dimanche 18 décembre 2016

Rogue One
















Rogue One est un bon film. Ce n’est pas un grand film, ce n’est surement pas un film nécessaire, mais c’est un bon film, il faut le dire. Beaucoup de personnes avaient eu du mal avec The Force Awakens, voyant dans ce 7ème opus un recyclage mal branlé du 4ème, et c’est vrai que les parallèles avec A New Hope étaient grossiers et que le film manquait franchement d’originalité. L’originalité n’est peut-être pas le principal atout de Rogue One, étant donné que ce film n’est en réalité qu’un Star Wars 3.5, mais on ressent un souffle nouveau et moins de fan service flagrant.

Tout d’abord, à la différence de Star Wars 7, Rogue One est un film beaucoup plus terre à terre, un film plus intimiste. Le film ne cherche pas à mettre en place une nouvelle trilogie, il n’est pas là pour établir un nouvel univers, un ordre nouveau et une succession de films à venir. Rogue One pourrait presque être vu indépendamment du reste de la saga. C’est un bon film d’action placé dans l’univers de Star Wars, ce qui est plutôt appréciable comparé au space opéra boiteux qu’était The Force Awakens. Placé à la jonction entre Star Wars 3 et 4, le film parvient également à trouver un compromis subtil entre les deux trilogies. Il emprunte la grandeur des décors des épisodes 1,2 et 3 tout en gardant l’esprit tant apprécié des épisodes 4,5 et 6. Gareth Edwards, réalisateur du Godzilla de 2014, effectue ici un travail remarquable sur les proportions. Alors que Lucas avait des prises de vue plutôt aériennes, Gareth Edwards nous montre l’immensité des vaisseaux et des droïdes d’un point de vue d’humain, caméra au sol. Les images du Destroyer Imperial dans l’atmosphère de la planète Jedha sont fantastiques. La cinématographie globale du film est d’une incroyable qualité. Enfin, pour une sage nommé Star Wars (La guerre des étoiles), on a enfin l’impression d’être plongé au milieu d’un champ de bataille. Les scènes de guerre sur la plage font partie des meilleures scènes de toute la saga.

Cependant, le film a son lot de défaut. Le premier et le plus important est le manque d’approfondissement et l’absence de motivations de certains personnages. Hormis le personnage principal de Jyn Erso joué par Felicity Jones, nous n’avons aucun background sur le reste de l’équipage en charge de récupérer les plans de l’étoile de la mort. Nous ne savons donc rien du Capitaine Cassian Andor, ni du guerrier aveugle Chirrut Îmwe, ni de son ami et protecteur Baze Malbus. Comme le film n’était qu’un pont entre les épisodes 3 et 4, ou plutôt une redite en image du paragraphe d’introduction de A New Hope, le film n’avait pas besoin de développer ses personnages, on ne les reverrait pas et ils n’étaient que des pions pour faire avancer l’histoire.

A l’heure actuelle, nous souffrons d’un phénomène terrible qui est l’air des « films passables ». Il y aura toujours des films de merde, ça fait partie du processus de création, parfois on réussit, parfois on se viande en beauté et on sort une merde. Mais les films passables sont le vrai fléau de notre société, car le processus de création est volontairement altérer pour créer un film susceptible de plaire au plus grand nombre. Et ce fléau, on le doit en grande partie à Disney avec Marvel et Star Wars en tête d’affiche. Star Wars 7 était clairement un film passable, irritant par là un grand nombre de fans, Rogue One est légèrement au-dessus. Ceux qui prétendraient que Rogue One est mauvais sont juste de mauvaise foi. Etait-il nécessaire ? Non, probablement pas ! Aurait-on préféré voir une histoire originale comme Knights of the old republic qui ne soit pas la redite en image d’une histoire que l’on a déjà lue au début de l’épisode 4 ? Oui, certainement. Mais cela empêche-t-il Rogue One d’être un bon film ? Non ! 

3.5/5

samedi 17 décembre 2016

Premier contact



Avec Premier Contact, Denis Villeneuve passe dans la cour des très grands. Il commence à prendre place, discrètement mais surement, au milieu des mastodontes que sont Spielberg et compagnie, dans cette ligue de cinéastes surdoués, celle des touche-à-tout, mais toujours avec exigence et qualité.  Avec Premier Contact, Denis Villeneuve renoue surtout avec la SF intelligente, avec la SF sensorielle d’Under the Skin, la SF intimiste de Bienvenue à Gattaca et la SF poétique et humaniste de 2001, L’Odyssée de l’Espace. Premier Contact a, dans son message comme dans sa réalisation, tout d’un grand classique de la science-fiction. Avec cette introduction au genre, Denis Villeneuve tape fort sur la table et prouve tous les espoirs que l’on avait placé en lui quand on lui a offert la réalisation du prochain Blade Runner.

