mercredi 1 mai 2013

Mud

Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme mystérieux, Mud, réfugié sur une île au milieu du Mississipi. Les jeunes adolescents vont alors se lier d’amitié avec cet étrange personnage. Le scénario n’est pas plus compliqué que cela. Mais c’est justement là qu’est le tour de force de Jeff Nichols car ce dernier ne nous ennuie pas malgré une simplicité scénaristique bleufante.

Mais si le scénario est léger alors qu’est ce qui nous tient en haleine ? Tout d’abord, Jeff Nichols filme magistralement la nature envahissante du Mississippi. La première partie du film est incroyable tant ce dernier sublime la nature environnante. Une prouesse qui n’est pas passé inaperçue puisqu’elle lui a valu plusieurs comparaison avec Terrence Malick.

Ensuite, c’est la profondeur psychologique des personnages qui touche et captive. L’oxymorité entre Mud (avec l’accent s’il vous plait) et Ellis est jouissive. Le premier est comme enfermé dans une amourette d’enfance dont il ne parvient pas à s’extirper tandis que le second est comme poussé vers l’âge adulte sans s’en apercevoir. La relation entre les deux est  parfaite et porte l’ensemble du film. Le portrait fait du jeune adolescent aux certitudes ébranlées est de haute volée.

Pour continuer sur les personnages, il faut noter la justesse du casting qui contribue à faire du film une œuvre cinématographique de grande qualité. S’étendre sur la magistrale interprétation de Matthew McConaughey n’est pas très utile, il est plus intéressant de s’intéresser aux jeunes acteurs particulièrement bien choisis. Le jeune Tye Sheridan est incroyable et la scène de pétage de plomb sur la plage est d’une maitrise digne des plus grands. Son homologue est plus discret mais le côté humoristique qu’il insuffle au film le rend très appréciable.  

En parallèle des personnages, c’est aussi et surtout la richesse des thèmes abordés qui conquit et séduit. Si le film est une sorte d’ode à la jeunesse, il n'est pas question de pseudo émois amoureux, de révolte contre la figure paternelle ou autres vulgarités. L’amour, le mensonge, la confiance sont autant de sujets traités avec subtilité et non partiellement effleurés ou caricaturés.

Le réalisateur raconte une belle histoire avec lyrisme et simplicité. Le résultat est juste et sans excès. On pourra cependant lui reprocher une fin un peu trop sage. Mais c'est tout de fois admirablement efficace, bien raconté, sans être dénué d'ambiguïté.

4/5

3 commentaires:

  1. Je ne trouve pas que le scénario soit si léger que ça...et je ne sais pas si on peut parler d'oxymore pour deux personnes ! ;-) Mais je suis d'accord avec toi pour le reste...

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    1. Non bien sûr il n'est pas si léger que ça sinon le film ne serait pas aussi bien mais il est quand même assez mince. On dira pas que le film repose sur son scénario... Bah les gens comprennent quand je parle d'oxymorité (qui est un mot qui n'existe pas d'ailleurs)! J'aime me permettre des trucs ;)

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  2. Je ne comprends toujours pas l'engouement autour de Nichols, faiseur classique et sans complexité. Avec Mud, on nous refait le coup de Take shelter, un plébiscite complètement disproportionné. Le film n'est pas raté, certes, c'est juste qu'il n'est jamais passionnant (un peu moins vers la fin quand même).

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