True Detective, dont le premier épisode est sorti en Janvier 2014, est
entrée au panthéon des plus grandes séries de ce monde. Une prouesse d’autant
plus exceptionnelle qu’elle a été quasi unanimement encensée dès de sa sortie.
En effet, elle ne fait pas partie de ces œuvres incomprises qui n’obtiendront
leur heure de gloire que longtemps après. En une saison et seulement huit
heures (8 épisode d’une heure), la nouvelle perle d’HBO est devenue une
référence télévisuelle incontestable.
Quelles
peuvent être les raisons de cette subite adulation ? Bien évidemment les
qualités indéniables de la série ont largement contribuées à son succès, mais
le timing de cette dernière est également un facteur déterminant de son
triomphe. Précisons que la prodigieuse série Breaking Bad s’est terminée en septembre 2013, laissant derrière
elle un vide télévisuel d’envergure. C’est donc dans ce désert enfanté par
Walter White qu’est apparue la nouvelle pépite d’HBO, venant ainsi combler les
attentes de sérievores affamés et boulimiques, non contenté par Homeland et House Of Cards. Notons que le bijou de Vince Gilligan était venu
lui-même assouvir l’appétit de sériephiles exigeants après les départs en
retraite de Sur écoute et Les Sopranos.
Avant
de passer à la critique, louons un instant HBO qui ne cesse de nous satisfaire
avec des séries d’une qualité inégalable. De Game of Thrones à Sur écoute,
en passant par Six Feet Under, Les
Sopranos, Rome, Entourage, Silicon Valley, True Blood, Band of Brothers, Sex
and the city et OZ, HBO est
devenue la référence mondiale en terme de série télévisée. Donc « Merci
HBO !!!! ». La chaîne américaine a d’ailleurs un don tout particulier
pour les génériques d’ouverture qui sont toujours distingués et distinguables.
Si celui de Game of Thrones est
désormais mondialement connu, ceux de Six
Feet Under, True Blood et Rome font partie des plus beaux que j’ai
pu voir. True Detective ne déroge pas
à la règle et s’offre un générique d’ouverture envoutant, compilation subtile
de ceux de True Blood et Six Feet Under.
Avant
de m’intéresser au grand écran, j’ai longtemps nourri une profonde admiration
et une intime affection pour le petit écran (mini même puisque je passais mes
nuits dans la sous-pente de ma chambre avec le lecteur DVD portable d’un de mes
amis). C’est donc au milieu de sticoms en tout genre, Friends, Scrubs, That’s 70s show, My name is Earl, mais aussi d’Alias,
Six Feet Under ou Ally McBeal que j’ai grandi. Des séries
j’en ai vu un sacré paquet, selon l’application TVShow TIme, que je conseille
vivement à tous ceux qui voudrait tenir à jour leur agenda télévisuel, j’aurai
passé plus de 6 mois de ma vie à regarder des séries. Et après avoir vu un peu
moins d’une centaine de séries (94 si on est exact), je vous affirme sans l’ombre
d’un doute que True Detective fait
partie du top 10 des meilleures œuvres de sa catégorie.
True Detective témoigne d’une exigence qui la place bien au-dessus de la
production télévisuelle actuelle, voire cinématographique. Tout y est soigné et
travaillé avec une attention pour les détails qui ferait rougir un maniaque. Chaque
pièce du puzzle trouve sa place. Rien n’est laissé au hasard. On ne s’offrira
donc pas la facilité faussement éclairée à la mode J.J.Abrams, qui dans un excès d’enthousiasme empreint de paresse
nous livre des puzzles incomplets, œuvres à l’exigence plus que douteuse. True Detective est le puzzle parfait,
celui que l’on veut encadrer et mettre au mur. Son scénario est intelligent
sans être complexe, sa photographie magnifique sans être prétentieuse et ses
dialogues fins sans être emphatiques. L’histoire ? Une enquête policière
longue de 17 ans. Le cadre ? Une Louisiane post-Katrina. Les
protagonistes ? Deux détectives antagonistes et caractériels.
Loin
des clichés ressortis à toutes les sauces dans les nombreuses séries policières
que l’on nous balance à la figure (NCIS,
Experts et autres merdes de ce type),
True Detective nous narre une enquête
riche et obscure. Comme elle n’est pas sujette au format classique de 40
minutes propre aux épisodes criminels
bas de gamme, qui aboutissent à une résolution bâclée de l’enquête à la 38
minutes, elle prend son temps et construit un univers à tiroir intelligent où
règne la moiteur ambiante d’une Louisiane marécageuse et fantomatique. En
parlant de cette Louisiane, on ne peut que féliciter le réalisateur Cary Fukunaga
qui nous dresse ici un portrait magnifique de l’état le plus francophone des
Etats-Unis. A l’image d’un Jeff Nichols dans Mud avec l’Arkansas, Fukunaga fillme
magistralement une nature sauvage et inquiétante à la tranquillité proprement
effrayante.
Une
bonne série, ça ne s’invente pas, c’est avant tout de bons personnages ! C’est
d’autant mieux si ces derniers sont joués par de bons acteurs. Une bonne série,
c’est une série qui voit ses personnages évolués aux cours des épisodes (ou
saisons). Vous trouverez ici la raison principale qui fait de Friends une des meilleures sitcoms de l’histoire
avec 10 saisons de 24 épisodes à son actif, et d’How I Met Your Mother une balade au souffle court. Si Six Feet Under fait figure d’exemple incontestable
dans le développement authentique, complexe et juste de ses personnages, True Detective occupe les premiers rangs
également. La série repose autant sur l’enquête
qu’elle ne repose sur l’opposition raffinée d’un flic au allure de prophète
philosophe et fataliste et de son équipier, figure de proue de l’américain cartésien. Les jugements sur
la nature humaine balancés par Rust, interprété par un Matthew McConaughey en
transe, seront le divertissement principal de la série. Empruntant certains
traits de caractère de ses personnages de Mud et Paperboy, et en y ajoutant
beaucoup d’apathie, Matthew McConaughey délivre son plus grand jeu d’acteur.
Personnifiant à la perfection un personnage parfait. Mais penser que Rust vole
la vedette serait une grosse erreur car l’histoire de son coéquipier Martin est
la plus résonnante. L’arc scénaristique de Martin nous dépeint la décadence d’un
américain moyen, qui voit sa vie faite de barbecue en famille disparaitre au
rythme de ses infidélités.
Une œuvre
si parfaite ne devrait pas faire l’objet d’une suite. Même une suite faussement
déguisée où l’on aurait changé les acteurs et l’histoire. Je ne verrais donc
pas la saison 2.
5/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire