Je profite de la diffusion,
dimanche dernier, du dernier épisode de la saison 8 de Dexter (ultime saison)
pour en faire une critique.
Revenons rapidement sur le
synopsis de la série. Spécialiste en hématologie à la police criminelle de
Miami le jour, Dexter se transforme la nuit venue (et encore...), en un tueur
sanguinaire, froid, méticuleux et imperturbable.
L’histoire est assez
perturbante car on assiste belle et bien à ce que certains appelleront une héroïsation
amorale d'un serial killer. Mais c’est là, justement, le point fort de la série
qui en fait une œuvre remarquable et, à plus d’un titre, philosophique. En
effet, Dexter bouscule notre conception de la morale, révèle la frontière tenue
entre notre approche du bien et du mal et outrepasse la notion de libre arbitre.
La série met le doigt sur une vérité incontournable, l’Homme possède en lui des
pulsions animales et parfois morbides. Seulement, au lieu de prendre le parti
de les canaliser et de la cacher à travers la loi, la série décide de les
exposer au grand jour.
Les
scénaristes ont cherché à faire de leur protagoniste un être tiraillé entre ses
instincts naturels et une volonté de faire quelque chose de juste,
d’éthiquement moral. En effet, ce qui fait de Dexter un personnage, un
héros oserais-je dire, attachant, c’est qu’il n’est pas dénué de morale. Il
contrôle son « dark passenger » (hôte funeste) grâce à un
« code », le symbole d’une règle éthique. Ainsi, nous voyons notre
morale assassinée et revisitée par ce serial killer à l’allure de justicier.
Beaucoup
prétendent que la série se perd en chemin (8 saisons). Je n’irai pas jusque-là.
Je préfère parler d’irrégularité. En effet, il est indéniable que certains
passages perdent en intensité mais contrairement à ce que beaucoup affirment,
la série sait se renouveler. S’il est vrai que les deux premières saisons sont
des bijoux de suspens et d’intrigue, il est aussi vrai, et je suis le premier à
le dire, que la troisième saison est un peu en dents de scie. La quatrième
renoue avec une histoire palpitante tandis que les 4 dernières saisons laissent
plus de place à la dimension psychologique du héros tout en ne négligeant
aucunement le suspens. Enfin il est important de mentionner aux partisans de
« l’égarement en route » que la série s’achève sur un final maitrisé
et remarquable. Surement une des plus belle fin de série derrière Six
Feet Under. Ils n’ont pas intérêt à faire un spin-off ou une saison
9 !!!!!!!!!
Revenons
sur la dimension psychologique du héros. Au fil des huit saisons, et plus
spécifiquement sur les 3-4 dernières, on peut apprécier l’évolution
comportemental de Dexter et notamment dans ses relations avec des proches.
Cette transformation est très estimable et montre que rien n’est immuable dans
l’Homme. L’apparition progressive de « sentiments humains » peut
paraitre banale et même plutôt grossière mais elle est au contraire essentielle
car elle aide à creuser le personnage et lui donner une certaine complexité. La
noirceur des uns (ice-truck killer, Trinity, Lumen) côtoie la candeur des
autres (Rita, Baptista…) et tous permettent d’établir un équilibre. Rita peut
paraitre cruche mais elle est quelque part la représentation de l’ange. On
s’aperçoit alors que le diable est attiré par la bonté angélique tandis que
l’ange est séduit par l’obscurité, les deux permettant d’atteindre une
harmonie.
Je finirais cette critique par
deux derniers compliments. Premièrement un grand bravo au générique qui peut
dès lors rentrer, au côté de celui de Six
Feet Under, au panthéon des meilleurs générique. Deuxièmement, une
félicitation toute particulière à Michael C Hall, acteur principal et
stupéfiant de cette série, qui fut touché d’un lymphome de Hodgkin à la fin de
la saison 4. Ainsi, je tiens ici à faire l’éloge de son courage (il a vaincu la
maladie après plusieurs séances de chimiothérapie) et de son jeu d’acteur
incroyable à l’impassibilité inouïe. Retrouvez-le en tant qu’homosexuel timide
dans l’extraordinaire série Six
Feet Under.
Dexter
est réellement une grande série qui, comme presque tous ses homologues, a connu
ces saisons moins bonnes, mais jamais mauvaises. Traitant un sujet audacieux,
elle a toujours su nous faire plaisir et parfois réfléchir.
4.5/5