mercredi 29 juillet 2015

Neil Blomkamp



Cet article sera consacré à la filmographie encore jeune d’un réalisateur Sud-Africain prometteur, Neil Blomkamp. Seulement âgé de 35 ans (1979), Neil Blomkamp s’est déjà admirablement fait remarqué dans l’univers de la science-fiction intelligente avec trois long-métrages à son actif : District 9, Elysium et Chappie. En 2009, j’avais entendu parler de District 9, un film de science-fiction subversif qui avait lâché une petite bombe dans le paysage cinématographique de l’époque.  En 2013, j’avais suivi de loin la sortie d’Elysium, un nouveau film de science-fiction, reconnu plus conventionnel par la critique. Enfin, en 2015, j’ai longtemps été attentif aux retours plutôt encourageants sur Chappie. Pris d’une soudaine attirance pour la science-fiction, j’ai décidé de me pencher sur le personnage.  

Avant d’étudier chaque film plus en détail, on peut d’ores et déjà évoquer plusieurs caractéristiques communes à la filmographie du Sud-Africain. Tout d’abord, Neil Blomkamp possède le don, si important en SF, de mettre en place un univers crédible, innovant et captivant. De la ghettoïsation des extraterrestres à l'intelligence artificielle en passant par la surpopulation et l’accroissement des disparités économiques, Neil Blomkamp possède le talent d’exciter et de charmer son spectateur.  Ensuite, il se sert de ses films pour évoquer des maux sociétaux ancrés dans notre monde contemporain. District 9, on le verra plus en détail par la suite, est clairement une critique ouverte de l’apartheid et de la xénophobie, tandis qu’Elysium pointe du doigt, avec virulence, la surpopulation et le développement des inégalités. Ses trois films sont également des missiles visant la privatisation excessive de notre société, l’armée et la santé étant constamment déléguées par l’Etat à des entreprises privées. Notons que Neil Blomkamp figure à la réalisation ET au scénario (parfois même à la production) de ses films, ce qui ne fait qu’accroître son mérite.  

Enfin, Sud-Africain d’origine, Neil Blomkamp nous fait voyager dans ses long-métrages, deux (District 9 et Chappie) nous présentant la ville de Johannesburg, aussi connue sous le nom de Joburg #WelcometoJoburg. On est donc plongé dans un monde qui nous est beaucoup moins familier que l’habituelle Amérique du Nord. De plus, le jeune réalisateur n’hésite pas à « caster » des acteurs de son pays et d’autres étrangers pour jouer dans ses films, ce qui apporte un vent de fraicheur. Mais le vrai vent de fraicheur est apporté par Sharlto Copley qui figure dans l’ensemble de la filmographie de Neil Blomkamp. Transcendant dans le rôle principal de District 9, bleffant en méchant diabolique dans Elysium et tout simplement remarquable dans son interprétation de Chappie. Un vrai coup de chapeau pour cet acteur sud-africain déboussolant donc j’ignorais encore l’existence il y a quelques jours.  Arrêtons-nous maintenant plus en détail sur chacune de ses œuvres :   


District 9 


Tout comme Josh Trank qui débarquait en 2012 avec un premier film prometteur, Chronicle, Neil Blomkamp, le Sud-Africain, a défrayé la chronique en 2009 avec son premier long métrage, District 9. Le film met en scène un vaisseau extraterrestre flottant au-dessus de la ville de Johannesburg depuis deux décennies et duquel ont été extrait environ 2 millions d’extraterrestre (ET). Dans un état de santé critique, les ET ont été parqué dans un ghetto nommé District 9. L’idée de départ est la suivante : les autorités en place veulent déporter les ET à 200km au Nord de la ville pour des raisons de sécurité.

