Je ne peux pas dire que j’ai adoré La vie d’Adèle, je
peux seulement dire qu’il m’a touché. La vie d’Adèle est le genre de film
auquel on repense, de ceux qui vous tiennent éveillés la nuit. C’est le genre
de film que l’on ne regarde pas mais que l’on vit, de ceux que l’on subit, qui
vous dépasse et qui vous subjugue. La vie d’Adèle est une œuvre à part,
inqualifiable, incontournable, intarissable et intemporelle, dont toute
critique semble vaine, sonnera vide ou sonnera fausse.
Il me parait impossible de retranscrire sur papier les
effets produits par ce film. J’ai à la fois été heureux, angoissé, désolé,
gêné, peiné et attristé. Ce film fait naitre en chacun de nous des sentiments
différents mais il y a peu de chance qu’il laisse insensible. Si Before Sunrise sublimait la naissance du sentiment amoureux, La
vie d’Adèle magnifie son contraire. Le chagrin d’amour est élevé, distillé,
transcendé, il est tout simplement révélé dans son état le simple et le plus
pur. Il y a quelque chose de vrai dans La vie d’Adèle, cette sensation belle et
dérangeante de vivre la vie d’Adèle.
Le film va chercher toute son ampleur et son essence dans
sa dernière scène. Cette dernière fait divinement écho à la première où l’on
voit Adèle marcher de dos pour se rendre au lycée. Entre ces deux scènes, des
années sont passées, une innocence s’est perdue, un cœur s’est fendu et beaucoup
de choses se sont brisées. Le temps et la vie ont fait leur travail et après 3h
éprouvantes, on retrouve une jeune femme changée pour toujours, qui, dans les
larmes, la détresse et la douleur, s’est construit une carapace et un avenir.
Mais La vie d’Adèle, c’est aussi la confrontation de deux
mondes. D’un côté, on a la jeune Adèle, innocente et simple, issue d’un milieu
modeste et attachée à des valeurs simples. De l’autre, on a Emma, lesbienne
affirmée et capricieuse, issue d’un imaginaire soixante-huitard, pour qui la
culture est source d’épanouissement. Leur relation va permettre à la première
de toucher du doigt cet univers culturo-mondain pour finalement être renvoyée à
ses origines culturelles et sociales.
Dans cette critique j’ai préféré m’attarder sur la
substance du film. A mes yeux, c’est dans ce que le film dégage qu’il est
inexhaustible. Malgré tout, c’est bien grâce à la forme que le fond prend toute
son importance. Kechiche, ce n’est plus un secret, filme à la perfection les
visages des deux comédiennes (et pas que), captant chaque détail, chaque
émotion. Le long-métrage pullule de moments attrapés au vol, à la beauté
sincère et authentique. Accordons une mention spéciale aux deux jeunes actrices
qui purifient le film, notamment à la magnifique Adèle Exarchopoulos.
Comme le dit si bien Emma dans l’une des dernières scènes
(au bar), on gardera toujours une infinie tendresse pour ceux que l’on aime et
que l’on a aimés. A tous les peinés du cœur, La vie d’Adèle résonnera de mille
échos. A croire que l’amour donne des ailes pour un jour vous scier les jambes,
cela vaut-il alors le coup ?
5/5 mais je pense que ce genre de film ne se note pas
Je trouve au contraire que c'est dans la naissance du sentiment amoureux que le film excelle. Les 2 premières heures sont à mes yeux éblouissantes, quand la dernière est faible.
RépondreSupprimerTu n'as pas tort. La naissance du sentiment amoureux est très belle aussi. J'ai personnellement été plus touché par celle de Before Sunrise mais celle là est également très bien construite. Cela étant dit à titre personnel, j'ai été plus touché par la dernière heure avec une fin que je trouve très belle : le bar, l'expo et surtout la dernière scène magnifique.
SupprimerC'est vraiment un très bon film.
RépondreSupprimerJ'ai adoré ce film ! plein d'émotions :)
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