La comédie française est clairement en perte de vitesse, on peut même dire
qu’elle est à l’arrêt depuis une bonne dizaine d’années. Certes BIS était à
coup sûr une bouse cinématographique et il apparait assez réducteur d’affirmer
cela après l’avoir vu mais regardons la réalité en face. Les grands succès en
termes de comédies françaises ces dernières années sont Bienvenue chez les
Ch’tis, Intouchable et Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu…
Vous conviendrez aisément qu’on est loin du Dîner de cons, des Bronzés,
de La grande vadrouille ou des Visiteurs. Si les classiques du
21ème siècle sont Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchable… j’en pleure plus
que je n’en rigole. Pour moi, la dernière grande comédie française remonte à
2001 et c’était Mission Cléopâtre. Si la machine est enraillée, c’est
que la France n’a plus de véritables acteurs de comédies. Le milieu du 20ème
siècle a eu De Funès et Bourvil, la fin du 20ème a eu Lhermitte, Clavier,
Depardieu, Jugnot, Villeret et j’en passe. Et nous avons quoi nous au 21ème
siècle ? Des humoristes reconvertis en acteurs ? Les Merad, Elmaleh, Boon et
autres Dubosc sont bien gentils sur une scène ou dernière la petite lucarne,
mais dans les salles noires, leur qualité d’acteur laisse clairement à désirer.
Après ce constat assez déplorable, revenons-en à la critique de BIS. Ce
film avait du potentiel. Le retour dans le passé est somme toute assez
classique mais les ressorts comiques sont tellement nombreux qu’il y a toujours
de quoi faire rire abondamment. Malheureusement, le film ne va jusqu’au bout de
ses idées. Les comédies bas de gamme comme BIS se contentent d’enchainer les
gags comme des humoristes de stand up (coïncidence ? je ne pense pas) alors
qu’une bonne comédie consiste à prendre un sujet drôle et à le pousser vers des
extrêmes inattendus.
Autre gros point noir du film : la surenchère mélodramatique. Le film est
ponctué de scènes à faire pleurer les chaumières et c’est tout à fait
horripilant. Surtout, ce n’est pas du tout ce que l’on recherche en venant voir
ce genre de film. On critique souvent les comédies américaines qui ne peuvent
s’empêcher de nous imposer à la fin des morales larmoyantes et bien souvent
patriotiques mais ils ont au moins la décence de ne le faire qu’une fois nous
avoir fait rire pendant une heure et demie. BIS, premièrement ne nous fait que
rarement sourire, et deuxièmement s’offre le luxe de nous pourrir le film avec
des fausses prises de conscience à deux francs. C’est pitoyable.
Au titre des échecs cuisants du film, on ajoutera le jeu d’acteur tout à
fait déplorable de Dubosc, à peine aidé par un Merad qui continue d’enchainer
les comédies françaises de fond de tiroir. Merad est un fin humoriste mais un
acteur grossier incapable de se mouvoir en autre chose d’un quarantenaire
dépassé. Le passage avec Zidane enfant est également pathétique et complètement
inutile, cela ne nous décroche aucun sourire mais uniquement un profond
sentiment d’exécration. Nous ne parlerons même pas de la fin qui nous balance
sa morale à deux balles sur les « brouillons de vie ». En écrivant de
telles banalités, Farrugia aurait dû réaliser que c’est son scénario qui était
brouillon.
BIS est donc, comme prévu, une énième comédie française merdique, venant
noircir encore un peu plus le triste tableau de l’humour cinématographique
français.
1/5
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