mardi 24 janvier 2017

Rushmore

















Quand on parle du talentueux et excentrique réalisateur américain Wes Anderson, on ne mentionne que trop peu son second long-métrage, Rushmore. Pourtant, Rushmore est chef d’œuvre, un bijou qui annonçait les prémices d’une brillante carrière. Si sa collaboration artistique florissante avec Owen Wilson avait démarré 2 ans plus tôt sur le scénario de son premier long-métrage Bottle Rocket, Rushmore a fait office de point de départ de deux autres collaborations devenues désormais incontournables dans la filmographie d’Anderson, celle avec Jason Schwartzman (alors âgé de 17 ans) et Bill Murray.

Dans son second film, Wes Anderson maîtrise déjà l’esthétique parfait, le bon goût ultime, qui caractérisera sa patte cinématographique. Mais sa loufoquerie organisée, si délectable, n’est pas encore poussée à ses extrêmes comme dans The Grand Budapest Hotel ou Moonrise Kingdom. Rushmore nous présente le personnage de Max Fischer, un élève de 15 ans dans une prestigieuse école privée, qui ne trouve pas vraiment sa place et qui cherche à se définir parce ce qu’il fait plus que ce qu’il est. Il crée donc toutes sortes de clubs et associations et fleurit dans la vie extra-scolaire du lycée. En parallèle, il se lie d’amitié avec un parent d’élève, directeur d’entreprise et proche de la soixantaine, ainsi qu’avec une proche d’art plastique d’une trentaine d’années de laquelle il tombera amoureux. Le film parvient donc à maintenir un côté très identifiable et intelligible tout en apportant la loufoquerie nécessaire à la prospérité du cinéma d’Anderson, avec notamment la différence d’âges entre les différents protagonistes. Au-delà d’une cinématographie travaillée (mais on en attend pas moins de lui), c’est surtout le scénario, co-écrit avec Owen Wilson, qui fait mouche. Ce dernier est si bien écrit qu’il maintient l’équilibre entre réalité et excentricité qu’entraine le décalage entre l’âge des personnages et leurs comportements.

Le casting est égaiement parfait. Le jeune Jason Schwartzman perce l’écran et on comprend alors mieux ses multiples collaborations avec Wes Anderson par la suite. A seulement 17 ans, il délivre une performance d’adulte, littéralement, puisque du haut de ses 15 ans, son personnage se prend pour un homme, responsable et accompli. C’est un peu une sorte de Ferris Bueller si ce dernier mettait son intelligence sournoise au profit de desseins plus nobles et plus mâtures. J’adore cet acteur et je comprends tout à fait la relation qui le lie à Wes Anderson, puisqu’il dégage une excentricité, une singularité, toute naturelle. Je vous conseille d’ailleurs vivement la série HBO Bored to Death dont il interprète le personnage principal. Et puis que dire de Bill Murray… C’est un acteur de génie, et il est, comme dans tous les films sous la direction de Wes Anderson, remarquable. Comme à son habitude, il joue à la perfection le rôle de l’homme taciturne, celui qui ne parle pas trop mais qui délivre ce qu’il a à dire par l’expression de son visage et de son corps.

Réunissant le quatuor magique Anderson/Murray/Schwartzman/Wilson, Rushmore est un bijou ! A voir absolument si on aime le cinéma d’Anderson,  pour ceux qui sont moins fan, c’est peut-être une bonne porte d’entrée.  

5/5

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