jeudi 26 mai 2016

War and Peace (2016)

















Sur Antoine fait son cinéma, la tendance est aux adaptations de roman à la télévision. Après ma critique de 11.22.63, adaptation du roman éponyme de Stephen King, puis ma critique de And Then There Were None, adaptation de Dix petit nègres d’Agatha Christie, toutes les deux au demeurant très bonnes (les séries, peut-être aussi mes critiques ^^). Voici ma critique de War and Peace, l’adaptation par la BBC du roman au combien reconnu de Léon Tolstoï, Guerre et Paix.    

Comme pour 11.22.63 ou And Then There Were None, je dois une nouvelle fois confesser ne pas avoir lu le roman. Ne pensez pas que je ne connais pas mes classiques car on pourrait avoir de très longues conversations concernant Camus ou Victor Hugo. Donc je ne pourrais pas vous dire si la série est fidèle au roman. De ce que j’ai pu en lire sur le net, les critiques des lecteurs convergent vers une adaptation plutôt sincère. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que Tom Harper ne fait pas pleinement honneur à l’œuvre de Tolstoï, car comment une série de 6 épisodes de 1h peut-elle rendre compte d’un roman de plus de mille pages. Cela me paraît insensé et certains avis que j’ai pu lire sur la toile vont dans cette direction. Donc les puristes seront déçus, comme toujours, et si vous avez lu le roman il vous faudra revoir vos attentes à la baisse. Mais ne fuyez pas pour autant, la série est plutôt agréable !

Déjà, comme pour And Then There Were None, c’est la BBC qui est aux manettes. Et quand la BBC propose une nouvelle série, à l’instar d’HBO aux Etats-Unis, on peut nourir de bons espoirs. On est rarement déçu et ce n’est pas War and Peace qui viendra contredire cela. À l'écriture on retrouve Andrew Davies, connu pour ses adaptations de romans classiques tels que Pride and Prejudice ou Docteur Jivago. Pour ce qui est de la réalisation, on est également entre de bonnes mains, avec Tom Harper, qui a réalisé certains épisodes des excellentes séries britanniques Peaky Blinders et Misfits. Quant aux comédiens, je ne dirais pas qu’ils sont excellents, mais ils sont tout de même à un niveau bien supérieur à de nombreuses productions télévisuelles. Paul Dano (Pierre Bezukhov), le frère muet de Little Miss Sunchine ou l’autiste de Prisoners, est la plus grande satisfaction de la série. Il est accompagné de Lily James (Natasha Rostova), découverte dans Downton Abbey, que j’ai trouvé légèrement en dessous des autres, un peu agaçante et qui minaude franchement trop. Enfin, James Norton (Andrei Bolkonsky), acteur méconnu, est agréablement bon. Mais outre les acteurs, on accordera une mention spéciale pour les décors somptueux, les costumes splendides et la mise en scène extrêmement soignée. La bande son n’est pas en reste elle aussi.

Mais voilà, tout n’est pas parfait. Tout d’abord, je trouve l’âme russe trop effacée. L’européanisation est trop prononcée et la série pourrait tout aussi bien se passer en Europe qu'on ne verrait pas la différence. C’est un peu dommage ! Et puis bon, il y a plus de paix que de guerre et très vite les histoires d'amour mondaines deviennent envahissantes et frustrantes face à des scènes militaires et politiques assez intenses. Au final, on éprouve parfois une certaine lassitude à assister à des futilités de nantis au milieu d'enjeux importants. J'aurais voulu plus de Napoléon, plus de géopolitique, et plus de réflexion sur les classes sociales. Mais comme je n’ai pas lu le roman, je ne peux pas savoir si telle était la vision de Tolstoï. Enfin, si tous les épisodes sont très bien, le dernier est tout de même un peu hâtif. On regrettera qu'il n'y ait pas eu plus d'épisodes alloués pour développer l'histoire et la psychologie des personnages plus en profondeur.

Malgré certains points noirs, War and Peace est une belle adaptation, qui, si elle décevra surement certains amoureux de l’œuvre originale, restent toute même une production télévisuelle de qualité.

Moi qui suis un immense fan des Misérables, je ne peux que prier pour voir un jour une adaptation d'une qualité au moins équivalente de l'oeuvre de Victor Hugo. Surtout que le bouquin est parfaitement adapté au format sériel, et qu'il est pour moi impropre au format du long-métrage, bien que de nombreux ignares s'évertuent à vouloir l'adapter sur grand écran. Bande d'imbéciles ! 

3/5

samedi 21 mai 2016

And Then There Were None


















A l’occasion du 125ème anniversaire de la naissance d’Agatha Christie, la chaîne britannique BBC a produite en 2015 une mini-série de 3 épisodes de 55 minutes intitulée And Then There Were None. La série est une adaptation du roman Dix petits nègres, qui, avec 100 millions d’exemplaires vendus, est le livre le plus vendu de l’écrivaine britannique. C’est également, dans la liste des ouvrages les plus vendus au monde, le premier roman policier et le sixième livre tous genres confondus. Je tiens à confesser tout de suite que je n’ai pas lu Dix petits nègres, ni d’ailleurs aucun roman d’Agatha Christie… Honte à moi ! C’est donc avec un regard et un esprit complètement vierge que je me suis lancé dans le visionnage de la série. Si le roman a été adapté à de multiples reprises au théâtre, au cinéma, à la radio, en jeux vidéo, en bande dessinée et en téléfilm, c’est la première fois qu’il prend la forme d’une série télévisée.

Tout d’abord notons que la série est britannique, ce qui donne tout de suite un certain gage de qualité. Rares sont les séries anglaises m’ayant déçues. Et nos voisins d’outre-Manche prouvent une nouvelle fois leur talent avec une mini-série qui passe à une allure folle. On s’enchaine les 3 épisodes comme on regarderait un film. Je suppose que l’adaptation d’un tel roman, si largement acclamé et apprécié, n’était pas chose aisée. Or, il me semble que la scénariste Sarah Phelps et le réalisateur Craig Viveiros réussissent avec brio ce pari fou. Pour l’anecdote, Sarah Phelps n’avait jamais lu le bouquin avant de décrocher le job et elle a surtout décidé de ne regarder aucune précédente adaptation afin de ne pas adapter la vision d’un autre. Elle explique dans une interview qu’hormis quelques petits changements sur le lieu et la façon dont meurent les personnages, elle est restée fidèle à l’histoire. Elle reconnait cependant avoir donné au tout une tournure plus sombre. Concernant la réalisation, Craig Viveiros parvient à mettre en place une atmosphère qui devient peu à peu angoissante, terrifiante et presque horrifique. La tension accélère notre rythme cardiaque et les musiques n’arrangeront rien à nos frissons. La réalisation et la photographie sont impeccables avec des décors superbes, des prises de vues magnifiques et des plans remarquables.

Mais, comme dans toute bonne série, le succès tient aux personnages et aux acteurs qui les interprètent. On sait déjà que les personnages sont de qualité (cf le roman) mais on va vite se rendre compte que le casting est également de haute volée. Comme souvent dans les séries britanniques, les acteurs sont excellents mais relativement méconnus. Les fans de Game Of Thrones reconnaîtront cependant Charles Dances, l’interprète de Tywin Lannister, dans le rôle du juge Lawrence Wargrave. La psychologie des personnages est fouillée et on a le droit à d’excellent flashbacks tout au long de la série qui nous aiguillent sur leur personnalité et leur passé sans que cela nous coupe du reste. Enfin, il faut accorder une mention spéciale au générique d’ouverture qui est magnifique et qui nous fait rentrer immédiatement dans l’histoire.

And Then There Were None est donc une nouvelle pépite anglaise qui ne manque pas de talents et qui nous fait vivre 3 épisodes riches en émotions, passion et intérêt. Je la recommande. 

4.5/5


vendredi 20 mai 2016

X-Men Apocalypse

















X-Men Apocalypse a toutes les caractéristiques du pétard mouillé. Le film devait impressionner, faire sensation, être un événement, et finalement il fait plouf. L’explosion cinématographique du pétard Apocalypse n’est pas au rendez-vous. C’est d’autant plus dommage quand on sait que Bryan Singer, le maître à penser de la saga (réalisateur de X-Men, X-Men 2, X-Men Days Of Future Past et scénariste de X-Men First Class), était aux manettes. Le film devait venir clôturer en fanfare une trilogie jusque-là impeccablement orchestrée et, à l’instar de X-Men 3, dans une moindre mesure, il la fragilise.  

X-Men Apocalypse est pourvu d’un scénario plat et complétement artificiel, il est conçu à la manière d’un film épisodique qui ne fait aucunement avancer l’histoire. Mis à part que le professeur Xavier est perdu ses cheveux, on ne peut pas vraiment dire que l’histoire ait considérablement progressé. Le film fait l’effet d’un délire de scénaristes qui auraient voulu assouvir leurs pulsions de fan au dépend d’une histoire original et authentique. Le long-métrage est dénué d’idées nouvelles et la scène du Vif d’argent (Quicksilver) en est un parfait exemple. Certes la scène est cool, bien qu’un poil trop longue, mais elle est surtout une copie conforme de la meilleure scène du film précédent. Un autre exemple de l’absence d’idées novatrices est le retour de Magneto à Auschwitz. Bryan Singer avait démarré la franchise en 2000 avec une séquence utile et émouvante dans le camp de concentration et il y revient dans Apocalypse pour une scène complètement ridicule et superflue qui n’apporte rien à l’histoire, c’est même presque malsain. Même les quelques nouveautés sont extrêmement mal traitées comme le fait que Quicksilver soit le fils de Magneto. Sur le papier ça aurait pu être intéressant mais Bryan Singer n’en fait rien et cela devient vite une fausse bonne idée. Enfin, ce qui m’a le plus déçu, c’est l’absence de dimension politique. Bryan Singer, dans la saga X-Men, a toujours su donner à ses films une certaines force politique complètement absente de ce dernier opus. Le film est très peu rattaché à la vie réelle ce qui donne des enjeux sans enjeu et une implication du spectateur dans l’histoire considérablement réduite.       

Pour ne pas incendier complètement le film qui en soit n’est pas si mauvais mais juste complètement dispensable, j’ajouterai qu’Apocalypse a de la gueule. Oscar Isaac s’affirme comme étant un grand acteur comme il parvient à jouer un méchant qui a du caractère, intimidant, puissant et que l’on craint. Il ne surjoue pas et reste toujours juste. La présentation des nouveaux personnages est également plutôt réussie (Jean Grey, Cyclope et Diablo). Mais je reprocherais quand même au film un côté fourre-tout de personnage qui je trouve désert de plus en plus les films de super-héros. Il y a quelques semaines, Civil War s’en sortait plutôt bien mais ma préférence reste pour les films de super-héros qui restent focalisés sur leur sujet comme l’excellent Captain America, the winter soldier.    

X-Men, qui jusque-là avait un parcours presque sans faute hormis X-Men 3, fait un nouveau faux pas et il n’y a plus qu’à espérer que la franchise de deviennent pas une énième saga de super héros que l’on va voir pas dépit.  

2.5/5