jeudi 24 mars 2016

Batman V Superman


















Je dois le dire, je suis devenu un grand fan de super-héros sous tous les formats (comics, séries, films). C’était donc avec le plus grand engouement et la plus grande ferveur que je me rendais hier dans les salles obscures pour découvrir Batman V Superman. Et quelle déception !

Faisons un petit cours de super-héros pour les nuls afin de mieux comprendre le contexte du film. Les super-héros sont nés avec les comics dans les années 1930 aux Etats-Unis. En près d’un siècle, on a donc vu apparaitre deux univers distincts, l’univers Marvel (Iron Man, Captain America, Spiderman…) et l’univers DC (Superman, Batman, Aquaman, Flash…). Comme chacun sait, le marché du film de super-héros est dominé depuis 2007 par Marvel Studios qui a mis en place un gigantesque univers cinématographique, le MCU, avec pas moins de 12 films. Comme les choses ne sont jamais simples, l’univers Marvel est aussi porté à l’écran par la FOX qui vient faire un peu de concurrence à Marvel Studios avec notamment les X-Men, Deadpool ou les 4 fantastiques. Pour ce qui est des super-héros de l’univers DC, Batman a été récemment remasterisé par Christopher Nolan, mais aucune continuité n’existait au sein de cet univers. Face au succès démentiel du MCU, DC n’avait d’autre solution que de créer son propre univers connecté. Ce sera chose faite en 2013 avec la sortie de Man Of Steel, première pierre de l’édifice. Cependant, malgré le succès relatif de Man Of Steel au box-office, ce dernier reçoit un accueil plutôt défavorable des critiques. Batman V Superman arrive donc pour relancer l’univers DC et l’emmener vers de nouveaux sommets.

Il faut donc bien garder en tête que Batman V Superman doit gérer un passé (Man Of Steel) et préparer un futur (La Justice League). Le film ne peut donc pas être un « stand-alone movie ». Et c’est là son gros problème. Le film veut tout connecter, tout préparer, et finit par se perdre en chemin. Pour ceux qui n’auraient pas vu la bande annonce, ne la regardez surtout pas car malheureusement cette dernière dévoile toutes les intrigues principales et éventuelles surprises du film. Le scénario est surchargé et brouillon, développant des sous-intrigues inutiles et expliquant mal les enjeux principaux. On ne rendre donc jamais vraiment dans le film ne parvenant pas ni à s’attacher réellement aux personnages, ni à comprendre ce qui vraiment les animent. Qui plus est, le film a un sérieux problème de rythme. A plusieurs reprises, le film monte en tension, on pense alors pour commencer à s’investir, puis d’un coup change de direction, perdant ainsi toute notre attention. Les scènes d’action, finalement très peu nombreuses, sont, elles aussi, un peu brouillonnes et parfois difficilement lisibles (surtout celle de fin). Pour finir sur les défauts du film, je n’ai personnellement pas adhéré au choix de Jesse Eisenberg pour interpréter Lex Luthor. J’aime pourtant beaucoup l’acteur (The Social Network, Zombieland, American Ultra) mais il a choisi un côté énigmatique et dérangé qui ne convient pas et qui ne convaincra probablement pas les foules.

Mais bon, ne paniquons pas, le film a tout de même certaines qualités. Tout d’abord, Batman est la grande satisfaction du film. Si on avait été introduit à Henry Cavill dans Man Of Steel, Ben Affleck en Batman restait la grande interrogation ! Beaucoup critiquaient le choix de casting. Mais il faut le reconnaitre, le bon vieux Ben a le look qui convient et sait porter le costume. Il est très crédible et si on peut rentrer en connexion avec l’un des personnages c’est bien lui. Son costume est lui aussi très réussi et c’est un nouveau Batman qui nous est présenté, un Batman plus badass qui n’hésitent pas à tirer sur tout ce qui bouge. Cependant cela risque de poser problème à beaucoup de fans car Batman a visiblement l’air de buter pas mal de monde dans le film, ce qui n’est normalement contre son code moral, mais passons ! Outre Batman, l’une des autres qualités du film est son visuel. Il faut le dire, Zack Snyder sait faire de beaux films. Malheureusement, beau ne veut pas dire bon et avec son incapacité à construire une histoire cohérente, immersive et harmonieuse, l’ami Zack a encore pas mal de progrès à faire.

Bref, le problème c’est qu’il y a plusieurs films à l’intérieur même de Batman V Superman, il y a une suite de Man Of Steel, une présentation de Batman, une présentation de Lex Luthor, un affrontement entre Batman et Superman et également l’introduction de la Justice League. C’est BEAUCOUP trop et le film ne parvient pas à trouver d’équilibre. Il y a de très bonnes idées, des thématiques intéressantes, mais rien aucune n’est développée et le tout est noyé dans un océan de références et de repères mal amenés. Ce film aurait pu être génial s’il avait été lui-même amené par au moins deux voire trois films.  Trop de précipitions !   

2.5/5   

lundi 14 mars 2016

Brooklyn




















Brooklyn est un élégant, charmant et tout simplement beau film. On en sort le cœur serein et l’âme apaisée. C’est probablement l’une des plus simples mais des plus belles histoires d’amour que j’ai pu voir dans un film. Il n’est donc pour moi pas choquant qu’il est été nominé dans la catégorie « Oscar du meilleur film » lors de la 88ème cérémonie. Je trouve ça même plutôt habile si cela peut encourager certaines personnes à aller le voir. Je fais d’ailleurs partie de ces personnes qui l’ont entraperçu lors des nominations et qui par curiosité se sont rendus dans les salles obscures pour le découvrir. Malheureusement, Brooklyn souffre d’une piètre distribution au sein de l’hexagone. A Lyon, il n’est pas diffusé dans les principaux cinémas de la ville et il faut se donner les moyens de le découvrir. Un choix que vous ne devriez pas regretter.

L’histoire est plutôt bateau mais le film se démarque des autres romances cucul grâce à un casting exceptionnellement bon et une reconstitution remarquable des années 50. La jeune Saoirse Ronon est parfaite dans le rôle principal. Tour à tour apeurée, joyeuse, perdue, émerveillée, confuse, triste, elle dégage une sensibilité et une prestance tout à fait envoutante qui crée un réel attachement pour le personnage. Et ses yeux, my god !!!! Elle a de magnifiques yeux verts qui se marient parfaitement avec les multiples robes ou manteaux verts qu’elle porte tout au long du film, donnant lieu à de très beaux plans poitrines. Son alter ego dans le film, Emory Cohen, joue un jeune italien charmant, à la douce naïveté amoureuse et à l’accent délectable. Les deux forment un couple auquel on adhère complétement.

Mais dans une histoire d’amour, je ne vous apprends rien, il y a presque toujours une tierce personne qui s’invite à la fête et vient foutre un joyeux bordel. Dans Brooklyn, ce personnage est joué par Domhnall Gleeson. Décidemment l’acteur irlandais aura eu une année 2015 (début 2016) d’enfer. Entre Star Wars VII, The Revenant, Ex Machina et maintenant Brooklyn, Domhnall Gleeson sait choisir ses projets ! Délivrant à chaque fois des performances de très bonne facture, avec la palme revenant à son interprétation incroyable dans Ex Machina, le jeune acteur de 32 ans fait son nid et s’affirme, à la manière d’un Eddie Redmayne, comme l’une des étoiles montantes du grand écran.     

Mais outre l’histoire d’amour, c’est aussi un film sur l’émigration irlandaise aux Etats-Unis dans les années 50. Il y a donc toute une partie du film qui traite de ce changement de vie radical pour ses personnes qui partent vers le Nouveau Monde à la recherche de l’Eldorado. Sans forcer le trait, le film montre assez bien le contraste entre le luxe de la grosse pomme et la vie précaire des irlandais. Et Brooklyn, ah Brooklyn, qu’est-ce que c’est beau, qu’est-ce que j’aime ce quartier de New York. C’est paisible.

3.5/5

mardi 8 mars 2016

Le visiteur du futur















Depuis la fin des années 2000, grâce aux sites d’hébergement de vidéos comme Dailymotion ou Youtube, la toile a vu apparaitre de nombres productions indépendantes. Ces dernières peuvent prendre la forme de sketchs (Palmashow, Golden Moustache…), de situations de vie commune tournées en dérision (Norman, Cyprien…) ou encore, et c’est ce qui nous intéresse ici, de web-séries. À l'origine produites par des semi-professionnels avec de faibles moyens, les web-séries connaissent aujourd'hui une montée en gamme liée à l’explosion du genre et à un succès considérable. 

Je viens donc vous parler ici de l’une d’entre elles, nommée Le visiteur du futur. Cette web-série française est une série de science-fiction humoristique, multi-récompensée (Montreux Comedy Award 2010 : Meilleure Web-série d'humour) et très largement plébiscitée (40 millions de vues). Réalisée et écrite par François Descraques, créateur de la société de production Frenchnerd, elle met en scène de nombreux acteurs et youtubeurs français tels que Florent Dorin, Raphaël Descraques, Slimane-Baptiste Berhoun, Mathieu Poggi et bien d’autres. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs membres de la chaîne Youtube Frenchball créée en 2014 (que je conseille vivement).

Sans spoiler, l’histoire peut se résumer ainsi : Raph est un jeune homme paisible et sans histoire, jusqu'à un jour de 2009 où, alors qu'il flâne avec ses deux amis Tim et Leo, un étrange personnage ensanglanté apparaît comme par magie devant lui grâce à une machine qu'il porte en bracelet. Prétendant venir du futur, celui-ci le met en garde à de multiples reprises sur les conséquences désastreuses que peuvent avoir ses gestes, surtout les plus anodins, dans un futur lointain. La série nous parle donc des voyages dans le temps avec un ton décalé et un franc-parler si propre à la bonne comédie française (Kaamelott, Hero Corp). Avec un langage familier et qu’on pourrait parfois qualifier de « djeun’s », la série est un véritable bol d’air frais dans le paysage télévisuel français. Elle est pour moi ce qu’il se fait de mieux en termes de séries comiques françaises aux côtés de Kaamelott et Hero Corp.
 
Les premiers épisodes de la saison 1 sont des sketchs de 2 ou 3 minutes, puis le format va progressivement s’allonger (4, 6 puis 10 minutes) jusqu’à atteindre des épisodes de 15 minutes dans la saison 4. On aura même droit à un épisode de 28 minutes pour clôturer la saison 2. L’accroissement de la durée va de pair avec une augmentation de la qualité de réalisation. En effet, plus on avance dans la série, mieux les saisons sont réalisées, avec plus de moyens (de partenariats), de costumes, d’acteurs, d’effets spéciaux, de décors… Les saisons 3 et 4 sont de véritables productions d’une qualité quasi-télévisuelle, et on y retrouve d’ailleurs de nouveaux acteurs comme Ludovik, membre de la chaîne Youtube Studio Bagel,  ou encore Simon Astier, demi-frère d’Alexandre Astier, créateur et réalisateur de l’excellente série Hero Corp.

Traitant notamment des paradoxes temporels, la série est consciente de la complexité du sujet et ne cherche aucunement à tout justifier. Elle est même lucide sur certaines incohérences et les tourne ainsi en autodérision dans certaines scènes coupées que l’on peut retrouver après le générique de fin. Car avant d’être une série de science-fiction, Le visiteur du futur est belle et bien une série humoristique. Avec de nombreux running gags très amusants et des personnages extrêmement bien écrits et hauts en couleur, la série vous fera souvent rire aux éclats. Les personnages n’hésitent pas non plus à briser le 4ème mur, mais avec un dosage consciencieux.  

SI vous appréciez la série, je vous conseille de vous rendre sur la chaîne Youtube FrenchBall où vous trouverez plusieurs autres web-séries réalisées et écrites par les mêmes personnes, dont notamment la très bonne « Théorie des balls » ou encore, ma préférée (3 épisodes de 10 min), « Rock Macabre » (avec la participation de PV Nova). Enfin, si vous désirez réellement poursuivre l’aventure du Visiteur du futur vous pourrez vous procurer 5 romans écrits par Slimane-Baptiste Berhoun, l’un des acteurs de la série et membre de la chaîne FrenchBall, qui retracent le passé du personnage principal.

5/5