Bon, avant de commencer une critique périlleuse d’une série aussi belle que
passionnante, je tiens à vous donner quelques informations précieuses pour
mieux comprendre le tableau d’ensemble. Tout d’abord, Rome est une série
américano-britannico-italienne de 22 épisodes d’environ 50 minutes répartis en
2 saisons. Elle raconte l’histoire du déclin de la République romaine de la
Guerre des Gaules menée par César à l’avènement d’Auguste, premier empereur
romain. Pour son époque (diffusion en 2005), elle est de loin la série au
budget le plus élevé de l´histoire. En effet, sa première saison coûtera 100 millions
de dollars et la seconde 125. Ce budget est du à une reconstitution grandiose
qui s’est faite dans les studios italiens de Cinecittà. Des décors incroyables
qui seront d’ailleurs réutilisés par Alexandre Astier pour le sixième livre de
Kaamelott. A l'origine prévue pour comporter cinq saisons, la série
s'est arrêtée au bout de deux saisons en raison du coût trop élevé des épisodes.
Cette décision prise par HBO durant le
tournage de la saison 2 a ainsi poussé le
réalisateur Bruno Heller à intégrer les principaux éléments qui
étaient prévus pour les saisons 3 et 4 dans celle-ci, ce qui explique la façon
dont les événements s'accélèrent durant la deuxième partie de la saison 2.
Rentrons directement
dans le vif du sujet, Rome comporte de nombreux anachronismes et les
réalisateurs ont pris de grandes libertés avec la fidélité historique. En
effet, comme dans toute série historique destinée au grand public, le scénario
est romancé. Pour commencer, les deux personnages principaux, des soldats de l’armée
romaine, sont cités de façon anecdotique dans l’œuvre de Jules César, « commentaire
sur la guerre des Gaules ». Leurs aventures et leurs implications dans les
événements de l’époque sont purement fictives. Ensuite, la plus grande liberté
prise par les réalisateurs concerne la condensation historique puisque plus de
20 ans séparent le premier épisode de la saison 1 et le dernier de la 2. Il est
vrai que les ellipses sont monnaie
courante dans cette série, utilisées à toutes les sauces, elles rythment l’histoire.
Cependant, une ellipse au milieu de la deuxième saison m’a un peu gêné, lorsque
le personnage d’Octave change d’interprète pour des raisons d’âge. Un changement
d’acteur n’est jamais très apprécié. Malgré tout, les principaux faits et
personnages sont présents et le tout s’enchaine magistralement (donc on ferme
les yeux facilement).
Plus que la fidélité
historique, c’est vraiment la recherche de l’authenticité qui est au cœur de la
série. Les réalisateurs ont tenté de retranscrire de façon précise la vie
quotidienne et les mœurs de l’époque. Le but étant de montrer une Rome sale,
dangereuse et populeuse et de prendre ainsi le contre pied des péplums hollywoodiens.
C’est au travers de cette volonté de conformité à la vie quotidienne que l’on
se retrouve plongé dans la religion, le sexe et la violence. Beaucoup critiqueront
l’étalement gratuit de scénes quasi pornographiques et de barbarie, mais il est
important de se replacer dans le contexte historique et ainsi d’en comprendre
la cohérence. Personnellement, (à l’instar de Vikings) c’est la relation à la
religion polythéiste, avec tous ces rites, ces croyances, ces prières et ces sacrifices
qui m’a le plus marqué et que j’ai particulièrement apprécié. La place
importante accordée à l’honneur, la dignité et le dévouement au sein de la
société romaine m’a également interpellée. Le loyalisme du héros Lucius Vorenus
est remarquable et captivant. En somme, malgré quelques anachronismes, la série
est considérée par les spécialistes comme donnant une vision crédible et plutôt
fidèle de la réalité historique.
Plus qu’une série
historique, Rome est une série politique. Les chasseurs de batailles épiques
peuvent passer leur chemin car Rome en contient très peu. La grande bataille de
la première saison entre César et Pompée est totalement effacée et seulement quelques
secondes nous sont montrées. Rome traite avant tout du déclin de la République
Romaine. La lutte incessante pour le pouvoir et les magouilles politiques
représentent l’essence de la série et à vrai dire son véritable atout. Coups
bas, pots de vin et stratagèmes politiques cadencent l’histoire. Ce n’est pas le
sexe, ni la violence qui nous passionnent mais bien la montée au pouvoir de
César dans la première saison puis celui d’Auguste (Octavien) dans la seconde.
Comprendre comment César s’est proclamé dictateur à vie puis Auguste (son fils
adoptif) empereur, et comprendre comment ils ont anéanti la République Romaine,
voilà tout l’intérêt du show.
Bon je finirais cette
critique en saluant quelques autres très bons points de la série. Tout d’abord
cette dernière repose sur un casting parfait ! Les deux acteurs jouant les
personnages principaux sont incroyables et leurs complicité est plaisante.
Ciarán Hinds campe un César
de toute beauté mais la palme d’or revient à James Purefoy pour son
interprétation magistrale du général Marc Antoine. En arrogant hédoniste à la
franchise brutale, ce dernier joue à la perfection un personnage délectable.
Pour finir, notons que le générique de présentation est très bon et qu’il vient
se placer au côté de celui de Six Feet Under dans le top des meilleurs
générique de série.
Je vous conseille
vivement cette série à la reconstitution historique stupéfiante. Je n’ai pas
consacré de paragraphe pour parler des décors car sinon ma critique pourrait facilement
s’éterniser mais retenez juste que ces derniers sont à couper le souffle. Je
clôturai personnellement mon immersion dans la Rome antique par un voyage au cœur
de la capitale italienne courant octobre.
5/5
Un bijou du petit écran qui mérite effectivement la note maximale.
RépondreSupprimer