constater que de si beaux films ne sont pas assez connus du grand public. Sorti le 6 février dernier, Wadjda est très apprécié chez les cinéphiles mais reste pourtant dans un anonymat honteux auprès de Monsieur tout le monde. Preuve à l’appui, j’ai dû faire 45 minutes de transport en commun pour trouver un cinéma qui le diffusait en VO, à Lyon s’il vous plait (ce dernier n’étant pas retransmis dans les Gaumont-Pathé) et la salle était quasiment vide !!! 

Contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, Wadjda n’est pas le, mais un des premiers longs-métrage venus d’Arabie Saoudite. Si ce n’est pas le précurseur du 7ème art saoudien, c’est cependant bien le premier film saoudien réalisé par une femme, Haifaa al-Mansour. Les femmes ayant dans ce pays les droits que les hommes veulent bien leur accorder, ce film est une révolution. Et quelle révolution car ce dernier est une grande réussite.

Je me suis délecté de ce film car je m’y suis retrouvé. Je m’explique. Etant petit, mes parents, mes professeurs et toute personne possédant une quelconque autorité, vous diront que j’étais… insolent. Une insolence savoureuse que j’ai retrouvée chez la petite Wadjda. Petite rebelle refusant de se plier à l’autorité et aux coutumes de son pays, elle enfreint les règles et aime se jouer de ses ainés. (Attention spoilers) Le pic lancé à sa principale concernant son « voleur / amant » doit surement provoquer chez Wadjda une profonde jouissance que j’ai réussi à partager avec elle (l'ayant déjà vécu à de multiples reprises sous diverses formes).
Combien de fois n’ai-je pas entendu mes parents me dire : "Quand tu as une idée en tête il est très difficile de t’arrêter". Entêté que je suis, je n’ai que pu m’extasier de voir Wadjda foncer tête baissée vers son objectif de rouler à vélo. Un plaisir qui a atteint son paroxysme lorsque que sa mère lui dit la phrase que mes parents m’ont tant rabâché 20 ans durant.

Mais ce film est aussi et surtout un tableau dressé du machisme omniprésent de la société saoudienne. Nous autres occidentaux avons beaucoup de mal à comprendre le fonctionnement patriarcale de ces sociétés. A travers ce film, nous observons de l’intérieure les mœurs de ce système. Ainsi, sans insister, Haifaa al-Mansour nous expose avec force la vie quotidienne des femmes dans son pays. Les passages à l’école exclusivement féminine sont puissants, parfois troublants, mais réalistes.

Ce film est une grande réussite pour un premier essai. Je ne peux m’empêcher de repenser à cette insolence délectable et rien que pour cela je dis Bravo.     


4/5

Les aristochats


Aujourd'hui il pleuvait, ma petite sœur tournait en rond et ma copine voulait regarder un film tranquille. Après une petite réflexion, nous décidons de revoir un bon vieux classique : Les aristochats. Un Disney à mon âge, quelle idée saugrenue me direz-vous, mais c’est là que vous vous méprenez. Les Disneys, j’entends par là les anciens (Roi Lion, Robin des bois…), sont délectables et cela à tout âge.

Je n’étais pas un grand fan des Aristochats étant petit. Son côté sombre, pluvieux et humanisé me rebutait et je préférais les couleurs et la fraicheur d’un Roi Lion ou d’un Robin des bois. C’est donc décidé à changer mon point de vue que je commence à regarder le film.

Le scénario est original et il est même dur pour un enfant en bas âge (volonté d’éliminer quelqu’un pour toucher un héritage). L’histoire d’amour est secondaire et c’est un bon point car elle ne vient pas entacher le film. Comme souvent chez Disney, les dialogues sont bien écrits et majoritairement destinés aux adultes avec certains jeux de mots bien léchés. Les musiques sont elles aussi très bien interprétées, et les paroles percutantes. La parenthèse jazzy dans ce Paris d’avant-guerre est peut-être un peu anachronique mais elle est brillante.

Ce qui fait encore vibrer un adulte, c’est la personnification des animaux. L’oie complètement bourré, l’histoire d’amour entre la haute société et la banlieue, voilà autant de sujets propres aux humains traités par Disney à travers les animaux.

On assiste à un humour absurde à la Tom & Jerry plus destiné aux enfants avec des personnages catapultés retombant 2h plus tard mais aussi à un humour plus subtil avec les chiens et les jeunes chatons.

Dans Les aristochats, il y a de quoi faire plaisir aux enfants et aux adultes. C’est donc un film d’animation qui traverse et traversera les âges. 


3.5/5

Detachment

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Pour ceux qui veulent voir un film traitant de la difficulté d’enseigner dans un établissement difficile, allez voir Entre les murs, mais n’espérez pas trouver votre bonheur dans Detachment.

Le film se sert de la décadence du système scolaire (est-ce vraiment le cas ? Peu importe !) pour montrer au spectateur la décadence de la société. Une déchéance humaine personnifiée par Henry Barthes, anti-héros moderne. Henry Barthes est un lâche. Prof intérimaire et amant transitoire, ce dernier refuse tout attachement. Il contemple la dégénérescence de son environnement avec un « détachement » effroyable. Un détachement qui se confond même avec la dépression. Voilà ce qu’est véritablement Detachment, un tableau sombre et détestable de la société.

Bien évidemment, le film n’est pas parfait et il n’évite pas certains poncifs. Ainsi, on assiste à des scènes un peu clichés (collège dévasté, suicide d’élève) sur fond de musique qui suinte le désespoir. Personnellement, j’ai tout de même apprécié la chanson « Empty » (bon déjà le titre veut tout dire) de Ray Lamontagne.   

Ces poncifs et le montage peu conventionnel de Tony Kaye (incluant des passages sous forme de documentaire) ne manqueront pas d’en écœurer plus d’un, voire même de les énerver profondément. Pour ma part, j’ai trouvé la manière de filmer intéressante, bouleversante et puissante. De plus, j’ai retrouvé un Adrian Brody au meilleure de sa forme (pardonnez-moi l’expression) que j’avais tant aimé dans Le pianiste.

Le film ne donne pas de réponse claire sur le pourquoi du comment de cette société en décomposition. Il constate et expose et c’est là son originalité et son coté déroutant. C’est là sa force.  


4/5

Happiness Therapy


A moins d'être complètement bête, on sait à quoi s'attendre lorsque l'on va voir Happiness Therapy. Happy ending, love story, rebondissements qui tentent de nous faire douter mais qui n'y arrivent pas, tout y est. Donc on sait qu'on ne va pas mettre 5 étoiles après il reste à déterminer si l'intrigue, les dialogues, les acteurs se démarquent des autres love story habituelles.

Si le film ne nous émeut pas vraiment car les ficelles sont trop grosses et l'épilogue trop prévisible, le film arrive tant bien que mal à nous faire rire et c'est déjà un bon point. Faute d'avoir l'émotion, on a au moins le sourire.

Je ne suis pas un grand fan de Bradley Cooper. Le seul bon souvenir que j'ai de lui est sa prestation dans la série Alias. Cependant, je dois avouer qu'il joue assez bien le bipolaire compulsif. Les seconds rôles sont également bons, avec un De Niro très drôle en superstitieux nerveux et un Chris Tucker amusant dans le rôle de l'ami fou, avec sa superbe réplique : "Black it up".  

Les dialogues rapides et percutants (trop parfois) parviennent à nous séduire même si le procéder n'est pas nouveau. Le film qui repose principalement sur cet humour de spontanéité finit tout de même par s'essouffler. On aurait mal vu le film durer plus de 2h.  

A posteriori je me dis que le film est quand même très limité et que c'est du cinéma assez pauvre, cela étant dit je n'ai pas passé un mauvais moment.

GO EAGLES !

2.5/5

Dark Shadows

Burton fait du Burton mais du mauvais, du recyclé, du basique. Rien n'est neuf, rien n'est brillant, rien ne fait vibrer.

Le scénario est vu et revu, sorte de visiteur revisité, Burton ne brille pas dans ce domaine. Si les monstres loufoques tout droit sortis de l'imagination Burtonienne foisonnent et nous enchantent dans Les noces funèbres, Dark Shadows offre une palette de personnages et de monstre peu créative. Ce n'est pas qu'on en ait marre de l'univers glauque et lugubre de Tim car on aime sa fantaisie, c'est simplement que jusque-là il avait su se renouveler, nous offrant à chaque fois des éclairs de génie (contraste Halloween/Noel dans l'Etrange Noel de Mr. Jack ou encore contraste monde des morts/monde des vivants dans Les noces funèbres). Ici rien n'est brillant et le final est fade et sans consistance. Enfin, l'auto-interprétation d'Alice Cooper se veut être un passage créatif et amusant mais il n'en n'est rien et c'est un grand "WHAT THE FUCK" qui trône dans notre esprit.  
 
Bien évidemment, tout n'est pas à jeter. Le casting typiquement Burtonien (Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Michelle Pfeiffer) est très bon et Johnny est encore une fois brillant. Les dialogues sont relativement bien ficelés avec des passages drôles dûs à l'anachronie.
 
Burton fait du Burton mais du mauvais, du recyclé, du basique. Rien n'est neuf, rien n'est brillant, rien ne fait vibrer.


2/5

Les noces funèbres

Après nous avoir fait rêver avec l'Etrange Noel de Mr. Jack, Tim Burton revient faire du cinéma d'animation avec Les noces funèbres. Comme son prédécesseur, ce long métrage est réalisé en stop-motion (effets de mouvement créés à l'aide de marionettes en pâte à modeler) et personnellement je trouve cette manière d'animer bien meilleure que l'image de synthèse.

Inspiré d'un conte russe, "la mariée morte", The Corpse Bride en anglais nous raconte l'histoire de Victor, un jeune homme, qui découvre le monde de l'au-delà après avoir épousé, sans le vouloir, le cadavre d'une mystérieuse mariée. Pendant son voyage, sa promise Victoria l'attend désespérément dans le monde des vivants. Et bien que la vie au Royaume des Morts s'avère beaucoup plus colorée et joyeuse que sa véritable existence, Victor apprend que rien au monde, pas même la mort, ne pourra briser son amour pour sa femme.

Si le monde d'Halloween que Tim Burton nous présente dans l'Etrange Noel de Mr. Jack est sombre et effrayant, le monde des morts des noces funèbres est plus gai et attrayant. Les dialogues sont toujours très bien rythmés et les passages musicaux parfaitement orchestrés. Burton nous fait plaisir en revenant aux fondamentaux de son cinéma et Dieu sait que Burton n'est jamais aussi bon que lorsqu'il fait du Burton (cependant parfois la mayonnaise ne prend pas : Dark Shadows). Animaux étranges, personnages loufoques, têtes disloquées et autres bizarreries typiquement Burtoniennes, les fans de son univers glauque seront ravis. 

Là où Burton nous surprend c'est qu'il dépeint un monde des vivants, sombre, triste, froid et lugubre, alors qu'il nous présente le monde des morts coloré, jazzy, plaisant et plein de "vie" (tout le paradoxe du film - ce qui nous amuse).

Burton fait du Burton et du bon.


4.5/5