mercredi 5 août 2015

Duncan Jones


 


En trois long-métrages seulement, Neil Blomkamp a prouvé, avec plus ou moins de succès #Elysium, qu’il maitrisait la discipline complexe de la science-fiction intelligente. Duncan Jones, réalisateur novice, s’est montré tout aussi brillant avec uniquement deux long-métrages à son actif : Moon (2009) et Source Code (2011). Fils du grand David Bowie, Duncan Jones a probablement bénéficié d’une génétique avantageuse, car du génie, il en possède.

L’année 2009 était finalement une année cinématographique prodigieuse pour la science-fiction. Si Neil Blomkamp était entré par la grande porte avec son subversif et authentique District 9, Duncan Jones, quelque mois plus tard, fera un coming-out tout aussi fabuleux, avec son instinctif et claustrophobie Moon. Comme son homologue sud-africain, il bénéficie pour son second long-métrage d’une enveloppe plus volumineuse ce qui l’amène à réaliser un film plus aseptisé mais toujours aussi intelligent.  

D’abord pressenti pour réaliser le remake de Superman, Duncan Jones a finalement laissé sa place à Zack Snyder. Un choix que la Warner Bros peut regretter au vu du fiasco qu’était Man of Steel. Cependant, le studio a su retrouver le droit chemin avec les prometteurs Batman V Superman et Suicide Squad qui viendront prochainement alimenter l’univers DC dont Man of Steel n’était qu’un mauvais raccourci. Quant à Duncan Jones, il s’est vu confier l’adaptation du jeu vidéo Warcraft, qui sortira en 2016. Voici un challenge inhabituel, un pari risqué certains diront…



Moon 

[Moon Movie Poster]

Je résumerais très brièvement le film ainsi : Sam, un employé d'une société qui a pour but de trouver sur la Lune une quantité exploitable d'hélium 3, est envoyé sur cette dernière afin de répondre à la crise énergétique. Vous en dire plus serait une erreur tellement le film demande une défloraison totale pour un bonheur total.

Pour commencer, certains lieux communs de la SF sont évités, et c'est avec soulagement que l'on fait la connaissance d'un ordinateur - Gerty - qui cette fois ne se rebelle pas malgré une intelligence si développée que l'on croirait la machine douée de conscience. Gerty bénéficie de la voix monotone de Kevin Spacey, qui parvient tant bien que mal à le rendre presque humain. Doté d'un budget somme toute modeste, Jones parvient à créer un univers crédible. Le réalisateur débutant emprunte une voie plus intimiste, en retenue, et l'image se pare d'une photographie sobre et minimaliste. Moon constituerait presque un moment de repos pour nos yeux, témoins d'une déferlante de science-fiction et autres films de super héros modernes bourrés d'effets superflus.

L'aspect contemplatif du film tend à engendrer quelques longueurs, sans doute est-ce là ce qui trahit le manque d'expérience de Duncan Jones dans la gestion du rythme et de la narration. Heureusement, les acteurs font un travail admirable. En effet, Sam Rockwell porte le film avec un naturel et une justesse confondants. Dans Moon, il fait le chaud et le froid. Pour le reste, Duncan Jones se fend d'un premier long métrage prometteur. S’il devait y avoir un point négatif, ce serait sans aucun doute cette fin expédiée, à la portée optimiste, et qui dénote totalement avec tout ce à quoi le spectateur a assisté au préalable vis-à-vis du message véhiculé, et du ton employé. 

4/5



Source Code 


Je ferais pour ce film un synopsis minimal afin de ne pas gâcher le plaisir : un type se réveille dans un train, ne sait pas du tout ce qu'il fait là... Et le train explose. Puis il se réveille ailleurs. Je préfère m’arrêter là pour vous laisser découvrir ce film d’anticipation rafraichissant. Et je vous conseille d’éviter la bande annonce, qui, je crois, brise trop l’effet de surprise.

Comme pour Moon, le film est visuellement magnifique. La réalisation de Duncan Jones est soignée et très esthétique. La gestion des acteurs est également maitrisée puisque Jake Gyllenhaal y est sublimé. Dire que Jake Gyllenhaal fait partie des meilleurs acteurs de sa génération est loin d’être une hérésie. C’est un acteur passionnant qui parvient de façon admirable à transmettre de l’émotion et à immerger complètement le spectateur dans son personnage.  

A l’inverse de Moon, le film est plus rythmé. Le début est très accrocheur avec une introduction déroutante où le spectateur se met à réfléchir à toute vitesse pour comprendre, en même temps que le personnage principal, ce qui lui arrive. Et, bien que se déroulant dans des espaces confinés et peu nombreux (un train, une capsule... et puis c'est à peu près tout) avec une absence totale de temps morts, Source Code est aéré, il laisse le temps au spectateur de réfléchir à ce qu'il voit, à ce scénario qui se dévoile continuellement.

Finalement, Source Code est un second long-métrage de qualité, qui traite intelligemment d’un sujet de science-fiction déjà posé. Cependant, comme Moon, il souffre un peu d'une fin logique trop décalée par rapport à l'ambiance générale du film. 

3.5/5


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire