dimanche 24 janvier 2016

Le garçon et la bête

















L’animation japonaise a une subtilité que l’occident n’a pas. Elle a ce pouvoir véritable de toucher petits et grands, de manière différente, mais avec le même degré de plaisir et d’envoutement. Mon amour du cinéma, je le dois en partie à la filmographie de Hayao Miyazaki, qui a bercé mon enfance, Hayao qui reste à ce jour probablement mon réalisateur préféré.

Toujours portés par un attachement à la tradition japonaise, les films d’animation nippons tirent leur force de cet héritage. La petite nouveauté de ce film de Mamoru Hosoda est de mélanger, frontalement, les legs du passé à une culture plus moderne. Ainsi, nous retrouvons une féérie nippone avec deux mondes parallèles, celui des hommes et celui des bêtes, aka celui des Dieux. Mais on voit la volonté de moderniser le propos en mêlant cela à une culture plus récente, occidental même, avec l’importance que prend ici l’œuvre de l’américain Herman Melville, Moby Dick. Je vous laisse découvrir dans quelles proportions, mais toujours en subtilité je vous rassure.

Sûrement porté par cette volonté de mêler archaïsme et modernité, Mamoru Hosoda se sert des avancées technologiques de son temps pour créer son œuvre. L’image est toujours l’animation de dessins, qu’une main a tracés, mais le réalisateur nippon innove dans ses mouvements de caméra notamment à 360°, mais aussi dans une scène d’ouverture très belle qui se sert de la modélisation par ordinateur.

Ce nuancement de l’héritage, on le retrouve même jusque dans le cœur du film, dans son propos. Pour faire simple et sans spoiler, nous sommes en présence d’un maitre qui éduque son disciple. Mais contrairement à une ancienne vision d’un enseignement à sens unique du maitre vers l’élève, ici l’élève apprend aussi à son maitre. Ce qui rajoute au fait que l’enfant comme l’adulte pourra y trouver son compte.

Un très bon film d’animation japonais qui vient me consolé avec le genre après le décevant Le vent se lève, dernier long du maitre en la matière, Hayao Miyazaki.  

4/5


jeudi 21 janvier 2016

Top Séries 2015



La télévision continue encore, et plus que jamais, d’abrutir les masses populaires en les gavant de télé-réalité et autres programmes sans fond, s’enfonçant dans une médiocrité alarmante. Cette situation inquiétante, presque sinistre, est engendrée par des chaines de télévisions qui semblent avoir oubliées l’existence du divertissement intellectuel, du moins intelligent, préférant nous servir à la place des programmes indigestes, toujours plus dégradant et hébétant.

Malgré ce constat accablant, nous vivons paradoxalement l’âge d’or des séries. Les mini-séries, de 6 à 13 épisodes, souvent 10, se démultiplient, et la qualité presque cinématographique de ces productions atteint de nouveaux sommets (True Detective, Top of the Lake, The Leftovers, Utopia, Fargo…). Ces productions de qualité sont malheureusement diffusées, la plupart du temps, sur des chaines câblées, donc payantes. Mais à l’heure du numérique, c’est également la toile qui permet un choix de plus en plus colossal de séries en tout genre. Le site internet Netflix, nouveau support à la mode, permet notamment un visionnage en streaming de nombreuses productions cinématographiques et télévisuelles, contre le modeste tarif de 10 euros par mois. Netflix, qui s’est d’ailleurs lancée dans la production de séries originales plutôt bien senties, il faut le dire. De son côté, HBO continue de nous régaler et enchaine les pépites (au moins 5 par an) avec une maitrise démesurée. Si la qualité des séries TV est considérablement à la hausse, on le doit notamment à un nombre de plus en plus important de grands réalisateurs venant s’essayer à la petite lucarne comme Spielberg avec Band of Brothers ou David Fincher avec House of Cards, pour ne citer qu’eux !

