La télévision continue encore, et
plus que jamais, d’abrutir les masses populaires en les gavant de télé-réalité
et autres programmes sans fond, s’enfonçant dans une médiocrité alarmante.
Cette situation inquiétante, presque sinistre, est engendrée par des chaines de
télévisions qui semblent avoir oubliées l’existence du divertissement
intellectuel, du moins intelligent, préférant nous servir à la place des
programmes indigestes, toujours plus dégradant et hébétant.
Malgré ce constat accablant, nous
vivons paradoxalement l’âge d’or des séries. Les mini-séries, de 6 à 13
épisodes, souvent 10, se démultiplient, et la qualité presque cinématographique
de ces productions atteint de nouveaux sommets (True Detective, Top of the Lake, The Leftovers, Utopia, Fargo…).
Ces productions de qualité sont malheureusement diffusées, la plupart du temps,
sur des chaines câblées, donc payantes. Mais à l’heure du numérique, c’est
également la toile qui permet un choix de plus en plus colossal de séries en
tout genre. Le site internet Netflix, nouveau support à la mode, permet
notamment un visionnage en streaming de nombreuses productions
cinématographiques et télévisuelles, contre le modeste tarif de 10 euros par
mois. Netflix, qui s’est d’ailleurs lancée dans la production de séries
originales plutôt bien senties, il faut le dire. De son côté, HBO continue de
nous régaler et enchaine les pépites (au moins 5 par an) avec une maitrise démesurée.
Si la qualité des séries TV est considérablement à la hausse, on le doit
notamment à un nombre de plus en plus important de grands réalisateurs venant
s’essayer à la petite lucarne comme Spielberg avec Band of Brothers ou David Fincher avec House of Cards, pour ne citer qu’eux !
Pour le sérievore que je suis, l’année
2015 fut donc un très bon cru. Voici mon top 5 des meilleurs séries de l’année
passée :
1 - BLOODLINE
Outre ses séries de super-héros (Dardevil, Jessica Jones), Netflix a
frappé un grand coup en cette année 2015 avec la nouvelle production des frères
Kessler. Ces derniers confirmant ainsi leur talent indéniable que l’on avait
pressenti avec leur précédente série, Damages.
Bloodline est un thriller familial qui nous conte l’histoire de la
famille Rayburn, une famille bien sous tous rapports, du moins en apparence,
mais qui cache en réalité de nombreux secrets. La série commence avec le retour
au pays du frère ainé, un comeback qui va chamboulé les habitudes de la famille,
une famille
minée par le doute, la culpabilité et la honte ne pas être réellement ce
qu’elle prétend être.
Du générique esthétique aux couleurs
intenses, des cadrages à la mise en scène techniquement irréprochable, tout est
fait pour proposer une série qui frôle la perfection à chaque instant. On sent
une énorme ambition, celle du haut de gamme télévisuel. La série adopte un procédé
scénaristique bien connu, celui de nous montrer à chaque début d’épisodes la
dernière scène de la série, l’objectif étant de nous raconter comment on en est
arrivé là !
Après le Minnesota glacial de Fargo,
la Louisiane marécageuse de True
Detective, Bloodline nous
présente une Floride torride. Ça sent l'été rugueux, caniculaire,
l'insomnie, les longues nuits estivales, la sueur, l'obscurité et le silence. Un
univers visuel et sensoriel crépusculaire intéressant et joliment dépeint.
5/5
2 - MASTER OF NONE
Et oui, le TOP 2 de mon
classement est occupé par deux séries originales Netflix. Master of none est une série créée (écrite et réalisée) par Aziz
Ansari, un humoriste de stand-up américain, d’origine indienne. Elle se déroule
à New York et suit la vie personnelle et professionnelle de Dev, acteur de 30
ans qui a du mal à savoir ce qu'il veut faire dans la vie.
Quasi autobiographique, la série
sonne juste et les réactions semblent réelles. Nous ne sommes pas dans une de ces
séries où les personnages font des choses sans logiques avec l’unique but de
faire rire le spectateur. Ici, on pose des questions, on y répond par la
réflexion du personnage.
Chaque épisode aborde différents
sujets de société. La série parlera d’autant plus au trentenaire qui y
trouveront probablement des similitudes avec leur propre vie. Bref, on suit la vision
d'un homme droit et ayant des principes d'égalité pour tout le monde. Le pitch
est simple, mais la série est intelligente, juste et drôle.
Enfin, la bande originale est de
très bonne qualité, avec notamment l’épisode pilote qui s’ouvre sur Il est 5h Paris s’éveille de Jacques
Dutronc.
5/5
3 - FARGO
SAISON 2
Comme nous avons pu le voir avec True Detective saison 2, il est rare qu’une
mini-série parvienne à se renouveler pour offrir une production d’aussi bonne
qualité que la précédente. Fort heureusement, certaines exceptions existent et Fargo en fait définitivement partie.
