#AreYouHoneyDickingMe?
Pour tous ceux qui auraient vécu
sur Mars ou en Corée du Nord depuis Novembre, voici un bref rappel des faits
concernant la sortie du film polémique de Seth Rogen et Evan Goldberg.
Rappelons donc que Sony, producteur et distributeur américain, a été victime
fin novembre d'une attaque informatique d'envergure, revendiquée par le groupe
de pirates informatiques GOP (« Guardians of Peace »), au cours de laquelle une
énorme quantité d'informations ont été dérobées et certaines mises en ligne. Le
studio avait reçu ensuite des menaces évoquant les attentats du 11 Septembre
pour les salles qui diffuseraient la comédie réalisée par Seth Rogen. Ces
cyber-pirates auraient alors déclarés : "Nous allons vous montrer
clairement dans tous les lieux où The Interview sera diffusé, notamment
lors de l’avant-première, à quel destin tragique sont voués ceux qui cherchent
à se moquer de la terreur". La sortie du film aux Etats-Unis, prévue le 25
décembre, a été annulée, ce que Obama n’a pas manqué de déplorer.
Cependant, le film est bien sorti
en France et fort heureusement ! 3 semaines après les attentats contre le
journal satirique Charlie Hebdo, 3 semaines après avoir crié sur tous les toits
du monde que la France ne renoncerait jamais à sa liberté d’expression, 3
semaines après avoir annoncé fermement que la France ne reculerait jamais
devant la menace terroriste, il serait absurde et hypocrite de déprogrammer la
sortie de cette comédie américaine potache mettant en scène l’assassinat du
président Nord-Coréen Kim Jong-un. Car ce film n’est rien de plus qu’une énorme
caricature ! #jesuischarlie
Revenons maintenant au film et à
sa critique. Que l’on aime ou que l’on aime pas le film, on ne peut pas lui
enlever sa grosse paire de couilles. Alors que tout le monde sait qu’une infâme
dictature totalitaire régie actuellement la Corée du Nord, alors que tout le
monde sait que ce pays s’arme démesurément au dépend de la santé de sa
population, deux connards décident de faire un film montrant l’assassinat du
dictateur le plus influent du monde. Et ils ne se contentent pas de le tuer,
ils le ridiculisent et le dédiabolisent. Je ne salue ici ni le jeu des acteurs,
ni la réalisation du film, qui tous deux ont leurs gros défauts, je salue
l’effort. Je salue le clin d’œil. Je salue la prise de risque. Rien que pour ça
ce film ne peut pas être nul à mes yeux.
On ne va pas tourner autour du
pot, j’ai personnellement adoré ce film. Mais je sais lui reconnaitre des
défauts. Tout d’abord, les personnages principaux de Dave Skylark et Aaron
Rappaport sont un peu trop caricaturaux et forcés. A tel point qu’ils ne
parviennent pas à devenir des personnages à part entière auxquels on serait
susceptible de s’attacher. Les personnages restent au même niveau d’humour
(blagues bien lourdes et bien grasses – scato même) et ne réussissent pas à se
diversifier. La bromance (bro-romance) entre Dave et Aaron est également assez
limitée et n’apporte pas grand-chose au récit. On pourra également critiquer le
jeu d’acteur de James Franco qui tente, maladroitement, un contre-emploi à la
Jim Carey mais qui ne réalise pas que n’est pas Jim Carey qui veut. Cependant,
si son interprétation du journaliste fashion, superficiel, crétin et naïf n’est
pas sa meilleure, je ne la trouve pas non plus totalement mauvaise.
On connait la paire Franco/Rogen
depuis leur association dans la série Freaks and Geeks
et on les a retrouvé par la suite, avec plaisir pour ma part, dans Pineapple
express et This is the end.
Si vous ajoutez à cette paire d’acteur, la réalisation et l’écriture d’Evan
Goldberg déjà présent au même poste pour This is the end
vous obtenez une recette bien connue. Une recette bien identifiable faite de
blagues sexo-scatologiques, de vannes référentielles, de caméos de stars
(mention spéciale à Eminem), de gore qui tâche façon Monty Phyton, de running
gags, de bromance, etc… Si vous n’aimez pas cette recette alors n’allez pas
voir le film car vous y retrouverez tous ces éléments.
Comme je l’ai précédemment
expliqué dans mes critiques de Community
et Nos pires voisins, une
large partie de la comédie moderne repose sur un style ultra référencé. Les
nouveaux ressorts de la comédie, et notamment chez Rogen et Goldberg, sont les
références constantes à la culture contemporaine. Ce film n’échappe bien sûr
pas à cette règle et encore une fois les clins d’œil sont nombreux (Seigneurs
des anneaux, Katy Perry, Eminem et j’en passe…).
Enfin, pour répondre à toutes les
critiques et toutes polémiques entourant ce film, je finirai ma critique en
pointant du doigt l’autocritique de monde occidental que le film met en relief.
Car si on regarde de plus près, le film qui semble tacler la Corée du Nord,
tacle en réalité l’occidental moyen joué par James Franco. Et la chanson
d’ouverture du film est également un message fort envoyé au monde occidental
qui est donc très loin d’être épargné dans cette comédie.
Pour moi, quand on filme en slow
motion un tir de tank sur le dictateur Nord-Coréen en accompagnant le tout d’un
remix de Firework de Katy Perry, on a tout compris. J’irais presque même
jusqu’à crier au génie.
#TheyHateUsCuzTheyAintUs
4/5