Pour le sérievore que je suis, l’année 2015 fut donc un très bon cru. Voici mon top 5 des meilleurs séries de l’année passée :

1 - BLOODLINE 
















Outre ses séries de super-héros (Dardevil, Jessica Jones), Netflix a frappé un grand coup en cette année 2015 avec la nouvelle production des frères Kessler. Ces derniers confirmant ainsi leur talent indéniable que l’on avait pressenti avec leur précédente série, Damages

Bloodline est un thriller familial qui nous conte l’histoire de la famille Rayburn, une famille bien sous tous rapports, du moins en apparence, mais qui cache en réalité de nombreux secrets. La série commence avec le retour au pays du frère ainé, un comeback qui va chamboulé les habitudes de la famille, une famille minée par le doute, la culpabilité et la honte ne pas être réellement ce qu’elle prétend être.  

Du générique esthétique aux couleurs intenses, des cadrages à la mise en scène techniquement irréprochable, tout est fait pour proposer une série qui frôle la perfection à chaque instant. On sent une énorme ambition, celle du haut de gamme télévisuel. La série adopte un procédé scénaristique bien connu, celui de nous montrer à chaque début d’épisodes la dernière scène de la série, l’objectif étant de nous raconter comment on en est arrivé là !  

Après le Minnesota glacial de Fargo, la Louisiane marécageuse de True Detective, Bloodline nous présente une Floride torride. Ça sent l'été rugueux, caniculaire, l'insomnie, les longues nuits estivales, la sueur, l'obscurité et le silence. Un univers visuel et sensoriel crépusculaire intéressant et joliment dépeint.   

5/5


2 - MASTER OF NONE

 













Et oui, le TOP 2 de mon classement est occupé par deux séries originales Netflix. Master of none est une série créée (écrite et réalisée) par Aziz Ansari, un humoriste de stand-up américain, d’origine indienne. Elle se déroule à New York et suit la vie personnelle et professionnelle de Dev, acteur de 30 ans qui a du mal à savoir ce qu'il veut faire dans la vie. 

Quasi autobiographique, la série sonne juste et les réactions semblent réelles. Nous ne sommes pas dans une de ces séries où les personnages font des choses sans logiques avec l’unique but de faire rire le spectateur. Ici, on pose des questions, on y répond par la réflexion du personnage.

Chaque épisode aborde différents sujets de société. La série parlera d’autant plus au trentenaire qui y trouveront probablement des similitudes avec leur propre vie. Bref, on suit la vision d'un homme droit et ayant des principes d'égalité pour tout le monde. Le pitch est simple, mais la série est intelligente, juste et drôle.  

Enfin, la bande originale est de très bonne qualité, avec notamment l’épisode pilote qui s’ouvre sur Il est 5h Paris s’éveille de Jacques Dutronc. 

5/5

3 - FARGO SAISON 2

















Comme nous avons pu le voir avec True Detective saison 2, il est rare qu’une mini-série parvienne à se renouveler pour offrir une production d’aussi bonne qualité que la précédente. Fort heureusement, certaines exceptions existent et Fargo en fait définitivement partie. 

La saison 2 de Fargo est une merveille, encore plus barrée, encore plus rocambolesque et encore plus frappée que la première saison. Comme son homologue de l’année passée, elle met en scène une histoire à dormir dehors, avec des enjeux plus grands, des personnages plus cons, et surtout une maitrise parfaite de l’environnement dans laquelle elle baigne. Avec des événements se déroulant à la fin des années 70, les scénaristes s’amusent avec le délire extraterrestre qui régnait dans le Minnesota, notamment après l’incident de Marshall County, le 27 aout 1979. 

C’est du pur délire dans la lignée du long-métrage des frères Coen et de la première saison. A voir sans hésiter si vous avez apprécié la saison 1.

