vendredi 30 janvier 2015

The Interview (L'interview qui tue !)


#AreYouHoneyDickingMe?

Pour tous ceux qui auraient vécu sur Mars ou en Corée du Nord depuis Novembre, voici un bref rappel des faits concernant la sortie du film polémique de Seth Rogen et Evan Goldberg. Rappelons donc que Sony, producteur et distributeur américain, a été victime fin novembre d'une attaque informatique d'envergure, revendiquée par le groupe de pirates informatiques GOP (« Guardians of Peace »), au cours de laquelle une énorme quantité d'informations ont été dérobées et certaines mises en ligne. Le studio avait reçu ensuite des menaces évoquant les attentats du 11 Septembre pour les salles qui diffuseraient la comédie réalisée par Seth Rogen. Ces cyber-pirates auraient alors déclarés : "Nous allons vous montrer clairement dans tous les lieux où The Interview sera diffusé, notamment lors de l’avant-première, à quel destin tragique sont voués ceux qui cherchent à se moquer de la terreur". La sortie du film aux Etats-Unis, prévue le 25 décembre, a été annulée, ce que Obama n’a pas manqué de déplorer.

Cependant, le film est bien sorti en France et fort heureusement ! 3 semaines après les attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo, 3 semaines après avoir crié sur tous les toits du monde que la France ne renoncerait jamais à sa liberté d’expression, 3 semaines après avoir annoncé fermement que la France ne reculerait jamais devant la menace terroriste, il serait absurde et hypocrite de déprogrammer la sortie de cette comédie américaine potache mettant en scène l’assassinat du président Nord-Coréen Kim Jong-un. Car ce film n’est rien de plus qu’une énorme caricature ! #jesuischarlie
 
Revenons maintenant au film et à sa critique. Que l’on aime ou que l’on aime pas le film, on ne peut pas lui enlever sa grosse paire de couilles. Alors que tout le monde sait qu’une infâme dictature totalitaire régie actuellement la Corée du Nord, alors que tout le monde sait que ce pays s’arme démesurément au dépend de la santé de sa population, deux connards décident de faire un film montrant l’assassinat du dictateur le plus influent du monde. Et ils ne se contentent pas de le tuer, ils le ridiculisent et le dédiabolisent. Je ne salue ici ni le jeu des acteurs, ni la réalisation du film, qui tous deux ont leurs gros défauts, je salue l’effort. Je salue le clin d’œil. Je salue la prise de risque. Rien que pour ça ce film ne peut pas être nul à mes yeux.   
   
On ne va pas tourner autour du pot, j’ai personnellement adoré ce film. Mais je sais lui reconnaitre des défauts. Tout d’abord, les personnages principaux de Dave Skylark et Aaron Rappaport sont un peu trop caricaturaux et forcés. A tel point qu’ils ne parviennent pas à devenir des personnages à part entière auxquels on serait susceptible de s’attacher. Les personnages restent au même niveau d’humour (blagues bien lourdes et bien grasses – scato même) et ne réussissent pas à se diversifier. La bromance (bro-romance) entre Dave et Aaron est également assez limitée et n’apporte pas grand-chose au récit. On pourra également critiquer le jeu d’acteur de James Franco qui tente, maladroitement, un contre-emploi à la Jim Carey mais qui ne réalise pas que n’est pas Jim Carey qui veut. Cependant, si son interprétation du journaliste fashion, superficiel, crétin et naïf n’est pas sa meilleure, je ne la trouve pas non plus totalement mauvaise. 

On connait la paire Franco/Rogen depuis leur association dans la série Freaks and Geeks et on les a retrouvé par la suite, avec plaisir pour ma part, dans Pineapple express et This is the end. Si vous ajoutez à cette paire d’acteur, la réalisation et l’écriture d’Evan Goldberg déjà présent au même poste pour This is the end vous obtenez une recette bien connue. Une recette bien identifiable faite de blagues sexo-scatologiques, de vannes référentielles, de caméos de stars (mention spéciale à Eminem), de gore qui tâche façon Monty Phyton, de running gags, de bromance, etc… Si vous n’aimez pas cette recette alors n’allez pas voir le film car vous y retrouverez tous ces éléments. 