Je ne sais pas si ma description est vraiment engageante, mais je vous assure que l’univers créé par Neil Blomkamp est vraiment prenant. Mais la crédibilité de son univers n’est pas la seule satisfaction, loin de là. District 9 est avant tout un film indépendant, ambitieux, audacieux et subversif. Tourné à la manière d’un documentaire sur le personnage principal, le film intéresse dès les premiers instants. Mais c’est surtout Wikus Van Der Merwe, joué par un excellent Sharlto Copley, un Sud-Africain également, qui rend le film époustouflant. Ce personnage principal est juste parfait. Tout d’abord, maladroit et ballot, ce dernier se métamorphose magistralement tout au long du film… Je vous laisse le plaisir de la métamorphose ;)

Pour replacer le film dans son contexte, notons qu’il est basé sur un court-métrage nommé Alive in Joburg, réalisé en 2005 par Neil Blomkamp. Comme pour le court-métrage d’origine, le cadre de District 9 est inspiré par des événements historiques qui ont eu lieu en Afrique du Sud pendant la période de l'apartheid. Le titre du film est d'ailleurs calqué sur le nom d'une zone résidentielle d'un quartier difficile du Cap, qui fut déclarée zone réservée aux blancs par le gouvernement en 1966 : le District Six. 60 000 de ses habitants en furent expulsés de force et relogés à Cape Flats, 25 kilomètres plus loin. Le film fait aussi référence aux expulsions contemporaines vers les nouveaux ghettos de banlieue dans l'Afrique du Sud post apartheid et à la résistance de leurs habitants. Le film est donc une œuvre contestataire qui développe plusieurs autres thèmes d’envergure. En effet, les thèmes du racisme et de la xénophobie sont mis en avant sous la forme du spécisme appliqué aux extraterrestres. Enfin, MNU (l’entreprise au cœur du projet de déportation) est l’incarnation du caractère nocif de la privatisation du secteur public.

District 9 est définitivement une entrée en matière impressionnante de la part de Neil Blomkamp qui prouve tous ses talents de « storyteller » et de metteur en scène, avec de bonnes scènes d’action. Ce film lancera définitivement sa carrière après trois court-métrages, à tel point qu’une suite, District 10, est prévue pour 2020.

4/5

Elysium

 

En 2013, Neil Blomkamp revient sur le devant de la scène avec l’artillerie lourde cette fois. Oubliez le film indépendant, place à Sony Pictures, Matt Damon et Jodie Foster. Rien à voir avec les 35 000 000 de budget (haha) de District 9, Elysium c’est 90 000 000 de dollars pour 210 000 000 encaissés. La réussite économique du film n’est donc pas contestable. Et c’est bien normal ! Car même si on ressent beaucoup les rouages d’un blockbuster, Neil Blomkamp possède le doigter adéquat pour nous faire oublier le cadrage formaté du film.

Elysium, de ses trois œuvres, est celle dans laquelle nous nous identifions le plus. Neil Blomkamp parvient à nous plonger dans un monde futuriste (2154) qui nous paraît complétement crédible. En extrapolant légèrement les maux de notre monde, il crée une dystopie plausible. Pour faire court et sans spoilers, la population mondiale étant devenue beaucoup trop importante, les plus riches sont partis vivre dans une navette spatiale en orbite autour de la terre, une proximité leur permettant toujours de dominer la terre et de la maintenir dans une misère contrôlée.

On retrouve dans Elysium l’esthétique post-apocalypse et les créatures hybrides qui avaient tant impressionné dans District 9, ainsi que le thème de la survie en milieu hyper hostile. On retrouve, aussi et surtout, Sharlto Copley qui rayonne en campant un méchant parfaitement bien senti. Violeur, assassion, truand, tout ce que vous pouvez imaginer, il le sera. Doué d’un don inné pour la métamorphose, et doté d’un accent… surprenant, Sharlto Copley est mémorable. Il vole presque la vedette à Matt Damon pourtant au top. En effet, Matt Damon retrouve, pour notre plus grand plaisir, l’instinct de survie d’un Jason Bourne. On finira par applaudir les choix de casting qui m’ont particulièrement réjoui. Notamment le choix de « caster » des acteurs parlant parfaitement le français pour jouer des rôles dans la langue de Molière #AvengersPrenezEnNote. A ce titre, Jodie Foster, diplômé d’un baccalauréat au lycée français de Los Angeles, est parfaite

Neil Blomkamp tourne son premier vrai blockbuster : une fable d'anticipation sur la lutte des classes, déguisée en film d'action et confiante en l’intelligence de son public. Le résultat est ambitieux, généreux, souvent naïf (surtout à la fin) mais du coup touchant.

