jeudi 4 février 2016

Curb Your Enthusiasm / Louie



Une sitcom, littéralement, est fondée sur le comique de situation. Elle met en scène des moments de vie, souvent entre amis, auxquels nous pouvons, dans une certaine mesure, nous identifier. En somme, elle tente bien souvent de dépeindre une réalité la plus fidèle possible. La sitcom a connu sa première heure de gloire dans les années 90 avec la série Seinfeld (macritique ici). Créée par Jerry Seinfeld et Larry David, la série se vend comme étant « The fisrt show about nothing », soit un enchainement de situations de vie quelconques, emmené par un acteur principal, Jerry Seinfeld, qui joue une légère variation de lui-même.

A l’heure d’aujourd’hui, la série est encore reconnue comme étant l’une des meilleures sitcoms de l’histoire. Sa renommée, elle l’a obtenue en exposant des situations rocambolesques et grotesques du quotidien, le tout à travers des personnages hautement cyniques et narcissiques. On sait d’ailleurs que la plupart des situations grotesques dans lesquelles se fourre le personnage de George Costanza sont directement tirées de la vie de son scénariste, Larry David. Bref, la série a connu un grand succès en retraçant la vie de personnes lambda, avec leurs idées, leurs émotions et surtout leurs défauts. C’est donc une certaine sincérité que l’on vient chercher dans une sitcom.

Seinfeld était (et est toujours) génial car on se sentait vraiment dans la vie de Jerry Seinfeld, ce dernier jouant une légère caricature de lui-même. La sincérité était donc de mise même si la série respectait beaucoup de codes qui en faisaient un objet télévisuel bien carré. Mais il existe un marché de niche dans l’univers des séries qui permet de retrouver cette immersion dans la vie réelle, cette sincérité tant recherchée. Ce dernier est celui des sitcoms inspirées de la vie d’une personne vivante. Dans cette catégorie, deux sitcoms excellent : Curb Your Enthusiasm et Louie.    


Curb Your Enthusiasm  


















Curb Your Enthusiasm est une série sur la vie de Larry David, co-créateur de Seinfeld (ce n’est pas une coïncidence). Larry, qui se joue lui-même dois-je le préciser, est dépeint comme un sexagénaire candide, cynique et névrosé qui exècre les conventions sociales. Comme Jerry dans Seinfeld, il passe le plus clair de son temps à remarquer des détails absurdes du quotidien, et une fois qu'il les a en tête, il est incapable de s'en désintéresser. Imaginez-vous un enfant de 10 ans riche et capricieux, et vous aurez une image plutôt réaliste du monsieur.

Ce qui surprend tout de suite, c'est la voix et la façon de parler de Larry : on a l'impression d'entendre un alter ego de Jerry Seinfeld. Si vous rajoutez à cela ses différentes mésaventures qui rappellent celles de George Costanza (personnage de Seinfeld), vous obtenez ce qui peut en réalité être considéré comme un spin-off de Seinfeld. Les acteurs de Seinfeld sont d’ailleurs présents dans plusieurs épisodes de la série jusqu’à aboutir à un épisode hommage à la fin de la saison 7.   

Si Seinfeld respectait les codes de la sitcom américaine (unité de lieux…), Curb Your Enthusiasm ressemble plus à un documentaire filmé avec une pauvre caméra DV, où le héros serait un Larry David légèrement désinhibé. Probablement traumatisé par ses 7 années à pondre des scénarios et des lignes de dialogues à un rythme effréné, Larry David a désormais choisi l'improvisation : les acteurs n'ont pas de textes, mais juste une trame globale de la scène qu'ils vont devoir enregistrer. Les conversations sonnent donc plus vrai, et elles sont moins formatées que ce qu'on peut voir d'habitude à la télé. Il y a parfois quelques longueurs, mais quand la sauce prend, le résultat est autrement plus gratifiant que si les acteurs s'étaient contentés de réciter leurs textes.

Les épisodes sont brillamment construits : il y a souvent plusieurs histoires qui se déroulent en parallèle, et elles finissent inlassablement par se rejoindre, au détriment du pauvre Larry. Au final, je ne peux que vous conseiller de regarder cette comédie. Très atypique dans sa forme, elle risque de vous surprendre lors des premiers épisodes, et pas forcément en bien. Vous trouverez probablement que c'est mal filmé, qu'il y a trop de bavardages inutiles, et que le quotidien de Larry n'est pas passionnant. Mais si vous vous accrochez et que vous vous habituez à ce nouveau type de sitcom, la récompense n'en sera que plus grande : Curb Your Enthusiasm nous permet de retrouver tout l'imaginaire farfelu et le génie comique de Larry David dans une comédie qui ne prend pas ses téléspectateurs pour des idiots.

4/5


Louie
















Louie est une série qui met en scène la vie, romancée, de l’humoriste de stand-up américain, Louie C.K. Comme Seinfeld, chaque épisode (ou presque) s’ouvre sur un numéro de stand-up avant de suivre Louie dans sa vie quotidienne.  Louis C.K, 41 ans, divorcé, 2 filles, gros, roux, dégarni, nous raconte ses déboires avec une sincérité et une sensibilité remarquable. La série se rapproche donc un peu de Seinfeld ou de Curb Your Enthusiasm, mais en beaucoup plus authentique, plus crédible, plus acerbe et plus âpre. Comme la vie quoi. 

A travers cette série, Louie peint un autoportrait peu flatteur de lui-même (je bouffe des glaces au pieu, je suis une grosse loque, je me masturbe beaucoup, je suis pas bon amant...) mais qui vend en réalité l'idée du brave type qui fait du mieux qu'il peut pour élever ses filles en ramener d'autres (plus âgées) dans son lit. Sous la vulgarité pouvant frôler des sommets (Louie a une affection toute particulière pour les blagues sur la pédophilie, le racisme et la maladie), se cache une critique du politiquement correct propre à notre époque et à toute l'hypocrisie qui en découle. Louie fait rire (jaune) mais fait également réfléchir, tout comme un Larry David, qui risque d'ailleurs de devoir lui faire une place dans son club très fermé des génies comiques qui n'ont plus rien à prouver.

Evidemment, les tranches de vie sont scénarisées mais on sent l'inspiration du quotidien. Et comme le quotidien, c'est un peu inégal. Sur les 13 épisodes de la première saison, il y a donc quelques passages à vide et l'épisode pilote n'est certainement pas le meilleur d'entre eux. Ca n'en reste pas moins au global un gros coup de cœur. Une série à dialogues, portée par et pour le texte, si drôle, cynique et douce-amère : ça ne se rate pas.

 4/5

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