dimanche 17 février 2013

Porco Rosso


Quand on en vient à parler du réalisateur nipon Hayao Mizasaki on oublie bien souvent de mentionner Porco Rosso au profit d'oeuvres plus fantasques comme Princesse Mononoké, le voyage de Chihiro ou encore Mon voisin Totoro. Malheureusement, on a bien tord d'oublier ce chef d'oeuvre de l'animation japonaise.

Miyazaki réalise ici un long métrage aux particularités diverses qui en font une oeuvre à part. Premièrement, on peut noter que ce film diffère sur certains points de ses homologues Miyazakesques. En effet, Porco Rosso est l'unique long métrage du réalisateur nipon se déroulant intégralement en Europe. De plus, c'est son film le plus "réaliste". S'il y a encore une histoire de malédiction et si on assiste encore à certains passages difficiles à expliquer (les avions au paradis), ce film est cependant très proche de la réalité. Enfin, même si on connait la passion de Miyasaki pour les choses volantes (chateau dans le ciel, balai volant, chat volant, homme volant...), on peut remarquer que ce film est de loin son oeuvre la plus aérienne. Deuxièmement, cette oeuvre est la dernière oeuvre de Miyasaki totalement réalisée à la main sans aucune production assistée par ordinateur.

Maintenant, parlons un peu plus du film en lui même (ATTENTION SPOILERS). Miyazaki nous présente là un film au scénario simple et épuré mais pourtant beau et émouvant. Marco, membre de l'armée aérienne italienne, s'engage pour la Première Guerre mondiale et refuse ainsi un mariage avec la belle Gina. A son retour, il sera transformé en cochon. La malédiction dont Porco (anciennement Marco) fait l'objet n'est pas expliquée mais elle serait en réalité une malédiction auto-infligée. A l'origine, sur l'affiche du film, il devait être écrit la phrase suivante « l’histoire d’un homme qui s’est jeté un sort et est devenu cochon » cependant le producteur a décidé de la retirer au dernier moment sur conseil de Miyazaki. Ce dernier voulait laisser le spectateur en venir à cette conclusion par lui même. En effet, Marco se serait infligé ce sort ne voulant plus appartenir à une race dont il reniait la légitimité. Ce dernier revient de la guerre plein de désillusions sur le genre humain et regrette de s'être engagé pour une guerre dont il ne comprend pas le sens véritable, c'est pour cela qu'il renie le genre humain et se transforme en cochon. On retrouve une nouvelle fois, une marque du pacifisme que Miyazaki essaye en vain de faire passer à travers ses oeuvres.

Porco redevient-il humain à la fin?
La version française de l'oeuvre (avec un Jean Reno aux manettes pour la voix de Porco) ne permet pas clairement de conclure si oui ou non Porco est redevenu Marco. En effet, à la fin, Fio dit « Porco n’a jamais donné signe de vie » mais ceci est une mauvaise traduction de la version japonaise qui exprime plus l'idée suivante : « Porco n’est plus jamais revenu montrer sa figure ». Il semblerait donc bien que Porco soit redevenu humain. Ce processus de ré-humanisation fut permit par une acceptation psychologique de sa capacité à redevenir un homme, à travers cette nouvelle sociabilisation que lui apporte Fio.

Si le film est moins fantasque que ses homologues, il offre pourtant une scène très belle qu'est celle du "Paradis des avions". Ces avions abattus au combat qui s'élèvent vers le ciel pour rejoindre une voie lactée d'avions de toutes les nationalités. Là encore ce passage transpire le pacifisme et elle est très émouvante. On peut d'ailleurs noter que cette scène est en réalité un plagia de l'auteur anglais Roal Dahl qui transcrit une image très similaire dans l'un de ses essais. Enfin, le film jouit d'une bande originale extraordinaire. Joe Hisaishi, compositeur émérite de l'intégralité des BO des oeuvres de Miyasaki, livre ici l'un de ses plus beaux travaux. 

Vous l'aurez compris ce film n'est pas aussi fou que le désormais célèbre Voyage de Chihiro mais sans fioritures il réussit à nous faire voyager et nous faire rêver. Ces 3 millions d'entrées au Japon en feront d'ailleurs le film d'animation le plus célèbre de son temps, il sera malheureusement très vite surclassé par les 14 millions d'entrées de Princesse Mononoké.


5/5

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