mardi 24 mars 2015

Laurence Anyways



Xavier Dolan vient tout juste d’avoir 26 ans, le 20 mars dernier. Ce jeune prodige du cinéma québécois a pourtant déjà réalisé 5 long-métrages, tous présentés lors de festivals internationalement reconnus (Venise, Cannes…). Il a d’ailleurs remporté le Prix du Jury lors de la dernière édition du prestigieux festival de Cannes, manquant de peu la Palme d’Or. Mais Dolan n’est pas juste un réalisateur de génie, c’est un monstre de travail, une créature hors-norme, omniprésente et quasi-omnipotente dans la création de ses œuvres. Acteurs, réalisateur, scénariste, producteur, costumier, monteur, dialoguiste, traducteur, doubleur, cet individu atypique est l’étoile montante du cinéma francophone et bientôt international.   

Vous l’aurez compris, mon admiration pour Dolan est sans limite. Ces bourreaux de travail comme Xavier Dolan, Alexandre Astier ou à un échelon inférieure Quentin Dupieux (pour ne citer qu’eux !!!), sont des personnages du monde cinématographique et télévisuel que j’admire profondément. Ils ont leur univers, leurs acteurs fétiches, leur façon de filmer, leur style musical, leur style visuel. Et chacune de leur œuvre, bien que parfois très différentes, sont comme les pièces d’un puzzle ou d’une grande fresque. Chaque nouvelle œuvre est une pièce apportée à la construction de le leur édifice dont la structure semble assez bien définie. C’est prodigieux. Mille respects.  

Dolan, en plus de tout cela, à la volonté de traiter des sujets de société embarrassants et compliqués. Laurence Anyways est en cela sa plus grande œuvre. Long de 2h30, le film aborde la transsexualité d’une manière prodigieuse. Loin des idées préétablies, des représentations partielles et des observations binaires, le jeune québécois, alors âgé de 23 ans, nous délivre une œuvre cinématographique marquante, certes imparfaite, mais criante de vérité, de maturité et de plénitude. C’est une claque. Un coup de massue.

Moi qui ai déglingué à l’artillerie lourde la kitscherie outrancière de l’écume des jours, je me dois ici de la valoriser. Car Laurence Anyways est assurément kitsch. Couleurs vives juxtaposées, musiques poseuses, effets stylistiques à profusion (pluie de vêtement sur l’île au noir), c’est kitschissime, cela ne fait aucun doute. Mais c’est assumé et maitrisé. C’est fluide et ça sert le propos. C’est une immersion dans un (son ?) univers. La réalisation est évidemment typiquement Dolanienne faite de gros plans, de ralentis, de personnages filmés de derrière, de vernis singulier et d’enduit chimérique. On aime ou l’on n’aime pas. Moi j’adore. C’est précis, décidé, audacieux et arrêté.

Les acteurs sont remarquables ! Suzanne Clément rayonne ! Elle passe de la colère à l’amour, de l’énergie à la dépression, de l’exubérance à la simplicité, de l’attachement au renoncement. Elle est absolue et impériale. Son homologue masculin (si je peux me permettre ^^), Melvil Poupaud, met plus de temps à rayonner mais c’est justement en femme qu’il deviendra plein, servant ainsi parfaitement le film.   

Laurence Anyways est une œuvre imparfaite mais loin d'être incomplète. Elle est à mon sens irrésistible et irréfragable.    
               
4/5

1 commentaire:

  1. Le choc de Laurence Anyways est très fort ! D'accord sur le fait que S. Clément rayonne, M. Poupaud met "plus de temps", mais il a su interpréter parfaitement le personnage, à alimenter cette ambiguïté homme-femme !

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