Une bonne comédie romantique,
voilà un objet cinématographique assez rare. La comédie romantique fait partie
des genres les plus éculés du 7eme art, remâchant toujours les mêmes bons
sentiments et les mêmes histoires d’amour impossibles qui finissent bien. Mais,
ce qui m’a toujours personnellement embêté dans la majorité d’entre elles, c’est
l’insignifiance et la banalité des personnages, écrit en une seule dimension,
dont les contours sont nullement travaillés et pour lesquels on ne parvient pas
à développer une connexion, pourtant vitale quand la pierre angulaire du film
est l’amour. Quand un film a des enjeux plus « grands » (thriller,
action…), l’importance que l’on attache à l’incarnation des personnages est réduite
du fait que l’intrigue captive une partie de notre attention. Ainsi dans les
comédies, et particulièrement plus dans les comédies romantiques, quand le film
repose sur l’harmonie, l’équilibre et la connexion entre les personnages, ces
derniers doivent être épaissis, en trois dimensions.
J’ai adoré Hello Ladies Le Film, justement pour cette dernière raison. Comme
ce film vient après 8 épisodes d’une mini-série HBO prénommée, vous l’aurez
deviné, Hello Ladies, nous
connaissons mieux (si tant est que l’on ait vu la mini-série) les personnages,
leurs motivations et leur histoire. On se sent directement investis, alors
seulement on peut se laisser porter par l’histoire d’amour soit dit en passant
assez classique du film. Hello Ladies
est une mini-série HBO de 8 épisodes de 29 minutes, très peu connue
outre-Atlantique et je crois aussi peu médiatisée aux US. Elle est créée,
produite, réalisée et interprétée par Stephen Merchant, un grand gringalet
britannique, interprétant un mutant albinos dans le récent Logan, et, ici, se mettant peut-être partiellement en scène. Il
joue un trentenaire devenu riche grâce à la digitalisation, vivant sur les
hauteurs de Los Angeles, et étant complètement obsédé par l’appartenance aux
milieux « hype » de la cité des Anges, et par la volonté compulsive
de sortir avec des mannequins. Etant pourvu d’un physique peu avantageux et d’une
sociabilité boiteuse, il va aller d’échec en échec pour notre plus grand
plaisir. Dans Hello Ladies Le Film, il
cherche à impressionner sa petite amie de jeunesse de visite à LA, en
prétendant sortir avec sa locataire (et amie) vivant dans l’appartement d’à
côté.
Le film est extrêmement bien
écrit, et le format d’1h20 est presque plus jouissif que le format épisodique.
Chose extrêmement rare, mais je pense que le film est meilleur que la série
dont il est inspiré. Le découpage du film est parfaitement maitrisé et Stephen
Merchant, revenant derrière la caméra, prouve qu’il sait également maitrisé le
format cinématographique dans son rythme et ses ambiances. On ne voit pas le
temps passer, les scènes qui pourrait être démesurément mielleuses sont bien souvent
désamorcées par la comédie bien sentie du britannique, et quand elles ne le
sont pas, elles paraissent authentiques et sincères. J’ai vraiment rien aux éclats
(chose finalement assez inhabituelle) et j’ai été ému et profondément satisfait
par la fin qui vient mettre un terme de manière magistrale à une nouvelle très
bonne production d’HBO.
4/5