4/5

Chappie


C’est assurément l’un de mes films préférés de 2015. Vous ne le trouverez malheureusement pas dans mon topde mi-année car je viens de le voir mais il y serait définitivement apparu. Quand on voit les premières images de Chappie, on a d’abord peur (ou pas) d’être devant un nouveau mélange de Robocop et de Dredd. Mais dès la première apparition de Dev Patel, on comprend que le chemin emprunté par Neil Blomkamp sera bien différent.

Décidé à faire de la science-fiction intelligente, Neil Blomkamp ne pouvait pas rester bien longtemps loin du sujet le plus brûlant du domaine : l’intelligence artificielle. Ce qu’il nous propose dans Chappie est excitant, il s’attaque au mystère éternellement renouvelé, celui de déceler quelque chose d’humain dans un corps qui ne l’est pas, celui d’une présence inhumaine parmi les hommes. On est donc très loin d’un Robocop. Il ne sera pas question de flic-robot mais d’enfant-robot, d’apprentissage, de lien affectif, de famille. Mais rassurez-vous, le tout se fait sur fond de baston, car Neil Blomkamp est indubitablement un geek bourrin. En définitive, le film ne ressemble à rien. Il est unique. Encore un univers maitrisé par la patte d’un sud-africain désormais rôdé.

Le casting est une nouvelle fois l’un des leviers principaux du film. Dev Patel est absolument génial. Il est le vent de fraicheur de ce film, en l’absence d’un Sharlto Copley cette fois robotisé. Il prouve tout son talent d’acteur qui lui avait permis d’exploser avec Slumdog Millionnaire et Skins. Le méchant est quant à lui bien moins bon que dans Elysium (forcément !!!) mais il fait le minimum demandé, et bénéficie surtout d’une première apparition (en armure) très réussie. Si le méchant n’est pas si bon, c’est que l’accent a clairement été placé sur les « gentils ». Les seconds rôles, qui épaulent Dev Patel et Sharlto Copley, sont complètement dingues, dans tous les sens du terme. Complétement possédé, le NINJA est un personnage délirant, comme on n’en voit pas assez dans les blockbusters stéréotypés.

Pour finir, Neil Blomkamp nous offre de nombreuses scènes « idéo-poétiques » tout bonnement incroyables. La scène de « l’âme » entre Chappie et sa « maman » est un parfait exemple de ce souffle lyrique qui traverse le film. Les effets de spéciaux sont aboutis et les scènes de préparation/entrainement, comme il y en a TOUJOURS dans les films d’action, sont décalées à souhait. Enfin, dans ce film beaucoup plus ancré dans la réalité, j’ai particulièrement apprécié les décors choisis par Neil Blomkamp comme la planque de NINJA ou celle du combat de chien.

Passé (presque) inaperçu en France lors de sa sortie en Mars 2015, Chappie est pourtant un film magistral, rafraichissant et innovant. Je vous invite vraiment à le regarder. Ainsi que l’ensemble de la filmographie de Neil Blomkamp, qui est, à n’en plus douter, un nouveau maître de la science-fiction. La fin laissant présager un Chappie 2, on ne peut être qu’emballé.
   
#CraftLifeDontLetLifeCraftYou
#IndestructibleRobotGangstaNumberOne
#CoolLikeDaddy

5/5

lundi 27 juillet 2015

Dredd















A l’instar des Fant4stiques bientôt en salle, Dredd a également connu une post-production chaotique. A tel point que le film, malgré sa qualité intrinsèque, a souffert d’un bouche-à-oreille terrible aux Etats-Unis, le plongeant ainsi dans les bas-fonds du box-office, et provoquant par là même son annulation dans les salles noires française. Le film a donc été édité directement en DVD-Bluray, disponible dans les bacs depuis début 2013.

