10 Cloverfield Lane
Mars a rendu hommage aux huis clos.
Tout d’abord nous avons eu Room,
probablement mon plus grand coup de cœur en ce début d’année 2016, puis ensuite
10 Cloverfield Lane, également très
bon. Pour commencer j’aurai deux remarques à faire sur ce film. Premièrement,
dans un monde où nous savons tout sur tout en amont et où chaque film est
annoncé 2 ans à l’avance (quand ce n’est pas 5 voire 10), il est toujours
appréciable de voir sortir un film de nulle part. Et c’est précisément le cas
de 10 Cloverfield Lane. Produit par
J.J.Abrams, le film a été annoncé seulement 2 mois avant sa sortie à la
surprise générale. Et les surprises, moi j’aime bien. Deuxièmement, même si le
film se déroule dans un univers semblable à celui de Cloverfield, le film n’est pas à prendre pour une suite de Cloverfield, et toute personne se
rendant au cinéma dans cette optique bien précise sera déçu et aura l’objectivité
de son jugement troublé. Je précise cela car si on prend le film pour ce qu’il
est, on y trouvera un très bon long-métrage. Un huis clos très bien maitrisé, psychologique,
avec de bons twists, de bons acteurs (excellent John Goodman) et une tension
palpable. Seul bémol, une fin un peu bâclée qui laisse un peu sur sa faim. Mais
je recommande vivement.
4/5
Saint Amour
C’est toujours un plaisir de voir
sortir un nouveau film de Gustave Kervern et Benoît Delépine, car ces deux
cinéastes ont une griffe bien particulière et identifiable. On pourrait les
prénommer les cinéastes du plouc. Ils ont ce talent de faire ressortir la
poésie de cette France qui ne s’exprime pas, des vagabonds, des ignorés, des
perdus… Si parfois les personnages de film ont des comportements convenus,
Kervern et Delépine parviennent toujours à ancrer leurs personnages dans la
réalité, développent une connexion avec la « vraie vie ». Et Saint Amour est un nouveau témoignage de
cette aptitude. Dans Saint Amour on
suit un père (joué par Depardieu) et son fils (joué par Benoît Poelvoorde), qui
partent ensemble faire la route du vin afin de retisser les liens familiaux. Le
film n’est certainement pas un film sur l’alcool, il est bien plus un film sur
la tristesse et la solitude. C’est un film fragile et touchant truffé de « moments
de vie » purement exquis. Par exemple, les messages que le père laisse sur
le répondeur de sa défunte femme sont bouleversants. D’autres passages sont quant
à eux surprenants et inouïs comme la jeune fille qui fait une crise d’angoisse
en pensant à la dette de l’Etat. Saint
Amour est incontestablement l’une des meilleures productions françaises de
l’année.
4/5
Five
Avec la sortie récemment des Visiteurs 3, nous avons une nouvelle
démonstration d’une comédie française qui fait pâle figure. La comédie
française ne connait pas vraiment de beaux jours en ce moment. On n’en a marre
des castings à rallonge, bourré d’humoristes venant faire de la figuration,
recyclant des procédés éculés, n’apportant aucun vent de fraicheur ni aucune
innovation… Car il faut le dire, la plupart de nos comédies sont bâclées avec
au final très peu d’idées dans la réalisation. Pour moi, le vent de fraicheur
est venu du premier film d’Igor Gotesman, Five.
Five est belle et bien une comédie,
mais une comédie travaillée, à la réalisation soignée, et à l’esthétique léchée.
Jouant un rôle dans son propre film, Vadim, Igor Gotesman brille bien plus par
la réalisation plutôt bonne de son premier film que pour son jeu d’acteur
plutôt moyen. Je n’aime pas forcément les films qui commencent par la scène de
fin, mais je dois avouer que c’est ici bien senti et que cela surprend un peu,
créditant ainsi la construction du film. Enfin, l’alchimie entre les acteurs est
très rafraichissante, et rien d’étonnant là-dedans car 3 des 5 protagonistes
principaux sont amis de longue date. Donc plutôt que d’aller voir la bouse
monumentale qu’est les Visiteurs 3,
allez voir Five.
4/5
Midnight Special
Le cinéma de Jeff Nichols a une
unité qui en fait l’œuvre d’un véritable auteur. Et rien que pour cela on ne peut
que louer son travail. Je n’ai pas encore vu Take Shelter que je possède
pourtant en DVD mais j’avais personnellement été très enthousiasmé par Mud.
Voici la conclusion de ma critique sur Mud : « Le réalisateur raconte
une belle histoire avec lyrisme et simplicité. Le résultat est juste et sans
excès. On pourra cependant lui reprocher une fin un peu trop sage. Mais c'est
tout de fois admirablement efficace, bien raconté, sans être dénué d'ambiguïté ».
Je suis forcé de constater que je ressens exactement la même chose pour
Midnight Special. Je suis donc impatient de voir ce que le réalisateur américain,
encore jeune (37 ans), va nous pondre dans les années à venir. Affaire à
suivre.
3.5/5