lundi 9 février 2015

Jupiter : le destin de l'univers (Jupiter Ascending)


Je refuse le snobisme cinématographique qui consiste à dire qu’Interstellar est une merveille de maitrise et d’intelligence et que Jupiter Ascending est un nanar à gros budget et à faibles intentions. Je suis de ceux qui pensent que tout cinéma peut être apprécié si tant est que l’on sache très bien ce que l’on vient chercher en prenant place dans une salle noire. Si on vient chercher un film d’auteur saoudien on sera ravi par un Wadjda, si on vient chercher une comédie américaine bien lourde et bien potache on sera ravi par un Neighbors, si on vient chercher un thriller maitrisé on sera ravi par un Fincher, et si on vient chercher un space-opera spectaculaire et flamboyant on sera ravi par un Jupiter Ascending.

Fatigué de voir des films plats (mais certes bons) comme A most violent year, j’avais envie d’un cinéma pop-corn explosif, d’un film de science-fiction à l’ambition démesurée, à la maitrise partielle, et à la cohérence secondaire. C’est dans cette optique que je me suis rendu au cinéma pour voir Jupiter Ascending et j’en suis sorti ravi, comblé même.

Jupiter Ascending ne se prend pas au sérieux et c’est là tout ce que je demande. Il est conscient de ses incohérences, conscient de la complexité de son univers, conscient de ces raccourcis scénaristiques, conscient d’être un blockbuster au budget de 175 millions de dollars, et il pousse cette connaissance de soi à l’extrême sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Si Nolan va chercher à maitriser parfaitement son sujet dans Interstellar, rendant par là même les incohérences scénaristiques d’autant plus irritantes, les Wachowski préfèrent ignorer la pseudo-maitrise d’un sujet qui ne peut pas vraiment l’être au profit d’un enthousiasme communicatif tout à fait délectable.  A ce titre, le spectateur ne devra pas chercher à comprendre comment on peut parcourir ce qui semble être des centaines de kilomètres avec des boots volantes en quelques secondes, il ne cherchera pas non plus à comprendre comment un vaisseau ou un être-humain peut éviter autant d’explosions et de tirs de missiles, et finalement il ne s’étonnera même pas de voir Mila Kunis porter des coudières quand elle apprend à surfer dans l’air à plusieurs centaines de mètres du sol (sachant que toute chute serait mortelle :p).

Personnellement, je n’ai pas vu le temps passer. J’irais même jusqu’à dire que je suis déçu que les Wachowski n’aient pas pris plus le temps de développer leur univers. Une trilogie, avec une mythologie encore plus étoffée, aurait été du meilleur effet. Car la surabondance de personnages, de détails et de noms n’est pas nuisible au récit mais aurait gagné à être étayé sur le long terme. De nos jours, la plupart des blockbusters sont des suites ou des remakes, alors je me réjouis que certains proposent des scénarios originaux, des fresques intergalactiques d’envergure, certes imparfaites et aux nombreux raccourcis, mais tout à fait réjouissantes.

Comme on pouvait déjà l’observer dans la trilogie Matrix, la force des Wachowski repose majoritairement sur l’action. Après le succès mitigé de Cloud Atlas, la fratrie revient donc sur son cœur de métier. On retrouve des combats spectaculaires et des courses poursuites parfaitement orchestrées. On en prend plein la gueule et ça fait beaucoup de bien. Les adeptes des Wachowski retrouveront également les thèmes récurrents de leur filmographie comme la critique du capitalisme à outrance qui mènerait inéluctablement à l’autodestruction de notre espèce. Enfin, comme dans Les gardiens de la galaxie ou Avengers, on pourra aussi profiter d’un peu d’humour toujours bien venu. Je pense notamment au passage sur l’administration intergalactique.

Ce film est à prendre un peu comme Avatar. Il faut faire fi des raccourcis grossiers du scénario, faire fi des simplicités aberrantes du récit, pour s’abandonner dans un univers incroyable, créé de toute pièce dans l’imaginaire de personnes à l’inventivité débordante.

3.5/5

1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec cette critique même si pour moi Jupiter Ascending se prend tout de même un peu au sérieux. Bien sur il n'y a pas d'autres choix que d'accepter les lois physiques, technologiques et spatiales mais les thèmes (identiques à ceux de Matrix) et le ton du film restent assez sérieux (malgré quelques pointes d'humour). Pour comparaison le film les Gardiens de la Galaxie joue lui à fond la carte du second degré et le pousse assez loin jusque dans son combat final.
    Pour moi Jupiter Ascending est un très bon divertissement et surtout une orgie visuelle mais les graphismes ne font pas tout non plus et même si l'univers est très riche, l'histoire en elle-même manque un peu d'originalité. Le duo Tatum/Kunis manque lui clairement de profondeur et ne permet pas à Jupiter Ascending d'en faire une oeuvre majeure du Space Opera.

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