samedi 28 novembre 2015

Black Books


















Black Books est une sitcom à l’humour purement britannique, diffusée sur Channel 4 (service public anglais) à partir de 2000. On notera au passage que le service public britannique diffuse des séries aussi géniales que Misfits, Utopia, Skins, Spaced ou Black Miror, tandis qu’en France on a… Joséphine ange gardien ? Bref, nous ne sommes pas là pour débattre du niveau plutôt faible du service public français en matière de shows télévisés. La série ne comprend que 3 saisons de 6 épisodes de 20 minutes chacun. Elle a été stoppé sans raison et c’est bien dommage…

Black Books nous présente la vie de Bernard Black, un libraire irlandais installé à Londres. Bernard a trois buts dans la vie : rester ivre, lire, et tenir les emmerdeurs de tous poils à bonne distance. Ce dernier vit dans une porcherie derrière sa librairie, ne se lave pas vraiment, fume sans arrêt dans son magasin, se contrefiche de ses clients, est un alcoolique notoire, un égoïste forcené, un paresseux, un vicieux, et finalement un grand malade asocial. Cependant, cet être bougon et cynique devient vite attachant. Il est ami avec Fran, la propriétaire loufoque de la boutique voisine. Ce microcosme sera complété à la fin de l’épisode 1 par Manny, un être lunaire, candide et imprévisible, qui deviendra vite le souffre-douleur de Bernard.

Pour ceux qui ont vu Spaced (Les Allumés), la série d’Edgar Wright, l’ambiance et les décors en sont assez proches. Pour les autres, je peux juste dire que la série fait tout de même un peu datée comme une saison de Seinfeld ou les premières saisons de Friends. Mais cela n’empêche en rien de profiter d’un humour déjanté et absurde, noir et sarcastique, et finalement typiquement britannique. De plus, la série s’offre des caméos appréciables comme Nick Frost, Simon Pegg et Martin Freeman, tous trois devenus de grandes stars mais à l’époque encore peu connus.  

3.5/5

vendredi 27 novembre 2015

The Last Man On Earth



















Contrairement à de trop nombreuses sitcoms qui mettent en scène un groupe d’amis dans un appartement, de préférence New-Yorkais, The Last Man On Earth se démarque avec une véritable idée originale (pour une sitcom). Après un virus planétaire, un homme lambda, Phil Miller, se retrouve être le seul survivant !

Le premier épisode est vraiment marrant car Phil Miller n’est pas le MacGyver habituel capable de relancer une centrale nucléaire avec une clé anglaise. C’est plutôt un incapable parfait qui préfère aller faire ses besoins dans la piscine de la maison qu'il squatte plutôt que d'essayer de comprendre comment fonctionne la plomberie? Le premier épisode enchaine donc les conneries en tout genre que l’on se verrait tous faire si on n’était le seul humain sur terre. Donc Phil se trouve une belle baraque, la décore avec du Monet et du Van Gogh, détruit toutes sortes de choses (voitures, lampes, vitres…), se laisse pousser la barbe, picole un max et vit dans une vraie porcherie.

Ce début de saison prometteur, on le doit à Will Forte, portant bien la barbe, qui est incroyable dans le rôle du mec paumé qui jouit de sa situation particulière pour faire toutes sortes d’expériences… de conneries. Et l’un des autres bons points de la série est justement l’absence d’explication quant à cette situation si particulière. The Last Man On Earth est avant tout une sitcom destinée à faire rire. Suivant cette logique, la série ne s’encombre pas d’explications abracadabrantes sur la quasi-extinction de la race humaine. C’est comme ça, et puis voilà ! On sait juste qu’il y a eu un virus et on en demande pas plus, on n’est pas là pour savoir ce qui s’est passé mais bien ce qu’il va se passer.

Comme la série ne peut bien évidemment pas durer sur plusieurs saisons avec un seul et unique personnage, Phil va être amené à rencontrer d’autres survivants. Et c’est là que le bât blesse. La série va progressivement s’enfermer dans un microcosme beaucoup moins drôle, où le running gag repose sur l’envie qu’a Phil de copuler. Au début, avec les premières découvertes d’autres survivants, le ton reste drôle, et l’on découvre que Phil est en réalité un menteur compulsif, privilégiant constamment son intérêt personnel, dans un environnement plutôt sujet à l’entraide. Malheureusement, la machine s’enraille et le personnage de Phil, si amusant dans les premiers instants, va vite devenir exaspérant, ne parvenant pas du tout à se renouveler.

Si l’absence de background sur l’apocalypse est plutôt une bonne chose, cela a également des effets néfastes. Celui qui me vient à l’esprit est l’inconsistance des personnages. En effet, comme nous ne savons pas grand-chose de ces derniers, leur épaisseur est limité et leur histoire, par là même, beaucoup moins dense et intéressante. Hormis Phil, avec lequel nous avons passé plus de temps dans les premiers instants de la série, on a du mal à s’attacher aux autres personnages, qui sont finalement là pour donner la réponse à Phil. Et comme l’essence d’une sitcom, c’est justement ses personnages, le show trouve ici ses limites.   

Il faudra donc attendre la seconde saison (actuellement en cours de diffusion aux USA) pour que la série parvienne à se renouveler un peu. Tout d’abord, on change de lieu ! ENFIN !!! Ils avaient toute la terre à leur disposition et ils restaient à Tucson, Arizona. Le personnage de Phil prend lui aussi un tournant un peu différent. Donc en somme, même si la série a ses défauts, elle se regarde bien, notamment grâce à sa promesse originale. 

3/5

jeudi 26 novembre 2015

You're the worst



 












Sitcom américaine, You’re the worst a pourtant une tonalité anglaise et elle doit cela à son acteur principal, le britannique Chris Geere. Ce dernier est clairement LA STAR de la série, faite sur mesure pour son accent anglais si propice à la tirade destructrice, dégoulinante d’une honnêteté blessante et malsaine et d’une prétention mêlée à une profonde admiration pour soi. 

La série nous raconte l’histoire de Jimmy Shive-Overly, anglais de la région de Manchester qui est venu s’installer en Californie pour fuir sa famille et y vivre paisiblement après le succès mitigé de son premier roman. Jimmy fait preuve d’une honnêteté volontairement débordante et blessante et se montre totalement égoïste et indifférent. Dès le pilote le ton est donné, il est violemment exclu du mariage de son ex après un discours odieux et il rencontre Gretchen, une fille tout aussi détestable que lui.

Les deux sont de jeunes trentenaires allergiques à toute forme de relation amoureuse, à l'engagement qui les révulse, aux sentiments qui diluent leur personnalité et leurs aspérités. Dès le premier épisode ils vont entamer une relation amoureuse qui va bien évidemment les dépasser, mais les embûches traditionnelles qu'on retrouve dans toutes les romcom ont une fraîcheur toute particulière ici.

La première chose que l’on note en visionnant le pilote, c’est bien évidemment le ton tranchant et l’écriture incisive de Stephen Folk. On rigole grassement devant ce couple anachronique qui ne sait pas s'aimer autrement que par joutes verbales interposées, ça parle de cul sans fards entre deux répliques bien senties sur la tristesse des potes "rangés" qui se morfondent. Mais le charme de cette première saison ne s'arrête pas là : on adhère très vite aux personnages malgré la mise en avant excessive de leurs défauts parce que l'alchimie est évidente entre Chris Geere et Aya Cash. Et au fur et à mesure que l’on avance dans la série, on réalise qu’elle est bien plus une comédie sur la solitude humaine qu’une vraie comédie romantique.

Un autre point positif, ce sont les personnages secondaires ! Le meilleur est Edgar, un vétéran en perte de repères, accro à l’héroïne, un peu fou, qui vit avec Jimmy et qui lui fait à manger en guise de loyer. Malgré son côté un peu taré, on s’aperçoit qu’autour de ces êtres humains détestables, il est en réalité le plus sain d’esprit.

You’re the worst est une très bonne sitcom, et bien qu’au format assez classique, elle se démarque de par son écriture incisive ! 

3.5/5

dimanche 22 novembre 2015

American Ultra


















Si j’ai regardé American Ultra, c’est avant tout pour son scénariste, Max Landis. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Max Landis est le scénariste de Chronicle, un film de super-héros réalisé par Josh Trank qui a plutôt bien fonctionné au box-office (126M$ dans le monde), notamment pour son parti-pris intéressant sur le développement des superpouvoirs. Max Landis est âgé de 30 ans, passionné de comics, et plus spécialement de Superman. Il est d’ailleurs le scénariste de la mini-série de comics de 7 volumes intitulée Superman : American Alien, dont le premier opus est sorti en novembre 2015. Dans le même registre, il a également « pitcher », sans préparation préalable, sa version de Man of Steel 2 lors de l’émission Movie Fights de la chaîne Youtube Screen Junkies. Personnalité enthousiaste, à l’imagination débordante, il est un scénariste en devenir que j’apprécie particulièrement.

American Ultra fait partie de ces films, comme The Hangover (Very Bad Trip), Pineapple Express ou le mauvais Projet X, qui partent en couille. Le film commence calmement, puis un enchaînement d’événements improbables va amener le(s) héros à se retrouver dans une situation inimaginable. Pour qu’un tel film fonctionne, ne serait-ce qu’un minimum, il faut pour cela un bon scénario qui surprenne et divertisse. Max Landis réussit ce pari avec un scénario à rebondissements, bien que parfois fautif. Dans une interview, il avouera cependant que son scénario a été considérablement modifié par le studio en charge du film… Malgré cela, le scénario de Landis se montre surprenant, parvenant à mêler les genres et les tonalités avec une certaine finesse. Une finesse néanmoins pas toujours maitrisée car film aura parfois du mal à gérer les changements de ton de son film. En effet, le film est parfois trop axé sur l’humour ce qui empêche la création de véritables enjeux. Et d’autre fois, il est bien trop sérieux pour être pleinement être drôle. Mais dans chaque catégorie, des passages font vraiment mouche. Côté humour, le sens du dialogue et de la réplique est assez affûté, ça frappe assez juste et ça manie habilement la dérision. Pour le côté sérieux, la vraie force du film est de vraiment s'intéresser à ses personnages. Ils sont tous solides et cela même s’ils semblent très stéréotypés. Le film parvient toujours à sortir des schémas pour leurs donner une certaine épaisseur. En ça, le couple de héros est crédible et diablement attachant grâce à la finesse d'écriture mais aussi grâce aux interprètes.

Au niveau des performances, le futur interprète de Lex Luthor dans Batman v Superman : Dawn of Justice, Jesse Eisenberg, est parfait dans le rôle du pauvre mec qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Jouant un jeune en perdition, fumeur de weed invétéré, sujet aux crises d’angoisse, il est complètement crédible et ses cheveux longs, qu’il gardera pour le rôle de Lex Luthor, lui donne un air de chien battu totalement adéquat. Sa partenaire à l’écran, la belle Kristen Stewart, lui donne parfaitement la réplique et il forme tous les deux un couple qui fait plaisir à voir pour sa sincérité.

American Ultra n’est certainement pas du grand cinéma mais c’est globalement une bonne surprise, et donc un divertissement de qualité.
  
3/5