5/5 


4 - JESSICA JONES // YOU ME AND THE APOCALYPSE
















Pour Jessica Jones je vous renvoie à ma critique 

Afin de vous faire découvrir 5 nouvelles séries pour lesquelles je n’ai pas encore fait de critique, j’ai décidé de placer Jessica Jones à égalité avec la série You me and the apocalypse. De plus, en bon gros fan de séries anglaises (Utopia, The Wrong Mans, Misfits, Black Books, Sherlock, Skins, Life on Mars…), il fallait qu’un représentant de la culture britannique fasse partie du TOP, même si cette dernière est en réalité américano-anglaise.

Le pitch est simple, une comète va entrer en collision avec la terre dans un peu plus d’un mois, détruisant par la même toute vie sur terre. Mais ceci n’est qu’un prétexte pour nous faire suivre une ribambelle de personnages tous aussi bien écrits que loufoques (c’est moitié anglais !!!!) à travers des aventures aussi bien écrites que… loufoques. Et il n’y a pas grand-chose à rajouter, c’est drôle, les acteurs jouent bien et c’est très bien filmé. En parlant des acteurs, j’étais très heureux de retrouver Mathew Baynton dans le rôle principal, qui m’avait déjà extrêmement plu dans la série The Wrong Mans. Enfin, le procédé scénaristique est le même que dans Bloodline, chaque épisode débute sur la dernière scène de la saison et l’ensemble des épisodes nous racontent comment on va en arriver là ! 

4.5/5


5 - The Jinx : The Life and Deaths of Robert Durst














Plus connue sous le nom simplifié The Jinx, la série est une mini-série/documentaire de la chaîne HBO (il fallait bien que du HBO apparaisse dans le TOP).  

En 1982, Katherine Durst, épouse de Robert, héritier d'un magnat de la promotion immobilière new-yorkaise, disparait sans laisser de traces.Presque 20 années plus tard, alors que le dossier de cette disparation est rouvert, Robert Durst fuit New-York et les probables poursuites auxquelles il devrait faire face, et sous une fausse identité, élit domicile à Gavelston, a priori trou paumé des Etats-Unis. Il est arrêté en octobre 2001, accusé du meurtre et du démembrement de son voisin, Morris Black.

En 2010, Andrew Jarecki réalise un long-métrage intitulé All Good things, inspiré de l'affaire de la disparition de l'épouse de Robert Durst. Quelques années plus tard, Andrew Jarecki est contacté par Robert Durst, qui lui propose une rencontre afin de parler de son histoire. C'est ainsi qu'est mis sur pied la série The Jinx, un hallucinant projet.

Partant de la découverte du corps de Morris Black, ce fascinant documentaire, digne des meilleures séries fictionnelles, offre un voyage palpitant dans la vie de ce personnage inquiétant et singulier. Au milieu d'images d'archive et de reconstitutions, de témoignages anciens et récents des policiers, des avocats, des accusateurs, des amis et familles des victimes ou de l'accusé, le face-à-face entre Robert Durst, homme vieillissant, maigre, se tenant péniblement debout, éprouvant de la difficulté à s'exprimer (pour lequel on pourrait culpabiliser d'éprouver un tant soit peu de sympathie), et le réalisateur, peuvent s'avérer captivants ou glaçants, selon les thèmes abordés et les questions soulevées.

Le récit n'obéit pas à l'ordre chronologique des évènements, permettant des entrecoupements passionnants et révélateurs, effets de mise en scène savoureux. A cela s’ajoute, comme toujours chez HBO, un générique de génie avec comme bande originale, comble de cynisme, Fresh Blood, de Eels. The Jinx est une palpitante série qu'il vous sera difficile de lâcher en cours de route ! Prévoyez donc quelques heures pour enquiller les 6 épisodes et je vous promets que le final vous laissera bouche-bée.

4.5/5


 Voici quelques autres bonnes séries que j’ai vues en 2015 : 

The Leftovers Saison 2 : 4/5

Dardevil : 4/5

Mr Robot : 3.5/5

The Man In The High Castle : 3.5/5


Better Call Saul : 3.5/5