Comme je l’ai précédemment expliqué dans mes critiques de Community et Nos pires voisins, une large partie de la comédie moderne repose sur un style ultra référencé. Les nouveaux ressorts de la comédie, et notamment chez Rogen et Goldberg, sont les références constantes à la culture contemporaine. Ce film n’échappe bien sûr pas à cette règle et encore une fois les clins d’œil sont nombreux (Seigneurs des anneaux, Katy Perry, Eminem et j’en passe…).

Enfin, pour répondre à toutes les critiques et toutes polémiques entourant ce film, je finirai ma critique en pointant du doigt l’autocritique de monde occidental que le film met en relief. Car si on regarde de plus près, le film qui semble tacler la Corée du Nord, tacle en réalité l’occidental moyen joué par James Franco. Et la chanson d’ouverture du film est également un message fort envoyé au monde occidental qui est donc très loin d’être épargné dans cette comédie.  

Pour moi, quand on filme en slow motion un tir de tank sur le dictateur Nord-Coréen en accompagnant le tout d’un remix de Firework de Katy Perry, on a tout compris. J’irais presque même jusqu’à crier au génie. 

#TheyHateUsCuzTheyAintUs


4/5

mardi 27 janvier 2015

The inbetweeners




Vous connaissez le jeu Taboo ? Je vous donne une série (that’s a pun :D) de mots pour vous faire devinez une catégorie. Let’s play! Si je vous dis Life on Mars, Skins, Sherlock, Misfits, How not to live your life, Black Mirror, Utopia, Spaced, vous me répondez… séries anglaises. Bravo à ceux qui ont trouvé. Oubliez “Game of thrones“, les meilleures séries viennent d’Angleterre. Plus incisives, plus libres, en phase avec leur temps, les productions de la BBC ou de Channel 4 sont des pépites de mauvais gout, d’intelligence d’écriture, et d’accent à couper au couteau !!! Elles sont culottées, élégantes, drôles, parfois criminelles... mais toujours inspirées.

Une preuve irrévocable de l’ingéniosité anglaise est le nombre hallucinant de remakes faits par les américains. De façon non exhaustive on peut citer Shameless, The Office, Skins, The IT Crowd, Life on Mars ou encore Luther dont la version américaine devrait sortir cette année. Si certaines adaptations américaines ont été des succès comme Shameless ou The Office (toutes les deux considérées comme meilleures que l’original), la plus part se sont violemment ramassées comme Skins, Life on Mars ou encore The inbetweeners. Le remake de The IT Crowd s’est même arrêté après le pilote. Une nouvelle adaptation américaine de la série devrait cependant voir le jour prochainement étant donné qu’un pilote a été commandé à Bill Lawrence, réalisateur émérite des très bonnes séries Scrubs et Cougar Town. 

Revenons à notre sujet. The inbetweeners fait partie de cette catégorie de séries anglaises grivoises, politiquement incorrectes, mais considérablement dans l’air du temps. La série britannique Skins montrait une jeunesse « trend », « hype », drogué et excessive, The inbetweeners pointe sa caméra vers une jeunesse tout aussi irréelle, mais plus inadaptée socialement et se fourrant dans des galères sans nom. The inbetweeners peut difficilement être traduit en français mais dans le contexte de la série, un lycée, on comprend que cela fait référence à une « classe moyenne » (new pun) qui n’est pas assez rebelle ou inspirée pour faire partie des marginaux et qui n’a pas les aptitudes pour intégrer la cour des gens hautement populaires. Ils sont cette majorité qui lutte pour exister socialement.

J'aime dans cette série le côté « trash » que l’on est en droit d'attendre d'une série anglaise ce qui ajoute à la véracité du récit. Mais j'adore surtout ce comique de texte et de situation dont les anglais sont experts. L'humour est grinçant, cru et noir comme les anglais savent le faire et ça s’insulte sans vergogne n’épargnant ni les mères nymphomanes, ni les pères homosexuels, ni les sœurs « fit » (bonne). Les vulgarités fusent dans tous les sens dans un style typiquement anglais qui ne rend pas excessif, ni exagéré, le flux continue d’injures (#twat).  

La palette des personnages est également très bonne. On y trouve un demeuré, un mythomane obsédé, un « stoker in love » et un intello. Ces quatre acolytes que tout oppose vivent une relation d’amitié où règne la codépendance. Une relation qui va les amener à se retrouver, ensemble, dans des situations totalement improbables mais purement délirantes.

A ne pas manquer si vous en avez marre des productions américaines fades et prudes.

#youdadisabumder  #briefcasewanker


4/5