Ramy est une série tragi-comique d’autofiction dans la même veine que les séries « Louie » de Louis CK, « Better Things » de Pamela Adlon, « Crashing » de Pete Holmes, « Curb Your Enthusiasm » de Larry David ou encore « Master of None » d’Aziz Ansari. Toutes ces séries auraient pu faire partie de ce classement tant j’apprécie le genre, mais Ramy est la plus récente et peut-être la plus instructive dans une époque où l’islamophobie gagne toujours plus de terrain. En effet, si les séries susmentionnées (hormis Master of None à laquelle Ramy se rapproche le plus), traite de la vie quotidienne de personnages blancs et parfaitement intégrés, Ramy s’intéresse au thème de la foi musulmane et de ce qu’elle implique dans le contexte de l’Amérique de Trump et du monde post-11 septembre. Mais si j’ai adhéré à cette série, c’est aussi et surtout, parce qu’elle traite des errances et des pérégrinations d’un trentenaire paumé qui se retrouve face à ses contradictions.
4/5
After Life
After Life est une série Netflix créée et produite par l’humoriste britannique Ricky Gervais. En grand fan de stand-up que je suis, Ricky Gervais a une place de choix dans mon cœur. Créateur de The Office (UK) et de la très bonne série Extras, Ricky Gervais revient à la petite lucarne avec une série tragi-comique telle que je les aime. Pas de grandes péripéties, pas de scénario alambiqué, pas de twist, juste des personnages extrêmement bien écrits et un sens du dialogue défiant toute concurrence. La répartie de l’humoriste britannique est sans égale et est ici magnifiée. Ricky Gervais interprète un veuf d’une cinquantaine d’année qui, ayant perdu toute raison de vivre, va se défouler sans relâche ni vergogne contre tout être humain se trouvant sur son passage, entre famille, collègues de travail ou même facteur.
4/5
Fleabag
Fleabag nous dépeint la vie d’une jeune trentenaire assumant son penchant pour le sexe, l’alcool et le sarcasme. Mais le pitch d’une œuvre n’est pas toujours le meilleur angle pour se laisser attirer par elle. C’est dans son âme même que Fleabag tire son épingle du jeu. Tout d’abord parce que c’est une série anglaise, et qu’à ce seul titre, la malice, la tonalité, le raffinement emballent toutes ces thématiques d’un irrésistible charme. Mais surtout, Fleabag est le projet très personnel de Phoebe Waller-Bridge, qui conduit le show, l’écrit et l’incarne. Son sens de la caricature n’épargne personne, et lui permet de s’entourer d’autres excellents comédiens, où les femmes brillent tout particulièrement. Et pour mieux briser le carcan de la satire gratuite, Phoebe Waller-Bridge opte pour une transgression narrative constante, en interpellant le spectateur à qui se destine non seulement la voix off, mais aussi des commentaires rapides, en pleine scène, sur la situation en cours.
5/5
The Marvelous Mrs Maisel
En grand fan de stand-up que je suis, je ne pouvais passer à coté de cette série sur l’émergence d’une comédienne de stand-up dans le New York des années 50. Midge Maisel est une jeune femme issue d’une famille cossue de New York, juive, mère au foyer et qui en accompagnant son mari dans un club, va finir sur les planches, micro en main. La série suit donc le début de carrière de cette bourgeoise atypique qui brise ses chaînes et se met à brûler les planches avec un talent consommé. Tout est radieux. L'héroïne est géniale, incarnée par l’excellente Rachel Brosnahan, et use d'un humour grinçant et plein d'esprit. La reconstitution du New York de l’époque n’a rien à envier à Mad Men et la série transpire d’un féminisme attendu et apprécié. La réalisation est également magistrale avec des plans séquences qui feraient pâlir les réalisateurs les plus chevronnés. Mais le sel de la série réside dans la relation extraordinaire entre Midge et son agente Suzie Myerson (la fabuleuse Alex Borstein) une femme à l'opposé de Mrs Maisel, fauchée et vulgaire. La rencontre entre ces deux femmes de deux mondes diamétralement opposés, au look et à l’expression aux antipodes l'une de l'autre mais qui semblent incarner ensemble toute la modernité féminine de notre époque.
4.5/5