En trois long-métrages seulement,
Neil Blomkamp a prouvé, avec plus ou
moins de succès #Elysium, qu’il maitrisait la discipline complexe de la science-fiction
intelligente. Duncan Jones,
réalisateur novice, s’est montré tout aussi brillant avec uniquement deux
long-métrages à son actif : Moon (2009) et Source Code (2011). Fils du
grand David Bowie, Duncan Jones a probablement bénéficié d’une
génétique avantageuse, car du génie, il en possède.
L’année 2009 était finalement une année cinématographique prodigieuse pour la science-fiction. Si Neil Blomkamp était entré par la grande porte avec son subversif et authentique District 9, Duncan Jones, quelque mois plus tard, fera un coming-out tout aussi fabuleux, avec son instinctif et claustrophobie Moon. Comme son homologue sud-africain, il bénéficie pour son second long-métrage d’une enveloppe plus volumineuse ce qui l’amène à réaliser un film plus aseptisé mais toujours aussi intelligent.
D’abord pressenti pour réaliser
le remake de Superman, Duncan Jones a
finalement laissé sa place à Zack Snyder.
Un choix que la Warner Bros peut regretter au vu du fiasco qu’était Man of
Steel. Cependant, le studio a su retrouver le droit chemin avec les prometteurs
Batman V Superman et Suicide Squad qui viendront prochainement alimenter l’univers
DC dont Man of Steel n’était qu’un mauvais raccourci. Quant à Duncan Jones, il s’est vu confier l’adaptation
du jeu vidéo Warcraft, qui sortira en 2016. Voici un challenge inhabituel, un
pari risqué certains diront…
Moon
Je résumerais très brièvement le
film ainsi : Sam, un employé d'une société qui a pour but de trouver sur
la Lune une quantité exploitable d'hélium 3, est envoyé sur cette dernière afin
de répondre à la crise énergétique. Vous en dire plus serait une erreur
tellement le film demande une défloraison totale pour un bonheur total.
Pour commencer, certains lieux
communs de la SF sont évités, et c'est avec soulagement que l'on fait la
connaissance d'un ordinateur - Gerty - qui cette fois ne se rebelle pas
malgré une intelligence si développée que l'on croirait la machine douée de
conscience. Gerty bénéficie de la voix monotone de Kevin Spacey, qui parvient
tant bien que mal à le rendre presque humain. Doté d'un budget somme toute
modeste, Jones parvient à créer un
univers crédible. Le réalisateur débutant emprunte une voie plus intimiste, en
retenue, et l'image se pare d'une photographie sobre et minimaliste. Moon constituerait
presque un moment de repos pour nos yeux, témoins d'une déferlante de
science-fiction et autres films de super héros modernes bourrés d'effets
superflus.
L'aspect contemplatif du film
tend à engendrer quelques longueurs, sans doute est-ce là ce qui trahit le
manque d'expérience de Duncan Jones
dans la gestion du rythme et de la narration. Heureusement, les acteurs font un
travail admirable. En effet, Sam Rockwell
porte le film avec un naturel et une justesse confondants. Dans Moon, il fait
le chaud et le froid. Pour le reste, Duncan Jones se fend d'un premier long
métrage prometteur. S’il devait y avoir un point négatif, ce serait sans aucun
doute cette fin expédiée, à la portée optimiste, et qui dénote totalement avec
tout ce à quoi le spectateur a assisté au préalable vis-à-vis du message
véhiculé, et du ton employé.
4/5
Source Code
Je ferais
pour ce film un synopsis minimal afin de ne pas gâcher le plaisir : un
type se réveille dans un train, ne sait pas du tout ce qu'il fait là... Et le
train explose. Puis il se réveille ailleurs. Je préfère m’arrêter là pour vous
laisser découvrir ce film d’anticipation rafraichissant. Et je vous conseille d’éviter
la bande annonce, qui, je crois, brise trop l’effet de surprise.
Comme pour Moon, le film est
visuellement magnifique. La réalisation de Duncan
Jones est soignée et très esthétique. La gestion des acteurs est également
maitrisée puisque Jake Gyllenhaal y
est sublimé. Dire que Jake Gyllenhaal
fait partie des meilleurs acteurs de sa génération est loin d’être une hérésie.
C’est un acteur passionnant qui parvient de façon admirable à transmettre de l’émotion
et à immerger complètement le spectateur dans son personnage.
A l’inverse
de Moon, le film est plus rythmé. Le début est très accrocheur avec une
introduction déroutante où le spectateur se met à réfléchir à toute vitesse
pour comprendre, en même temps que le personnage principal, ce qui lui arrive. Et,
bien que se déroulant dans des espaces confinés et peu nombreux (un train, une
capsule... et puis c'est à peu près tout) avec une absence totale de temps
morts, Source Code est aéré, il laisse le temps au spectateur de réfléchir à ce
qu'il voit, à ce scénario qui se dévoile continuellement.
Finalement, Source Code est un
second long-métrage de qualité, qui traite intelligemment d’un sujet de
science-fiction déjà posé. Cependant, comme Moon, il souffre un peu d'une fin
logique trop décalée par rapport à l'ambiance générale du film.
3.5/5
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