A l’image de The Twilight Zone, Black
Mirror est une anthologie d’épisodes d’environ 1h se déroulant dans un
futur plus ou moins proche. Ainsi, les épisodes sont indépendants les uns des
autres, mais ont tous un thème en commun, les potentielles dérives de notre
société suscitées par les nouvelles technologies. Très sombre, la série
pourrait même être qualifiée de dystopie tant elle dépeint (dans la grande
majorité des épisodes) un monde cruel, troublant, inquiétant et presque
inhumain. Son créateur et scénariste, Charlie Brooker, explique dans un
entretien que si la plupart des séries sont faites pour rassurer, charmer et galvaniser
le spectateur, lui a décidé de créer une série cherchant à déstabiliser, perturber,
et disons le carrément, mettre mal à l’aise le spectateur. Il décrit lui-même
la série comme « a box of dark chocolate ». Comprenez par-là, pour
reprendre l’image de Forrest Gump,
que vous ne saurez jamais à quoi vous attendre, mais vous pouvez être sûr d’une
chose, ce sera toujours noir. Animé par l’inquiétude, la crainte et l’angoisse,
Charlie Brooker part d’une utilisation bien réelle des nouvelles technologies,
l’enrichie en la transposant dans un futur proche, et crée à partir de là un
scénario catastrophe (« a worst case scenario » pour reprendre ses
termes). Et il est parfois déroutant de voir à quel point son imagination
rattrape la réalité. La série s’attaque notamment à notre soif de
divertissement, à la télé réalité, aux réseaux sociaux, à l’intelligence
artificielle et d’autres « mind fuck » qu’il serait trop compliqué d’expliquer
ici.
Black Mirror est une série anglaise de 3 saisons, les deux
premières saisons comportent 3 épisodes chacune et ont été diffusé entre 2011 et
2013 sur la chaîne britannique Channel 4. Les droits de la série ont ensuite
été rachetés par Netflix qui vient de sortir (21 octobre 2016) une troisième
saison, cette fois composée de 6 épisodes. Comme chaque épisode est réalisé par
un réalisateur différent, et comme ils n’ont pas d’intrigues communes à
respecter, on ressent réellement la disparité dans les choix visuels et
artistiques. On se retrouve finalement face à un ensemble de mini-films et
c’est très plaisant car tous sont réalisés avec qualité et distinction.
Concernant le casting, il n’y a également rien à reprocher. Tous les choix sont
impeccables et la série a notamment contribué à lancer la carrière de certains
acteurs comme Domhnall Gleeson dont l’apparition dans l’épisode 1 de la saison
2 a été très remarquée. Enfin, chaque épisode raconte une histoire
véritablement originale qui comporte presque toujours un twist purement
délectable.
En résumé, Black Mirror c’est plus que de la télévision, c’est presque du
cinéma tant l’originalité des histoires et la qualité cinématographique
(surtout dans la saison 3) sont au-dessus de la mêlée. Finalement, le seul
défaut de la série est le trop peu d’épisodes pas saison. Mais on peut se
rassurer car il semblerait que Netflix ne s’arrête pas à cette 3ème
saison.
PS : En 2014, Black Mirror a sorti un épisode « spécial
Noël » de 1h12, comme les anglais aiment les faire (Sherlock étant également passé par là). Ce dernier est un pur bijou
avec tous les ingrédients cités ci-dessus. On retrouve un casting extraordinaire
avec par ailleurs l’excellent Jon Hamm (Mad
Men et A young doctor’s notebook),
une histoire sophistiquée et singulière, et un twist de fin plutôt bien amené (même
si légèrement prévisible).
A consommer sans modération, ou
avec si vous êtes naturellement d’humeur dépressive.
5/5
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