samedi 22 août 2015

Utopia



 

On évoque souvent True Detective pour louer la qualité cinématographique d’une série. Mais Utopia, moins médiatisée, fait également figure d’exemple dans cette catégorie restreinte de séries élitistes. Utopia a le scénario intelligent, la photographie somptueuse et le casting impeccable nécessaire à l’éligibilité dans ce cercle fermé de série dites du grand écran.

Utopia eût très pu être l’œuvre d’un Wes Anderson sous l’emprise d’amphets. Ces beaux plans, larges et symétriques, qui peuplent allégrement la filmographie de l’américain, se retrouvent partout dans la série anglaise. A l’exception prête qu’on ne retrouve pas la palette pastelle et désaturée si propre à Wes Anderson, mais bien l’excentricité, la saturation et les couleurs flashy d’un brit-pop survivante et lancinante. Du rouge, du magenta, du bleu électrique, toutes les couleurs criardes sont mélangées dans des plans à la symétrie millimétrée qui n’ont d’égal que leur beauté. Cependant on ne peut pas parler d’Utopia sans évoquer le Jaune. Couleur reine et maitresse de la série. Partout où vous regarderez, des nuances infimes de jaune exciteront vos pupilles. Chaque plan est éclairé de sa variation de jaune, qu’elle prenne la forme d’un soleil, d’un sac, d’un téléphone, d’une cravate, d’un costume (c’est anglais !!), délire assumé et appréciable.

Mais les couleurs vives sont au service d’une nature omniprésente. Des couchés de soleil, des levers de soleil, des orages, des champs, on voit défiler de nombreux paysages d’une Angleterre grise et pourtant colorée. On notera également que chaque épisode contient une rapide scène où le réalisateur nous offre quelques secondes de nuages.   

Volontairement sanglante, assurément dérangée, délibérément tranchante, il ne fait aucun doute qu’Utopia est anglaise. On y retrouve toute l’extravagance et la loufoquerie proprement anglo-saxonne, faite d’humour noir et subtil, de vêtements insolites, d’accents excentriques, et d’un tout immodéré. Son scénario est également complétement barré, mais pourtant si profondément ancré dans notre réalité. Traitant d’un sujet brûlant, la surpopulation future de la terre, la série nous embarque dans une histoire alambiquée au raffinement convenablement anglais.

Utopia, c’est vraiment une histoire de famille. C’est une douzaine de personnages qui se croisent et s’entrecroisent pendant 2x6 épisodes de 50 minutes. Embarqués dans des événements convergents qui les dépassent, on va apprendre à connaître chaque personnage, assistant au développement pénétrant et adroit de leur personnalité. Chacun d’entre eux est travaillé avec finesse, entre traits de personnalité justes et marqués et accessoires saugrenus. A tel point, que chaque spectateur pourra trouver un favori différent de son voisin (dans la limite de quelques personnes). A ce titre, les acteurs font un travail remarquable, affublant leur personnage d’une pointe d’accent (si naturelle) et de mimiques bien venues. Tout est travaillé dans Utopia, jusqu’aux personnages secondaires de grande qualité.

Il m’est difficile de parler plus longuement de cette série sans entrée dans les spoilers, ce que je ne voudrais pas vous infliger pour une série d’une telle qualité. Je peux seulement ajouter que la seconde saison s’ouvre sur un épisode magnifique, complètement différent de la première saison, avant de reprendre le format qui lui est propre. C’est encore un pari remporté par la série. Je ne peux que vous conseiller vivement de regarder cette série dont la qualité scénaristique et cinématographique est fondamentalement au-dessus de la moyenne. Vive les Anglais !!

#WhereisJessicaHyde
#Whyareyoutellingmethat?
#He’sgonnagofatman  
#Soallofthisisracist?
   
5/5

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