Pour ce deuxième
numéro d’INCONNU, où je vous présente des films ou séries très peu visités par
le grand public, j’ai décidé de parler de 3 séries très courtes (max 10
épisodes de 30min) qui ont fait les beaux jours de l’année 2016.
BETTER THINGS
Better Things est probablement l’une des séries au
synopsis le moins attirant au monde : « le quotidien très chargé
d'une mère de famille divorcée qui peine à joindre les deux bouts entre un
métier d'actrice difficile, trois enfants qu'elle élève seule et une vie
sentimentale chaotique ».
Cependant, la série a pour showrunner le grand, l’incroyable,
l’extraordinaire comédien de stand-up américain Louis C.K. Je suis un fan
invétéré de Louis C.K dont j’ai englouti toute la filmographie, de ses
spectacles en passant par ses séries (Lucky
Louie, Louie et Horace & Pete).
Mais Better Things n’est pas son
petit bébé, c’est avant tout celui de Pamela Adlon, son acolyte de toujours (Lucky Louie, Louie…). Pamela est
vraiment le pendant féminin de Louis et a fortiori, pour ceux qui ont vu la
série Louie, Better Things est le
pendant féminin de Louie. Comme pour
toutes les productions de Louis C.K, c’est la qualité de l’écriture qui en fait
une œuvre touchante et essentielle.
La série nous présente donc Sam, 40 ans, actrice, célibataire, mère de 3
filles, et s’occupant de sa mère vivant dans la maison d’à côté. Vous l’aurez
donc compris, Better Things est une série de femmes qui met le sexe féminin au
centre, lui donnant pouvoir et émancipation. Plus on avance dans la série, plus
on se sent à l'aise et plus les épisodes passent vite pour qu'au final, la
caméra disparaisse et nous laisse au centre de la maison, encerclé par les
conflits familiaux et le brouhaha maîtrisé à la baguette par Louis C.K.
C'est une série pleine de bienveillance et d'amour, qui refuse les clichés
permanents sur l'adolescence pour toucher juste.
4/5
Crashing (UK)
Dès les premières secondes on sait tout de suite que l’on a à faire à une
série anglaise. Tout d’abord les accents ne trompent pas, mais c’est surtout le
décor qui nous met la puce à l’oreille, une toile de fond complétement barrée
que seuls les anglais peuvent monter. En effet, la série met en scène 6 jeunes
anglais cohabitant dans un hôpital désaffecté.
Il n’y a pas vraiment grand-chose à ajouter. La série se regarde en une
soirée (6 épisodes de 20 min) et elle est le symbole de l’ingéniosité anglaise.
Avec l'installation des codes habituels de la série comique à travers le
triangle amoureux, le dragueur cliché, la française artiste, ou encore le gay
en manque de confiance, Crashing arrive tout de même à nous proposer quelque
chose d'original, et surtout d'hilarant. L'humour anglais a toujours été assez
spécial, soit on adore, soit on déteste. Pour ma part, j'adore complétement.
Les personnages s'avèrent être extrêmement attachants, voir même touchant avec
le personnage de Sam qui refuse d'admettre son homosexualité. On ne s'ennuie
pas, on rit (beaucoup), notamment avec l'épisode du repas et les chansons qui
resteront comme un moment de pur délire, que seul les Britanniques peuvent nous
offrir.
C'est plein de petits moments qui permettent à "Crashing" de s'imposer
comme une des pépites anglaises de 2016.
4/5
Atlanta
Vous connaissez peut-être Donald Glover pour l’avoir aperçu sous les traits
de Troy dans Community ou alors vous êtes fan de RAP et vous le connaissez sous
son nom de scène : Childish Gambino. Si c’est le cas, et que vous aimez
bien la personne, alors vous devez absolument vous plonger dans Atlanta, une
série dont il est le showrunner. Et si ce n’est pas le cas, vous devez quand
même regarder Atlanta, une série à petit budget, indé au message fort.
On suit un jeune rappeur et son manager dans la banlieue d’Atlanta à
travers leurs pérégrinations et leurs errances. Souvent présentée au grand
public comme une série sur le RAP, Atlanta est avant tout une des meilleures
critiques sociales de l’année. Ça en dit beaucoup sur la condition
afro-américaine d’aujourd’hui. Toujours
sur le rasoir de la tension d'un quotidien qui peut sombrer dans la tragédie en
un instant, ce qui paradoxalement permet un ressort comique d'une puissance
folle. On rit pour éviter la gêne, on rit pour profiter de l'instant et on le
fait très fort.
La série est d'un équilibre fou, basé sur un montage d'une rare efficacité.
Atlanta sait aussi prendre son temps, nous rappelant où on est, installant
toujours son ambiance par-dessus tout, pour nous surprendre.Tous les
personnages sont crédibles et attachants, tous ont leur moment de gloire dans
cette saison et aucun n'est enfermé dans un cliché, ni une caractéristique
dominante comme le font si souvent les comédies. Et les situations, dans
lesquels ils sont exposés, ne permettent que de les voir interagir et évoluer.
Rien n'est juste là "pour la blague". Ils sont malins à leur façon,
agréables, pénibles, humains.
Atlanta est une bouffée d'air frais et l’une des meilleures choses qui soit
arrivée au monde télévisuel en 2016. C’est bourré d'idées et de sensibilité
qui, j'espère, permettra à l'industrie de se repenser. C'est fin, sincère, dur,
drôle, touchant et à la fois banal. C’est de la poésie moderne, à voir
absolument.
4.5/5