Comme chacun sait, l’avènement du
premier président afro-américain aux Etats-Unis n’a pas fait disparaître les
tensions ethniques. Ainsi, à l'heure où les dissensions culturelles et raciales
sont toujours bien présentes sur le territoire américain, débarque un petit
film indépendant mais grandement nécessaire : "Dear White People". Sur
la base d’évènements avérés où des fêtes d’étudiants auraient ouvertement
encouragé la ségrégation, ce film né grâce à twitter, chronique la vie
universitaire américaine d’aujourd’hui.
Après une bande annonce qui
annonçait de la comédie décomplexée, Dear White People tourne en fait
vers le genre du jeu avec les images, avec les cliché et les attitudes
véhiculées par les médias, dans un ton assez grinçant plus que dans l'hilarité.
Très référencé, très américain dans sa problématique (communautés noires et
campus de la Ivy league) et finalement très complexe dans sa construction, le
film propose une réflexion assez intéressante.
Le réalisateur Justin Simien
décide d’arrêter sa caméra sur quatre étudiants afro-américains de l’université
de Winchester. De la jeune militante prônant le " Black Power" à
celle qui va renier sa culture pour mieux intégrer celle des blancs et devenir
"célèbre", ou celui qui subit tout acte discriminatoire (raciale et
homophobe) sans agir, chacun gère la situation à sa façon.. Le
metteur-en-scène propose un propos intelligent sur cette lutte
d'égalité et met, justement, tout le monde sur un même pied d'égalité quant à la
satire grinçante. Il n'épargne mais ne juge personne, il préfère nous
confronter avec humour et intelligence à ce problème, pour mieux nous faire
réfléchir. Mais la vraie question du film est la quête de l'individualité dans
ce genre de milieu qui gravite autour de communautés aux images fortes. La
couleur de peau est quasiment toujours utilisée à des fins égoïste dans le
film, que ce soit par les noirs ou les blancs, en se donnant un genre, en
jouant de la persécution ou en étant bêtement raciste. D'un côté on se cherche,
de l'autre on se renie, aucun personnage du film n'échappe à cette dualité.
Dear White People est donc un film
bien senti, qui tape là où ça fait mal avec le ton qu'il faut. Ce n’est pas un
film facile et je comprends qu’il ait été acclamé au festival de Sundance l’année
passée.
3.5/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire