mardi 7 avril 2015

JCVD


J’aime les films, et séries, où les acteurs jouent leur propre rôle en prenant suffisamment de recul sur l’image qu’ils renvoient. J’aime donc quand les acteurs, conscients de leurs caractéristiques et de leurs défauts, s’en amusent ouvertement. Vous l’aurez compris, j’adore l’autodérision. Rire de soi, voilà la qualité première d’un bon humoriste. C’est pour toutes ces raisons que j’ai énormément apprécié la série Entourage (où beaucoup de personnalités se caricaturent eux-mêmes) ainsi que les films This is the end et JCVD.

Jean-Claude Van Damme est évidemment connu pour traîner derrière lui, une filmographie musclée et primaire, composée pour l'essentiel, de films d'actions. Cette même évidence nous induira en erreur avant de visionner JCVD : on s'attend une fois de plus à voir défiler devant nos yeux blasés un sempiternel film bourrin et dégoulinant de testostérone.

Et c’est une grossière erreur. JCVD est un docu-fiction savamment orchestré par Mabrouk El Mechri. Dans ce film, Jean-Claude Van Damme, star du cinéma sur le déclin, tiraillé entre son divorce, une bataille juridique pour obtenir la garde sa fille et ses difficultés financières, retourne en Belgique pour se reposer et se retrouve embarqué dans une prise d'otages suite à un braquage de bureau de poste qui tourne mal.

Le film nous étonne à tous les niveaux. Ce dernier s’ouvre sur un plan séquence (d)étonnant et se conclut par une scène très belle, loin de l’happy-ending prévisible qui aurait, à coup sûr, dilué l’impact du film. La structure du film évite la facilité et est tout simplement remarquable. Le film nous captive, nous capture, nous embarque, sans que l’ennui pointe son nez. Les amoureux de Van Damme seront quand même heureux de pouvoir profiter de quelques bonnes scènes d’action, mais très peu, juste ce qu’il faut.

Mais toute la beauté et la magie du film repose sur l’interprétation grandiose de Jean Claude Van Damme. JCVD y interprète son propre rôle avec justesse et authenticité. Conscient de son image, il en joue à la perfection. Ainsi, le film est une superbe mise en abyme, ponctué des fans de sa filmographie et de ses passages télévisés. Alliant humilité et sincérité, JCVD se met à nu dans un film émouvant et poignant qui nous amènera à nous questionner sur les étiquettes que l’on colle aux autres. Mais qui nous apprendra aussi à faire fi des apparences pour découvrir et admettre la part d’humanité chez l’autre.   

JCVD est un film polymorphe, alternant polar, comédie, action, drame et questionnement existentiel. Malgré toutes ses qualités, JCVD restera un échec cuisant avec pas même 200 000 entrées en France. Ce film est donc la preuve que la pire chose qui puisse arriver à un acteur, ce n'est pas tant d'être oublié du public et des boites de prod que d'être cantonné à un type de rôles.

4/5    

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