dimanche 6 novembre 2016

Black Mirror














A l’image de The Twilight Zone, Black Mirror est une anthologie d’épisodes d’environ 1h se déroulant dans un futur plus ou moins proche. Ainsi, les épisodes sont indépendants les uns des autres, mais ont tous un thème en commun, les potentielles dérives de notre société suscitées par les nouvelles technologies. Très sombre, la série pourrait même être qualifiée de dystopie tant elle dépeint (dans la grande majorité des épisodes) un monde cruel, troublant, inquiétant et presque inhumain. Son créateur et scénariste, Charlie Brooker, explique dans un entretien que si la plupart des séries sont faites pour rassurer, charmer et galvaniser le spectateur, lui a décidé de créer une série cherchant à déstabiliser, perturber, et disons le carrément, mettre mal à l’aise le spectateur. Il décrit lui-même la série comme « a box of dark chocolate ». Comprenez par-là, pour reprendre l’image de Forrest Gump, que vous ne saurez jamais à quoi vous attendre, mais vous pouvez être sûr d’une chose, ce sera toujours noir. Animé par l’inquiétude, la crainte et l’angoisse, Charlie Brooker part d’une utilisation bien réelle des nouvelles technologies, l’enrichie en la transposant dans un futur proche, et crée à partir de là un scénario catastrophe (« a worst case scenario » pour reprendre ses termes). Et il est parfois déroutant de voir à quel point son imagination rattrape la réalité. La série s’attaque notamment à notre soif de divertissement, à la télé réalité, aux réseaux sociaux, à l’intelligence artificielle et d’autres « mind fuck » qu’il serait trop compliqué d’expliquer ici.

Black Mirror est une série anglaise de 3 saisons, les deux premières saisons comportent 3 épisodes chacune et ont été diffusé entre 2011 et 2013 sur la chaîne britannique Channel 4. Les droits de la série ont ensuite été rachetés par Netflix qui vient de sortir (21 octobre 2016) une troisième saison, cette fois composée de 6 épisodes. Comme chaque épisode est réalisé par un réalisateur différent, et comme ils n’ont pas d’intrigues communes à respecter, on ressent réellement la disparité dans les choix visuels et artistiques. On se retrouve finalement face à un ensemble de mini-films et c’est très plaisant car tous sont réalisés avec qualité et distinction. Concernant le casting, il n’y a également rien à reprocher. Tous les choix sont impeccables et la série a notamment contribué à lancer la carrière de certains acteurs comme Domhnall Gleeson dont l’apparition dans l’épisode 1 de la saison 2 a été très remarquée. Enfin, chaque épisode raconte une histoire véritablement originale qui comporte presque toujours un twist purement délectable.

En résumé, Black Mirror c’est plus que de la télévision, c’est presque du cinéma tant l’originalité des histoires et la qualité cinématographique (surtout dans la saison 3) sont au-dessus de la mêlée. Finalement, le seul défaut de la série est le trop peu d’épisodes pas saison. Mais on peut se rassurer car il semblerait que Netflix ne s’arrête pas à cette 3ème saison.

PS : En 2014, Black Mirror a sorti un épisode « spécial Noël » de 1h12, comme les anglais aiment les faire (Sherlock étant également passé par là). Ce dernier est un pur bijou avec tous les ingrédients cités ci-dessus. On retrouve un casting extraordinaire avec par ailleurs l’excellent Jon Hamm (Mad Men et A young doctor’s notebook), une histoire sophistiquée et singulière, et un twist de fin plutôt bien amené (même si légèrement prévisible).

A consommer sans modération, ou avec si vous êtes naturellement d’humeur dépressive.  

5/5


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