Ayant été éloigné des salles
obscures durant les 6 derniers mois de 2015 en raison d’un semestre
universitaire passé à Oslo, j’ai manqué beaucoup de sorties ciné et voici l’un
de mes rattrapages de l’année 2015, Sicario, réalisé par Denis Villeneuve. Denis
Villeneuve est un réalisateur que je suis avec attention depuis plusieurs
années. Je possède dans ma collection de DVD ses films Incendies et Prisoners
que je n’ai toujours pas vu mais qu’il me tarde maintenant de découvrir. Il me
tarde de les voir car Sicario est une merveille de cinéma.
Sicario nous raconte l’histoire d’un
groupe d’intervention d’élite dans la lutte contre le trafic de drogues à la
frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. On suit les événements à travers
les yeux de Kate, une jeune recrue du FBI qui se retrouve enrôlée dans une mission
aux enjeux qui la dépasse et à la morale douteuse qu’elle condamne. Ce film est
une leçon de cinéma. La cinématographie du film est époustouflante avec des
cadrages pensés au millimètre près et des images d’une beauté bouleversante. Le
réalisateur canadien n’innove pas vraiment mais il fait dans le chirurgical, et
les plans ordinaires (des vues aériennes) semblent dans les mains de Denis
Villeneuve des procédés révolutionnaires. Les scènes de nuit sont également
grandioses et on a vraiment l’impression d’être plongé dans les ténèbres avec
les personnages. Nominé aux côtés de The
Hateful Eight et The Revenant
pour l’Oscar de « Best Cinematography », Sicario mériterait la
statuette même si la concurrence est très rude dans cette catégorie cette
année.
Certains critiqueront le film
pour son manque d’originalité, la banalité de son scénario, et l’absence de
message. Ces mêmes détracteurs diront que c’est une coquille vide qui ne
raconte pas grand-chose. Oui c’est vrai, le film ne brille pas par la
singularité de son histoire, mais le vrai tour de force de Sicario est
justement de prendre un sujet plutôt commun et d’en faire un polar oppressant,
au suspense haletant. Grâce la musique de Jóhann Jóhannsson, sourde, grave et impulsive, on se
sent emmener comme en plein cauchemar dans un film à la noirceur proche d’un
Seven. Denis Villeneuve prend également le parti de ne pas montrer les scènes
de violence (torture, tueries…) ce qui contribue à développer l’imagination du
spectateur et d’imposer cette atmosphère angoissante. Enfin, pour finir, les
acteurs sont dirigés d’une main de maître. Benicio Del Toro retrouve les sommets
avec une interprétation renversante d’un mercenaire de l’ombre, impénétrable et
mystérieux. Emily Blunt continue de prouver qu’elle est une grande actrice à la
palette d’émotions diverses. Elle parvient à nous faire ressentir ce qu’elle
ressent.
Ce film
aurait pu être à bien des égards un film de routine mais dans les mains de Denis
Villeneuve il devient une véritable leçon de cinéma, une œuvre incroyablement
belle, angoissante et enivrante. Si jamais dû faire un top 2015, Sicario aurait
fatalement accédé aux premières places.
4.5/5
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