Premièrement, il faut le dire
tout de suite, Rick & Morty n’est
pas une série pour tout le monde. Si, de base, vous n’êtes pas un grand fan de
cartoon, je pense que vous aurez du mal à adhérer. Les dessins sont, …spéciaux,
de première abord même plutôt agressif, mais on finit par les aimer. De plus,
l’humour est très sale et noir. Par exemple, l’un des personnages principaux
rote perpétuellement en parlant, ce qui en fait la beauté de son personnage
pour moi (et de l’enregistrement de sa voix par Justin Rolland) mais ce qui en
dégoutera plus d’un.
A première vue, ça pourrait
évoquer les cartoons pour adultes comme Family
Guy, les Simpsons, ou American Dad, qui fonde leur socle
narratif sur la dynamique familiale. Mais en réalité, bien que composée d’excellents
personnages secondaires, la famille n’est qu’une excuse, un prétexte aux aventures
“what the fuck” du fils Morty et de son hyper-intelligent scientifique mais
alcoolique grand-père Rick. La série créée par Justin Rolland et Dan Harmon,
était originellement un court métrage intitulé Les Aventures de Doc and Mharti, qui était, vous l’aurez compris,
une parodie de Retour vers le futur. Il
en résulte une série complètement surréaliste, allant puiser ses inspirations dans Retour vers le futur, bien évidemment,
mais aussi dans l’humour anglais de Doctor
Who et The
Hitchhiker's Guide to the Galaxy. Rick & Morty appartient au mouvement littéraire, et
philosophique, du cosmicisme*, qui statut, en résumé, que l’existence humaine
est insignifiante dans le cadre plus vaste de l’existence intergalactique, une
philosophie que l’on attribue à l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft.
Utilisant une machine qui
matérialise des portails multidimensionnels où il veut et quand il veut, le
grand-père, et son petit-fils, ont la capacité de se rendre dans une infinité
de dimensions, une infinité de lieux plus bizarres les uns que les autres. Mais
grâce à son côté cartoon et à la manière avec laquelle elle est construite, la
série parvient à maintenir une cohérence dans son irrationalité. Bien qu’animée
d’une imagination débordante et blindée de références, comme Jurassic Park, Inception ou Nightmare on Elm Street, pour ne citer
qu’elles, la série parvient toujours à rester fidèle à son univers de
science-fiction peuplé d’aliens bizarroïdes et de voyage dans le temps
complétement insolites. Elle se sert très bien de ses références, parfois même
en les modernisant et les enrichissant, et ne fait pas partie de ses séries,
comme The Big Bang Therory, qui reposent
presque uniquement sur la référence, à tout prix, ou comme diraient les
américains, « for the sake of it ».
Rick & Morty n’hésite également pas à s’attaquer à des sujets
« importants », comme la fragilisation du système éducatif américain
ou l’uniformisation des pensées et des modes de vie. Et si la série traite
parfois de sujets plus sensibles et tabous, ça ne parait pas forcé, ni
uniquement là pour choquer comme dans un show à la Family Guy, mais plutôt pour créer quelque chose de nouveau, ou
s’inscrivant dans la narration. Un peu comme Bojack Horseman et F is for Family
(deux autres séries d’animation Netflix), Rick & Morty n’hésitent pas à aller au fond des choses, je veux
dire par là à parfois tirer sur la corde émotionnelle. Les relations entre les
personnages sont bien plus approfondies que dans des sitcoms animées comme Family Guy, Simpson et compagnie.
Certains arcs narratifs, à première vue anodins, finissent parfois par payer de
manière spectaculaire et inattendue.
En résumé, c’est définitivement
pour un public averti, mais si vous rentrez dans le délire, c’est un pur
plaisir. C’est une des séries les plus « geek » qu’il existe,
innovante, et, qui derrière une façade peu accueillante, est nourrie de
réflexions profondes sur notre société. C’est un pur bijou.
Cosmicisme : Philosophie qui
statut qu’il n’y a pas de présence divine reconnaissable, comme un dieu, dans l'univers
et que les humains sont particulièrement insignifiants dans le
cadre plus vaste de l'existence intergalactique et qui seraient seulement une
espèce primitive projetant ses propres superstitions sur le vaste cosmos. Cela
suggère également que la majorité de l'humanité serait donc un amas de
créatures sommaires et insignifiantes au regard de luttes d'influences à
l'échelle cosmique, où des forces incommensurables - formes de vie quasi
omnipotentes ou races très anciennes et très sages à la technologie avancée -
mènent une lutte dont la puissance, les enjeux et les forces dépassent notre
entendement.
5/5