Tout d’abord, ne vous attendez pas à voir un film de SF classique, et c’est triste de devoir utiliser ce terme, avec un trop plein d’action. Il n’y a pas une seule scène d’action dans Premier Contact, qui repose sur l’intimité et le ressenti. Il y a un peu de grandiose, mais très peu, suffisamment pour les besoins du genre. Ce n’est donc pas un grand spectacle, c’est basé sur la réflexion et le développement des personnages, sans jamais oublier le développement de l’histoire et du suspense. C’est maitrisé à la perfection, tant dans le message que dans une réalisation pleine de maturité. Parlons d’ailleurs de la réalisation tout juste incroyable du québécois. Le mixage sonore du film est prodigieux, les sons provenant des aliens font vraiment sons extra-terrestres, comme aucun instrument connu sur terre, comme des violons aliens. La cinématographie est somptueuse, avec des plans aériens magnifiques dans lesquels Denis Villeneuve excelle (comme il l’avait prouvé dans Sicario). Pour faire court, c’est mené, artistiquement et techniquement, d’une main de maître.

Mais le plus vibrant dans ce film, ça reste son message, un message qui colle parfaitement à l’air du temps, arrivant à point nommé et propulsant encore plus le film dans la lumière, critique et populaire. Premier Contact cherche à transmettre un message de compréhension et d’ouverture à l’autre, introduisant l’idée qu’il puisse y avoir plusieurs points de vue sur des choses considérées comme universelles. Comme le langage formate notre façon de penser, apprendre une autre langue peut ouvrir la pensée et apporter une autre façon de voir les choses, un autre point de vue pour mieux comprendre notre monde. Ce film fait donc du bien surtout dans notre société où de plus en plus les sentiments prennent le dessus sur la logique et les faits.

Premier Contact est donc un film de SF original, qui rentrera à coup sûr au panthéon du genre, un film comme on en voit rarement à Hollywood, les trop nombreux panneaux de production au début du film témoignant de la difficulté à produire ce genre de long-métrage. En tout cas chapeau l’artiste ! 

4.5/5

jeudi 8 décembre 2016

Comedians in Cars Getting Coffee

















J’ai découvert Seinfeld il y a deux ans, et depuis, cette sitcom américaine est devenue ma série préférée. J’ai déjà vu 2 fois les 9 saisons dans leur intégralité et j’ai pu voir la  fausse réunion du casting pour un ultime épisode dans la sitcom Curb Your Enthousiasm (écrite et réalisée par Larry David, créateur de Seinfled). J’en aurais jamais assez de voir Jerry, George, Elaine et Kramer.

C’est pourquoi, quand j’ai vu que Jerry Seinfeld, l’un des comédiens les plus doués au monde en matière de stand-up et personnage principal de la série, où il jouait en réalité une version très proche de lui-même, lançait une nouvelle émission, il fallait que je jette un coup d’œil. Cette émission c’est Comedians in Cars Getting Coffee. Et pour résumé simplement, c’est Jerry Seinfeld qui se fait prêter une bagnole de collection, qui va chercher un ami comédien chez lui et qui prend le café en sa compagnie. Ça ressemble à des interviews mais c’est à la sauce humoristique, celle de Seinfeld, celle des conversations anodines qui racontent une histoire.

La web-série (dont tous les épisodes sont disponibles gratuitement ici) est plus que de simples interviews. C’est vraiment un show monté. Chaque épisode commence par la présentation de la voiture (toujours des voitures de collection splendides, et les voitures je m’en tape violement normalement), puis les discussions sont découpées au montage de façon très spécifique. On perçoit bien qu’ils passent plusieurs heures ensemble et qu’ils doivent aborder toutes sortes de sujets, mais Jerry décide de garder les moments de vie, les petites réflexions sur le quotidien auxquelles il a dévoué sa vie et sa carrière, car c’est tout simplement qui il est. Bien sûr, parfois ils parlent de l’invité, parfois ils parlent de sujets « sensibles » mais c’est surtout de la conversation de café et c’est un peu le thème de l’émission, dont tant mieux.

Je pense que si j’apprécie autant l’émission, c’est car je suis un grand fan de Jerry Seinfeld. Parce qu’il faut le dire, Jerry Seinfeld n’est pas un acteur, ce n’est pas une personnalité aux multiples facettes. C’est même tout l’inverse. Le Jerry Seinfeld de la série Seinfeld est le seul qui existe. Donc si comme moi vous adorez la série, notamment grâce à Jerry, c’est juste du bonus. C’est comme revoir le personnage, mais interagir avec des personnes réelles, qui plus est célèbres, dont vous pourriez vouloir en savoir plus. Il a les mêmes tics, la même façon de boire son café et la même répartie, il est juste lui-même, faisant ce qu’il fait le mieux, c’est-à-dire rien, parler et prendre le café.

Finissons par un rapide tour d’horizon des célébrités avec lesquelles Jerry prend son café. Cela va des présentateurs de Late Night Show comme Stephen Colbert, David Letterman, Jon Stewart, Jimmy Fallon, John Oliver ou Trevoir Noah, aux acteurs/réalisateurs comiques comme Will Ferrell, Jim Carrey, Sarah Jessica Parker, Alec Baldwin ou Judd Apatow, en passant par les humoristes de Stand-up comme Louis CK, Bill Burr, Chris Rock, Kevin Hart ou Aziz Ansari. Il rencontre même le président Obama ainsi que Gad Elmaleh qui est parti conquérir l’Amérique et qui est un grand fan de Jerry.  

Enfin, parce qu’il fallait finir en re-mentionnant la série Seinfeld, Jerry interviewe les 4 autres grands protagonistes du show, Larry David, le créateur et scénariste, ainsi que les acteurs, Julia Louis Dreyfus, Michael Richards et Jason Alexander, ce dernier se présentant au rendez-vous dans le rôle de George, son personnage dans la série.        

jeudi 1 décembre 2016

Les Animaux Fantastiques


















Les Animaux Fantastiques est globalement un bon film. La réalisation de David Yates est à son paroxysme, si tant est qu’on appréciait déjà le côté plus sombre emprunté par le cinéaste depuis Harry Potter 5, le casting est phénoménal, l’univers magique s’enrichit de nouveaux éléments avec juste le soupçon nécessaire de nostalgie, et enfin, le film donne réellement envie de venir revisiter cette nouvelle création de J.K. Rowling, premier film d’une série de 5. Cependant, le long-métrage n’est certainement pas exempt de reproches.

Commençons par le principal point noir pour finir sur les bonnes notes. On pourra reprocher au film son découpage un peu maladroit, résultant probablement d’un scénario imparfaitement ficelé. On suit en effet deux histoires en parallèle qui semblent s’emboiter maladroitement l’une avec l’autre. C’est toujours un peu le problème dans les films qui essayent de mettre en place un nouvel univers, n’arrivant pas à garder la cohérence propre au « grand » film. Et le découpage du film, qui prend son temps sur chacune des parties, n’aide pas vraiment à gommer cette imperfection.  

Mais la véritable réussite du film est incontestablement son casting. Eddy Redmayne est parfait dans le rôle du zoologiste spécialisé en animaux magiques. On peut reprocher à Eddy Redmayne de parfois « sur-jouer » (Jupiter Ascending), où peut-être de simplement trop montrer qu’il joue, mais ici cela colle parfaitement au personnage. Il nous fait croire, à travers sa bizarrerie naturelle, qu’il aime profondément ses animaux magiques et qu’il a un véritable lien avec eux. Colin Farrell, acteur incroyablement sous-coté à mon avis, est également incroyable. Il joue d’une telle façon qu’il est très difficile de percevoir de quel côté il penche, vers les forces du mal ou pas. C’est une très belle performance de sa part. Mais la palme revient à Dan Fogler, inconnu au bataillon, qui transperce l’écran. Campant le seul Moldu (Non-Magicien) du film (ou presque), il apporte cet émerveillement que David Yates avait un peu négligé dans sa réalisation plus « dark ». Il donne au film ses yeux d’enfants et vient insuffler un vent de fraicheur. Mais, surtout, il est extrêmement attachant.

J’en viens donc à mon deuxième point positif qui est l’écriture de J.K. Rowling, co-scénariste du film. JKR a cette qualité incroyable de créer des personnages profondément attachant. Les relations et les émotions entre les différents protagonistes paraissent crédibles et réelles au sein d’un univers complètement fantastique. Elle imprime le film d’une authentique humanité qui nous fait rentrer plus facilement dans l’histoire. En parlant de l’histoire, malgré les défauts évoqués ci-dessus, il faut reconnaitre l’imagination et la créativité extraordinaire de l’auteur britannique. Les amoureux de l’univers d’Harry Potter trouveront là tout ce dont ils ont rêvé. En installant son histoire dans les années 30 aux Etats-Unis, JKR change complètement de décors et pourtant, parvient à donner au tout le même sentiment magique que l’on retrouvait dans Harry Potter. Elle maitrise parfaitement son univers et ça me rend confiant sur la qualité de la nouvelle franchise, qui, je crois, devrait s’installer à Paris pour le prochain opus.

Les Animaux Fantastiques s’inscrira probablement pas son nom à la liste des « classiques » du cinéma mais il reste un bon film de genre et une bonne première brique au nouvel édifice lancé par JKR et Warner Bros.

3.5/5