J’ai un avis très mitigé
concernant Doctor Strange. Il fait partie de ces films qui m’ont plutôt diverti
sur le moment, mais qui, en y repensant, sont quand même assez brouillons et
bancals. C’est un film en demi-teinte, bourré de qualités et de défauts, d’originalités
et de poncifs, ou chaque bonne idée est suivie d’un faux pas. C’est un film que
l’on aimerait adorer mais où l’on ne peut pas s’empêcher, avec un minimum d’esprit
critique, d’en percevoir les faiblesses apparentes.
Tout d’abord, le film est
visuellement remarquable. Scott Derrickson crée une imagerie proche d’Inception
et de Matrix, tout en apportant sa touche personnelle pour en faire un produit unique
et sensationnel. C’est d’autant plus appréciable dans un genre où la tendance
est aux produits standardisés et aseptisés propre à satisfaire le plus grand
nombre sans créer de vague. Il n’y a aucun film Marvel qui, visuellement, tente
des choses aussi timbrées que Doctor Strange, où l’on frôle parfois avec le
gros trip sous LSD. Malheureusement, ce n’est pas parce que l’image est
originale que le fond l’est. Et c’est là que le bât blesse, car si l’emballage
est réussi, l’intérieur laisse considérablement à désirer.
En premier lieu, le scénario nous
régurgite l’histoire banale de l’homme riche et prétentieux, qui après un
événement tragique, revoit sa philosophie du monde et s’abandonne à une noble
cause. En somme, c’est Iron Man avec de la magie en plus. Seulement voilà, la
magie, mal expliquée à une bande de néophytes, crée un ensemble brouillon et
bordélique à souhait. Les explications sont parfois tellement confuses qu’on
arrive un moment à se dire : « Ok il a des pouvoirs, ok y’a plusieurs
dimensions, maintenant foutez vous sur la gueule ». Et c’est triste !
Cela dit, les scènes d’actions sont assez dantesques.
En second lieu, on se retrouve
avec un super-méchant générique comme dans l’ensemble des films du MarvelCinematic Universe, qui décidément n’excelle pas dans ce domaine. De toute
façon c’est simple, les super-vilains dans le MCU sont soit animés d’une volonté
de conquérir le monde, soit d’une envie d’immortalité. Dans ce cas, les
scénaristes ont opté pour la seconde option. Malheureusement, cela ne suffit à
construire un personnage. Et c’est d’autant plus dommage quand on a l’excellent
Mads
Mikkelsen pour l’interpréter. Cela étant dit, le casting est l’un des
points forts du film avec un Benedict Cumberbatch impeccable
comme à son habitude, entouré des excellents Chiwetel Ejiofor et Tilda Swinton.
Enfin, le film souffre également
d’un mauvais rythme. Le début du film prend son temps pour nous introduire le
personnage de Stephen Strange, neurochirurgien de renommée mondiale. Il le fait
si bien, que l’on s’attache au personnage et que l’on vit avec une certaine
émotion les événements qui lui arrivent. Cependant, le deuxième acte du film, sa
formation de super-héros dira-t-on, est complétement bâclée et invraisemblable.
On ne ressent pas, comme dans le Batman
Begins de Nolan, l’abnégation et la
détermination, la prédestination et la souffrance. C’est plié avant que l’on
ait pu dire « ouf ». Puis vient le 3ème acte, l’affrontement
final, où le méchant est malgré tout défait via l’intellect et non la violence,
une singularité remarquable et remarquée.
Pour conclure, Doctor Strange n’est
pas réellement mauvais. On en ressort juste déçu par rapport à ce qu’il aurait
pu être.
3/5
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