The Night Manager

The Night Manager est une série d’espionnage américano-britannique composée de 6 épisodes d’1h et adaptée d’un roman de John Le Carré. Elle est réalisée par Susanne Bier (Revenge) avec en tête d’affiche Tom Hiddleston (Loki dans Thor et Avengers) et Hugh Laurie (Dr House). Tom Hiddleston y incarne un espion dont le rôle est d’infiltrer l’entourage d’un important trafiquant d’armes, interprété par Hugh Laurie, afin d’empêcher une transaction de grande envergure.  

Autant le dire d’emblée, la série est une réussite. Le charme opère dès l’épisode pilote qui installe admirablement bien le style et l’ambiance de la série. On sent alors l’accent mis sur les personnages et leurs interactions plus que sur l’action en elle-même. On comprend que le rythme sera relativement lent mais que la tension sera bien au rendez-vous. Et c’est le cas ! Les scènes d’action se font très rares voire presque inexistantes, la psychologie des personnages est travaillée avec soin et la tension, sans atteindre des sommets à la 24h chrono, reste palpable et bien présente tout du long. Sa réussite la série la doit en grande partie à sa réalisatrice Susanne Bier qui chapote le tout d’une main de maître. Comme de plus en plus de séries (The Affair, Topof the Lake, True Detective), The Night Manager a vraie qualité cinématographique. Nous baladant de l’Egypte à la Suisse, de l’Espagne à la Syrie, en passant par l’Angleterre, la réalisatrice danoise nous offre des plans splendides.  La réalisation est très soignée et il se dégage de chaque scène, surtout dans les premiers épisodes, une certaine froideur mêlée de mélancolie, une sorte de malaise ambiant, de menace impénétrable, on se sent immédiatement plongé à l'intérieur. Susanne Bier filme merveilleusement bien les regards et les visages donnant de la profondeur à ses personnages.

Avec The Night Manager, la danoise n’a d’ailleurs pas laissé indifférent le monde du cinéma puisqu’il se murmure qu’elle serait en tête de liste pour réaliser le prochain James Bond étant donné que Sam Mendes n’a pas rempilé pour un troisième opus. Avec la qualité impeccable et indéniable de cette série, on ne peut qu’encourager cette initiative qui en plus viendrait combattre le cruel manque de femmes réalisatrices à Hollywood. Le fait est qu’elle serait la première à réaliser un 007. Si cela venait à se concrétiser, il y aurait fort à penser que Tom Hiddleston endosserait le costume de l’espion britannique car Susanne Bier ne tarit pas d’éloge sur l’acteur anglais : « énigmatique, lumineux, drôle, élégant, charmant ». Les bookmakers britanniques placent d’ailleurs la côte d’Hiddleston à 2 contre 1, devant Aiden Turner 3 contre 1, Tom Hardy 4 contre 1 et Idris Elba 9 contre 1.

Et il n’y aurait rien de choquant à voir Tom Hiddleston dans la saga 007 tellement ce dernier perce l’écran. Il incarne avec beaucoup de classe et de sang-froid ce personnage qui ne doute jamais de ses convictions, et dont la sensibilité palpable devient une force qui ne failli jamais. Olivia Colman est toujours convaincante en personne loyale et dévouée mais rien n'est plus plaisant que de la voir sourire de satisfaction face aux avancés de son protégé. Hugh Laurie ferait presque pâle figure face à de tels acteurs et pourtant, il incarne parfaitement cet homme intraitable, sûr de lui et monstrueux. Tout le reste du casting est aussi bon, de Tom Hollander à Douglas Hodge, en passant par David Harewood. Les anglais ont plus de gueule et de charme que les ricains il faut se le dire !

Bon l’histoire est parfois un peu prévisible mais le scénariste David Farr n’y est pour rien étant donné que c’est une adaptation du roman éponyme de John Le Carré. La prévisibilité est de toute manière effacée par le casting et la réal impeccable et elle ne constitue en rien un frein pour apprécier la série. Si on n’est pas pleinement surpris par certains rebondissements, on reste quand même dans une certaine expectative jouissive.    

Moi qui ne suit pas un grand fan d’espionnage, j’ai été conquis !