On évoque souvent True Detective
pour louer la qualité cinématographique d’une série. Mais Utopia, moins
médiatisée, fait également figure d’exemple dans cette catégorie restreinte de
séries élitistes. Utopia a le scénario intelligent, la photographie somptueuse
et le casting impeccable nécessaire à l’éligibilité dans ce cercle fermé de
série dites du grand écran.
Utopia eût très pu être l’œuvre d’un
Wes Anderson sous l’emprise d’amphets. Ces beaux plans, larges et symétriques,
qui peuplent allégrement la filmographie de l’américain, se retrouvent partout
dans la série anglaise. A l’exception prête qu’on ne retrouve pas la palette
pastelle et désaturée si propre à Wes Anderson, mais bien l’excentricité, la
saturation et les couleurs flashy d’un brit-pop survivante et lancinante. Du
rouge, du magenta, du bleu électrique, toutes les couleurs criardes sont mélangées
dans des plans à la symétrie millimétrée qui n’ont d’égal que leur beauté. Cependant
on ne peut pas parler d’Utopia sans évoquer le Jaune. Couleur reine et maitresse
de la série. Partout où vous regarderez, des nuances infimes de jaune
exciteront vos pupilles. Chaque plan est éclairé de sa variation de jaune, qu’elle
prenne la forme d’un soleil, d’un sac, d’un téléphone, d’une cravate, d’un
costume (c’est anglais !!), délire assumé et appréciable.
Mais les couleurs vives sont au
service d’une nature omniprésente. Des couchés de soleil, des levers de soleil,
des orages, des champs, on voit défiler de nombreux paysages d’une Angleterre
grise et pourtant colorée. On notera également que chaque épisode contient une
rapide scène où le réalisateur nous offre quelques secondes de nuages.
Volontairement sanglante, assurément
dérangée, délibérément tranchante, il ne fait aucun doute qu’Utopia est
anglaise. On y retrouve toute l’extravagance et la loufoquerie proprement
anglo-saxonne, faite d’humour noir et subtil, de vêtements insolites, d’accents
excentriques, et d’un tout immodéré. Son scénario est également complétement
barré, mais pourtant si profondément ancré dans notre réalité. Traitant d’un
sujet brûlant, la surpopulation future de la terre, la série nous embarque dans
une histoire alambiquée au raffinement convenablement anglais.
Utopia, c’est vraiment une
histoire de famille. C’est une douzaine de personnages qui se croisent et s’entrecroisent
pendant 2x6 épisodes de 50 minutes. Embarqués dans des événements convergents
qui les dépassent, on va apprendre à connaître chaque personnage, assistant au
développement pénétrant et adroit de leur personnalité. Chacun d’entre eux est
travaillé avec finesse, entre traits de personnalité justes et marqués et accessoires
saugrenus. A tel point, que chaque spectateur pourra trouver un favori
différent de son voisin (dans la limite de quelques personnes). A ce titre, les
acteurs font un travail remarquable, affublant leur personnage d’une pointe d’accent
(si naturelle) et de mimiques bien venues. Tout est travaillé dans Utopia,
jusqu’aux personnages secondaires de grande qualité.
Il m’est difficile de parler plus
longuement de cette série sans entrée dans les spoilers, ce que je ne voudrais
pas vous infliger pour une série d’une telle qualité. Je peux seulement ajouter
que la seconde saison s’ouvre sur un épisode magnifique, complètement différent
de la première saison, avant de reprendre le format qui lui est propre. C’est
encore un pari remporté par la série. Je ne peux que vous conseiller vivement
de regarder cette série dont la qualité scénaristique et cinématographique est
fondamentalement au-dessus de la moyenne. Vive les Anglais !!
#WhereisJessicaHyde
#Whyareyoutellingmethat?
#He’sgonnagofatman
#Soallofthisisracist?
5/5
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