Wrong Cops

Cher lecteur, 

Vous lisez-là ma 100^ème critique. Pour l’occasion, j’avais à cœur d’analyser un film particulier. Un film qui m’a transporté et que j’ai adoré. Un film différent, réalisé par un mec différent. Un film comme aucun autre. Un OVNI. Je l’ai trouvé. C’est Wrong Cops de Quentin Dupieux.  

Dupieux est complètement à part dans le paysage cinématographique français. C’est le seul, avec un tel niveau de visibilité, à réaliser un cinéma autant fondé sur l’absurde. Peut-être connaissez-vous aussi Dupieux sous le nom de Mr Oizo, DJ français de musique électro. Sa musique est à l’image de ses films, absurde. Elle est basée, selon ses dires, sur « l'inécoutable et l'envie de stopper la track ». Il avouera même articuler ses créations autour du « grand n’importe quoi ».

Après Wrong en 2012, Dupieux déclare vouloir faire un film de « gros porcs ». Ma critique est là pour le féliciter et pour lui dire qu’il y est parvenu de la plus belle des façons. Son film est gratuit, déjanté, gras et sans concession. C’est bel et bien un film de gros porcs.

Wrong Cops c’est comme un second dépucelage (ou un premier). On perd une partie de sa virginité et de sa pureté. C’est tellement malsain. C’est délicieusement diabolique. Le film met en scène des flics pourris dans une version fantasmée des Etats-Unis, entre le rétro et le moderne. C’est une collection de scénettes qui se coupent et s’entrecoupent. On a le flic dealer de drogue qui vend sa dope dans des rats morts, le flic pervers qui se sert de sa situation pour mater des boobs, le flic au passif dans le porno gay qui s’accompagne d’une fille décérébrée, le flic mélomane compositeur de minimal allemande et la flic vénale qui cherche à faire chanter ses collègues. Ils sont tous plus corrompus, répugnant, ignobles et abjects les uns que les autres. C’est la grasse du genre humain. C’est l’indécence, la grossièreté et l’immoralité incarnés.   

Mais Wrong Cops, c’est avant tout l’absurdité du quotidien, c’est le désir de montrer que ce que l’on perçoit comme réel est en fait irréel. Car il n’y a rien d’ouvertement surréaliste ou fantastique mais tout est vecteur de gêne, de malaise et d’absurde. Dupieux porte un regard cynique et apeuré sur l’absurdité et la violence du monde qui nous entoure. Il mêle adroitement le malaise et le rire pour peindre un tableau aussi inquiétant que désopilant. Ne vous méprenez pas ! L’absurde selon Dupieux ne consiste pas à faire n’importe quoi, c’est donné un sens mais pas celui qu’on attend.

Cependant l’univers crée par Dupieux ne serait pas aussi détonant sans une photographie, une réalisation, une musique et des acteurs incroyables. Les couleurs sont belles et adaptées à son univers, les champs-contrechamps sont classiques mais efficaces et la musique… mon dieu la musique. Elle fait toute la beauté et l’étrangeté du film. Mr Oizo se sert de ses propres compositions pour agrémenter son œuvre. Toute la bande originale est donc une succession de beats tout droit venus de Berlin. Une minimale allemande parfaitement appropriée à l’univers détraqué que nous offre Dupieux. Mais la musique est souvent accompagnée d’un bruit de voiture, d’un chant d’oiseau… c’est subtil mais c’est beau. Enfin, les acteurs sont brillants. Il prendrait trop de temps de les passer tous au peigne fin donc on s’attardera sur les plus improbables. On aperçoit un Marylin Manson à contre-emploi dans le rôle d’un adolescent craintif ainsi que Jon Lajoie, un youtuber canadien aux millions de vues. Ecoutez cette chanson : une tuerie !

Une scène du film nous explique que la réussite d’un artiste est composée à 95% de l’image qu’il renvoie, du marketing, et à 5% de talent. Il ne fait aucun doute que Dupieux, le possédé, possède les deux. Esthétiquement, c’est grandiose, et personne ne pourra nier le talent. Je trouve proprement fascinant que l’on puisse créer des personnages si malsains et que cela paraisse si peu anormal. Absurde oui, anormal non. C’est fascinant. Passionnant. Amusant. Génial !!!

#inyourgut #inyourorgans #africa 

#itshorribleforhim #itsnothorribleforyou

5/5