lundi 13 juin 2016

Dragons 1 & 2



 
















Je plains les adultes qui pensent que les films d’animation sont destinés aux enfants. Il faut être profondément stupide pour avoir un tel raisonnement surtout quand on voit le succès de chaque nouveau Pixar, dont l’ingéniosité et l’inventivité des long-métrages n’ont d’égal que leur sensibilité et leur émotivité. Et c’est sans parler d’Hayao Miyazaki et des studios Ghibli dont certains films font partie des plus belles œuvres cinématographiques de ce monde, et ce n’est pas une opinion personnelle comme en témoigne les notes spectaculaires du Voyage de Chihiro, de Princesse Mononoké et du Château dans le ciel sur Allociné, tant presse que sectateurs.

Je suis personnellement un grand fan de films d’animation et ce n’est pas pour rien que Princesse Mononoké est encore à ce jour mon long-métrage préféré. Film auquel je voue un véritable culte ! C’est mon amour de l’animation qui me pousse à venir vous parler ici de Dragons, la nouvelle saga des studios Dreamworks. Dreamworks n’a pas le génie de Pixar où la notoriété de Disney (qui sont maintenant une seule et même entité) mais a tout de même su nous donner quelques satisfactions avec entre autres Chicken Run, Shrek, Madagascar (le 1er), Les Croods ou encore Kung Fu Panda. Et contrairement à Disney qui gère très mal les suites (Mulan, Pocahontas, Aladin, Roi Lion, Livre de la jungle…), Pixar qui les gère avec plus (Toy Story) ou moins (Cars) de réussite, Dreamworks s’en sort plutôt bien comme en témoigne Shrek 2 qui est à mes yeux supérieur à l’orignal, Kung Fu Panda 2 & 3 qui sont à la hauteur de leur prédécesseur et bien sûr Dragons 2 qui est mille fois supérieur au premier.    

Car oui, la réussite magistrale de cette nouvelle saga Dreamworks, qui a débuté en 2010 avec Dragons, est de nous avoir pondu un second opus qui vient approfondir et sublimer toutes les qualités du premier. Avant de parler du second volet, attardons nous sur le premier. Ce dernier est esthétiquement efficace mais simple et nous plonge dans un univers quelque peu médiéval, fantastique, proche d'un vieux conte, avec une ambiance à l'humour direct et parfois un tantinet grinçant et un climat tout aussi hilarant que sombre. Il nous raconte l’histoire d’un village vikings en guerre contre des dragons depuis des siècles jusqu’au jour où, Harold, fils du chef viking, va se lier d’amitié avec un dragon, Crocmou, et apprendre à le (les) apprivoiser. Crocmou est tout simplement l'une des meilleures créations animales portées à l’écran. Il est capable de camper l’animal de compagnie faisant littéralement fondre son spectateur dans un immense "J'LE VEUUUUX !!!!", comme de devenir le dragon trop classe qu'on craint et respecte. Il est l'incarnation de l'ami imaginaire parfait, l'ange gardien rêvé, silencieux et bourru, grincheux et reconnaissant, protecteur et bienveillant, beau et puissant. Si les thèmes du film n’ont rien de très originaux, l’amitié qui va naitre entre Harold et Crocmou est l’une des plus belles que le cinéma d’animation (et le cinéma tout court) ait pu nous concocter depuis bien longtemps. Gamin rejeté et animal traqué vont s'embarquer main dans la patte sur le chemin initiatique de la reconstruction personnelle, construisant petit à petit une interdépendance qui n'est pas tant physique que spirituelle.

C'est techniquement un cran en dessous d'une production Pixar bien entendu. C'est une différence de moyens investis. On le sent s'y on s'y attarde. Mais on s’en tape un peu car c’est franchement beau. Le film est d'une simplicité esthétique implacable, enlaçant ses scènes de complicité entre l'homme et la bête dans une imagerie d'une beauté sidérante. Ces images nous transportent réellement, et l'espace d'un instant, on vole aussi sur le dos d'un dragon d''un noir d'encre sur un coucher de soleil aux tons pastel émerveillant, la BO absolument magistrale de John Powell dans les oreilles.

En animation comme en comédie, les suites n’ont pas la vie facile. Bien souvent, les créateurs reprennent leurs personnages à l’identique et leur donnent une nouvelle aventure en réutilisant les mêmes ressorts humoristiques. Si ça peut fonctionner sur une voire (grand max) 2 suites, le mécanisme s’épuise très rapidement #AgeDeGlace. Dans ce second volet de la saga Dragons, Dean Deblois fait le choix, très avisé, de réaliser une ellipse de 5 ans. Ainsi, Harold passe de l’adolescent au jeune adulte et l’on assiste alors à un vrai développement de personnage, chose trop souvent négligé dans les films d’animation. Mais le film ne fait pas qu’approfondir la psychologie des personnages, il explore aussi le monde merveilleux que l’on nous avait introduit dans le premier opus. On va donc partir à la découverte de nouvelles terres en compagnie d’Harold et de Crocmou, de nouveaux dragons (toujours plus beaux et inventifs), de nouveaux peuples…

Si le scénario n’est pas vraiment plus original que le premier opus (quoi que les deux restent très respectables), il a cependant des enjeux et une noirceur plus prononcés. Il ne fait donc aucun doute que Dragons 2 plaira aux enfants comme aux adultes. Il y a cette fois un vrai méchant, charismatique et nuancé. John Powell est reconduit pour la BO et il nous gratifie d’une très belle musique. Enfin la qualité des graphismes et des textures est époustouflante et c’est bien amélioré par rapport au premier volet. L'animation folle de créativité, est toujours au service de l'excitation du spectateur ravi et est d'un humour visuel gourmand.

[SPOILERS sur Dragons 2]. Le film m’a par moment fait pensé au Roi Lion, qui au passage mon Disney préféré. En effet, le père d’Harold meurt sous ses yeux et ce dernier essaye de le réveiller un peu à la manière de Simba. Ensuite, sa mère lui dit « N’oublie pas qui tu es » alors qu’en fond on voit un halo de lumière. Puis plein d’autres petites choses comme la cicatrice à l’œil du méchant à l’instar de Scar, où la vieille du village qui a vraiment des airs de Rafiki et qui, comble de la ressemblance, dessine avec ses doigts sur le front d’Harold avec une mixture étrange. On pense aussi un peu à Princesse Mononoké au moment des retrouvailles entre Harold et sa mère, tant dans les visuels (le masque de la mer) que dans la symbolique (l’esprit de la forêt incarné par l’alpha).

Dragons est une superbe saga d’animation, qui a d’ailleurs donné naissance à une mini-série de 4 épisodes il me semble, et qui engendra un troisième volet en 2018. Dragons 2 est quant à lui un chef d’œuvre du cinéma d’animation, il vient se placer dans mes favoris aux côtés des Miyazaki et des tous meilleurs Disney.  

Dragons 4/5

Dragons 2 : 5/5

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