En grand fan de séries que je suis, j’adore Dupieux. Car chez lui, chaque
film est comme un épisode extrait d’un univers absurde et déjanté tout droit
sorti de son imagination. On retrouve les mêmes acteurs, les mêmes sujets
traités, la même musique électro-minimale-berlinoise…. C’est un vrai plaisir.
Rubber est sûrement son épisode le plus extravagant, le plus insensé et le plus
alambiqué. C’est un véritable exercice de style purement Dupieuxien. Ce n’est
pas un film d’auteur, c’est un film d’artiste. Entre art contemporain et
cinéma, Dupieux crée un film-concept complètement délirant et insondable.
Rubber est simplement le récit hasardeux et impétueux d’un pneu aventureux
vicieux et belliqueux ou juste amoureux. C’est aussi l’histoire d’un dindon
dans un salon et d’un spectateur fouineur et inquisiteur. Enfin, c’est
également la narration d’un tricycle furieux accompagné de son hémicycle de
pneux qui laisse envisager un cycle prodigieux.
“Life itself is filled
with no reason”. Voilà le pitch du
film et plus globalement la ligne directrice de l’oeuvre dupieuxienne dans sa
totalité. En effet, chacun de ses films cherchent à nous démontrer que la
réalité telle que nous la percevons est une réalité angoissante et
insensée, qui peut, à bien des égards, paraître irréelle. Dans cette optique,
Rubber serait donc sa pièce maitresse car Dupieux nous y fait comprendre, grâce
à une mise en abîme folle mais particulièrement bien trouvée, que la réalité
est un film.
Je ne comprends pas comment on peut détester les films de Dupieux. Pour
moi, il doit forcément y avoir un juste milieu. Que l’on n’adhère pas à son
absurdité, soit, mais que l’on ne lui reconnaisse aucune qualité dans la
réalisation, c’est un péché. Rubber est un exemple, une référence. Dupieux nous
démontre qu’une bonne idée n’est pas suffisante pour réaliser un bon film, il
faut également savoir sublimer ses acteurs, savoir mettre en scène un espace
(ici le désert californien) et savoir accompagner les images d’une musique
appropriée (électro-country).
Un film d’épouvante en plein soleil ça fait bien !
4.5/5
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