Que s’est-il donc passé ? Tout d’abord, il faut savoir que Judge Dredd est initialement un comics et qu’il a déjà fait les frais d’une adaptation en 1995 avec Sylvester Stalone. Ce dernier n’ayant pas très bien fonctionné, le projet fut enterré pendant 15 ans avant que Pete Travis soit mis à la tête d’un nouveau reboot. Malheureusement, ce dernier, en désaccord avec les producteurs lors du montage du film, fut licencié et remplacé par Alex Garland, scénariste du film. Cet incident a retardé la sortie du film et engendré une mauvaise publicité dont il est toujours difficile de s’extraire. La France, au vu des faibles scores au box-office américain, et peut-être habitée par une hantise, compréhensible, des « reboots », a fait le choix de ne pas diffuser le film dans les salles. Un fait regrettable.

Un fait regrettable car Dredd est un film d’action de qualité. L’univers futuriste dans lequel se déroule l’histoire est parfaitement mis en valeur par la caméra de Pete Travis. Karl Urban joue un Dredd stoïque, ferme et inébranlable. Quant à sa partenaire, la belle Olivia Thirlby, elle démontre qu’elle n’est pas destinée à une carrière faite de comédies, ou de rôles, de seconde zone. Elle peut co-leader et porter le poids d’un film d’action sur ses épaules. LA méchante (Ma-Ma), fait inhabituel qu’il est bon de noter, est campé par Lena Headey, plus connue sous le nom de Cersei dans GOT. Elle aussi est, assurément, un excellent choix de casting.

Mais la force du film réside dans un huit clos de génie. Le film se déroule intégralement dans une barre d’immeuble futuriste de 200 étages. A la manière d’un Snowpiercer vertical, les juges (Dredd et Anderson) vont se frayer un chemin jusqu’en haut de l’immeuble où se terre Ma-Ma. Les scènes d’action sont agréables sans être spectaculaires et les dialogues sont bien sentis sans être remarquables. Au final, on a donc une adaptation de comics plutôt réussie qui diffère de ce qu’on est habitué à voir. C’est donc un reboot soigné qui aurait mérité meilleur sort. 

3.5/5

The Amazing Spiderman



Au début du vingt-et-unième siècle, lorsque sortait dans les salles la trilogie Spiderman de Sam Raimi, je n’avais pas encore adhéré à l’univers Marvel. J’ai quand même dû voir le premier volet de la saga, mais ce dernier ne m’a pas laissé de souvenir marquant. Cela est sûrement dû au traitement sans épaisseur du personnage de Peter Parker (PP) et de sa relation avec Mary Jane (MJ).

Sony et Columbia Pictures avait initialement prévu un Spiderman 4  avant que Sam Raimi décide de se retirer du projet. N’étant pas prêt à abandonner leur poule aux œufs d’or, les deux compères décidèrent de « rebooter » la franchise avec un nouveau réalisateur et un nouveau casting. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec un Amazing Spiderman, réalisé par Marc Webb avec Andrew Garfield dans le rôle de Peter Parker et Emma Stone dans le rôle de Mary Jane.

Pour faire court, le film est un succès. Succès pour un reboot, succès mitigé quant à la qualité intrinsèque du film. The Amazing Spiderman reste très formaté mais il contient plusieurs motifs de satisfaction. Tout d’abord, le costume est convaincant. Ensuite, les scènes d’actions sont plutôt bien réalisées (caméo de Stan Lee avec son casque dans la bibliothèque). Enfin, la relation entre PP et MJ n’est pas trop lourde, ni trop niaise. Elle est, au contraire, fluide et persuasive. Le fait qu’Andrew Garfield et Emma Stone aient commencé à se fréquenter sur le tournage n’y est peut-être pas pour rien. J’ai personnellement adhéré au choix du casting pour le rôle de PP, Andrew Garfield, bien que parfois trop expressif voire grimaçant, fait tout de même bien le job.  

Le film fut donc un succès au box-office. Ce qui peut se comprendre pour un film qui répond, sans se fouler, aux attentes de son public. Je ne sais pas encore si je verrais The Amazing Spiderman 2 tellement j’ai entendu de mauvaises critiques dessus. Il est important de noter que Sony ayant revendu les droits de Spiderman à Marvel Studios, nous aurons le droit à un nouveau reboot de la franchise en 2017 avec Jon Watts à la réalisation et Tom Holland, 19 ans seulement, en Spiderman. 

3/5