La saison 2 de Fargo est une
merveille, encore plus barrée, encore plus rocambolesque et encore plus frappée
que la première saison. Comme son homologue de l’année passée, elle met en
scène une histoire à dormir dehors, avec des enjeux plus grands, des
personnages plus cons, et surtout une maitrise parfaite de l’environnement dans
laquelle elle baigne. Avec des événements se déroulant à la fin des années 70, les
scénaristes s’amusent avec le délire extraterrestre qui régnait dans le
Minnesota, notamment après l’incident de Marshall County, le 27 aout 1979.
C’est du pur délire dans la
lignée du long-métrage des frères Coen et de la première saison. A voir sans
hésiter si vous avez apprécié la saison 1.
5/5
4 - JESSICA
JONES // YOU ME AND THE APOCALYPSE
Afin de vous faire découvrir 5
nouvelles séries pour lesquelles je n’ai pas encore fait de critique, j’ai décidé
de placer Jessica Jones à égalité
avec la série You me and the apocalypse.
De plus, en bon gros fan de séries anglaises (Utopia, The Wrong Mans, Misfits, Black Books, Sherlock, Skins, Life on
Mars…), il fallait qu’un représentant de la culture britannique fasse
partie du TOP, même si cette dernière est en réalité américano-anglaise.
Le pitch est simple, une comète
va entrer en collision avec la terre dans un peu plus d’un mois, détruisant par
la même toute vie sur terre. Mais ceci n’est qu’un prétexte pour nous faire
suivre une ribambelle de personnages tous aussi bien écrits que loufoques (c’est
moitié anglais !!!!) à travers des aventures aussi bien écrites que…
loufoques. Et il n’y a pas grand-chose à rajouter, c’est drôle, les acteurs
jouent bien et c’est très bien filmé. En parlant des acteurs, j’étais très
heureux de retrouver Mathew Baynton dans le rôle principal, qui m’avait déjà extrêmement
plu dans la série The Wrong Mans. Enfin,
le procédé scénaristique est le même que dans Bloodline, chaque épisode débute sur la dernière scène de la saison
et l’ensemble des épisodes nous racontent comment on va en arriver là !
4.5/5
5 - The
Jinx : The Life and Deaths of Robert Durst
Plus connue
sous le nom simplifié The Jinx, la
série est une mini-série/documentaire de la chaîne HBO (il fallait bien que du
HBO apparaisse dans le TOP).
En 1982, Katherine Durst, épouse de Robert,
héritier d'un magnat de la promotion immobilière new-yorkaise, disparait sans
laisser de traces.Presque 20 années plus tard, alors que le dossier de cette
disparation est rouvert, Robert Durst
fuit New-York et les probables poursuites auxquelles il devrait faire face, et
sous une fausse identité, élit domicile à Gavelston, a priori trou paumé des Etats-Unis. Il est arrêté en
octobre 2001, accusé du meurtre et du démembrement de son voisin, Morris Black.
En 2010, Andrew
Jarecki réalise un long-métrage intitulé All
Good things, inspiré de l'affaire de la disparition de l'épouse de Robert Durst. Quelques années plus
tard, Andrew Jarecki est contacté par Robert Durst, qui lui propose une
rencontre afin de parler de son histoire. C'est ainsi qu'est mis sur pied la
série The Jinx, un hallucinant
projet.
Partant de la découverte du corps de Morris Black, ce fascinant
documentaire, digne des meilleures séries fictionnelles, offre un voyage
palpitant dans la vie de ce personnage inquiétant et singulier. Au milieu
d'images d'archive et de reconstitutions, de témoignages anciens et récents des
policiers, des avocats, des accusateurs, des amis et familles des victimes ou
de l'accusé, le face-à-face entre Robert
Durst, homme vieillissant, maigre, se tenant péniblement debout,
éprouvant de la difficulté à s'exprimer (pour lequel on pourrait culpabiliser
d'éprouver un tant soit peu de sympathie), et le réalisateur, peuvent s'avérer
captivants ou glaçants, selon les thèmes abordés et les questions soulevées.
Le récit n'obéit pas à l'ordre chronologique
des évènements, permettant des entrecoupements passionnants et révélateurs, effets
de mise en scène savoureux. A cela s’ajoute, comme toujours chez HBO, un générique
de génie avec comme bande originale, comble de cynisme, Fresh Blood, de Eels. The Jinx est une
palpitante série qu'il vous sera difficile de lâcher en cours de route !
Prévoyez donc quelques heures pour enquiller les 6 épisodes et je vous promets
que le final vous laissera bouche-bée.
4.5/5
Voici quelques autres bonnes séries que j’ai vues en
2015 :
The Leftovers Saison 2 : 4/5
Dardevil : 4/5
The Man In The High Castle : 3.5/5
Better Call Saul : 3.5/5