Fin 2014, Whiplash, le deuxième
long-métrage de Damien Chazelle, avait pris tout le monde de court, et avait
secoué le monde cinématographique. C’était une vraie bombe, une claque pour
tous les amoureux de cinéma. Deux ans plus tard, le jeune prodige de 32 ans
revient en force avec une merveilleuse comédie musicale, La La Land.
Avant de traiter de la
finesse d’écriture du film, évoquons rapidement l’aspect technique. Le film
s’ouvre sur un plan séquence stupéfiant de maîtrise qui pose les bases d’une
cinématographie irréprochable. Les plans larges de Los Angeles au lever du
soleil sont d’une beauté époustouflante et, tout au long du film, Damien
Chazelle utilise les couleurs à la perfection. A ce titre, je vous conseille lavidéo Youtube du Fossoyeur de films, qui vous expliquera mieux que moi le
travail remarquable de Chazelle sur les couleurs. Que ce soit au travers de
l’utilisation des codes couleurs, des chorégraphies ou de la lumière, le film
mérite d’être montré à tous les étudiants en école de cinéma. A la fois très respectueuse des grands
classiques du genre mais en ne rejetant absolument pas la modernité, la
réalisation de Damien Chazelle est totalement en adéquation avec son sujet.
Le film est également
porté par un casting remarquable. Emma Stone confirme qu’elle est une actrice
talentueuse, à prendre au sérieux pour les années à venir. Quant à Ryan
Gosling, il est incroyable. J’ai une histoire un peu compliqué avec lui.
Pendant longtemps, j’ai été complètement hermétique à son jeu d’acteur. Je ne
l’aimais pas. Ses performances sans nuance dans Drive, The Place Beyond the
Pines ou Only God Forgives m’exaspéraient au plus haut point. Je ne
comprenais pas l’engouement autour de cette acteur, qui pour moi n’était pourvu
que d’une belle gueule. Seulement voilà, l’année 2016 a tout renversé. Ryan
Gosling s’est mis à jouer des comédies (The Big Short, The Nice Guys, et
dans une certaine mesure La La Land) et j’ai découvert un nouvel acteur.
Un acteur, un vrai, qui transmet des émotions à travers sa posture, son visage
et sa gestuelle. C’est même devenu un de mes acteurs comiques préférés.
Venons-en au sujet du
film. Le scénario est à première vue bien simpliste, c’est la rencontre
amoureuse, à Los Angeles, entre une actrice et un musicien de jazz qui tentent
tous les deux de faire leur trou. Mais il y a pour moi une métaphore cachée
dans cette histoire d’amour, elle nous décrit l’histoire des comédies
musicales, la rencontre entre le 4ème et le 7ème art,
quand la magie opère. Des débuts
hésitants à l’harmonie parfaite de deux courants artistiques qui fusionnent, le
film nous fait revivre les années d’or d’un genre qui vit aujourd’hui
principalement dans la nostalgie. ATTENTION SPOILERS.
Et justement, le film nous conduit au même dénouement. Nos deux amoureux empruntent
des chemins différents, ils modernisent leur talent et s’écartent l’un de
l’autre. La fin du film, totalement bouleversante, fait se rencontrer
une nouvelle fois nos amoureux pour partager le souvenir du passé ! S’étant
toujours aimés, Mia (le cinéma) et Sébastian (la musique) partagent une
explosion de joie, de dynamisme et revivent un amour idéalisé. Pendant une
courte parenthèse, ils s’évadent dans leur nostalgie et se souviennent pourquoi
ils se sont tant aimé et puis, d’un simple petit mouvement de tête, se saluent
et retournent vivre leurs carrières chacun de leur côté… Magnifique, tout
simplement… Fin du SPOILER.
La La Land est une déclaration d’amour au jazz, au
cinéma, et à Los Angeles. C’est film puissant sur l’amour, les rêveurs et la magie
des rencontres. C’est un film qui rend heureux. C’est un beau grand film.
4.5/5