La première chose que m'inspire
cette série est le soin dont elle fait preuve à tous les niveaux. C'est juste,
bien écrit, bien réalisé, bien interprété, simple sans être simpliste, complexe
sans être compliqué, lent sans être chiant, original sans être prétentieux. La
série a une vraie qualité cinématographique à la manière de Top of the Lake ou
True Detective. Donc déjà c’est une œuvre télévisuelle de grande qualité comme
on en voit de plus en plus.
Le synopsis est tout ce qu’il y a
de plus simple. Noah, un père de famille New-Yorkais, se rend en vacance à Long
Island chez ses beaux-parents avec sa femme et ses quatre enfants. Dès le début
des vacances, il va tomber amoureux d’une locale, Alison, elle aussi mariée
avec qui il va alors entretenir une aventure jusqu’à son retour à New-York.
Mais l’originalité de la série repose sur un modèle narratif, simple, mais
finalement très rarement vu : chaque épisode est divisé en deux parties,
permettant à Noah et Alison d'avoir tous les deux leur propre version des faits.
Un schéma savamment exploité dans le pilote avec la première rencontre entre
les deux. Exemple simple : Noah se souvient de la coupe avantageuse de la robe
d'Alison, de son sourire attirant ou de ses cheveux lâchés. Dans la version
d'Alison, la robe est beaucoup moins affriolante, elle semble fatiguée et c'est
Noah qui semble faire le premier pas. Un mécanisme qui se répète à chaque
épisode (avec des différences plus ou moins marquées) et qui permet aux
téléspectateurs de s'impliquer davantage dans la série. Ce procédé permet également
de mieux pénétrer la psychologie des personnages et de mieux comprendre la
complexité des situations.
A ce découpage narratif inhabituel s’ajoute une dose de mystère supplémentaire qui est apportée avec la double temporalité façon True Detective où l'on retrouve les deux personnages, quelques mois plus tard, interrogés par un inspecteur de police sur leur relation. On comprend rapidement d’un meurtre a eu lieu dans leur entourage et qu’ils sont entendus pour éclaircir l’affaire, peut-être même sont-ils suspects. Si ce n’est jamais explicitement indiqué dans la série, on peut envisager que la division en deux parties de chaque épisode nous donne à voir les versions que donnent l’un et l’autre au détective.
Cette première saison a deux
rythmes. Durant les 6 premiers épisodes, le rythme est lent, on assiste à la
rencontre des amants, la naissance de leur amour et les péripéties de leur
aventure extra-conjugale tandis que l’enquête concernant le meurtre est passée,
à peu de chose près, sous silence. Dans les 4 derniers épisodes, le rythme s’accélère,
l’aventure éclate au grand jour, l’enquête prend de plus en plus d’importance
et la tension monte inlassablement. Pour certains, la première partie apparaitra
trop lente et peut-être même pénible, pour moi il n’en est rien, je trouve que
les rares moments de flottement sont vite occultés par le soin accordé à ces
deux personnages qui ne cessent de s’étoffer. Noah est campé par Dominic West
que je trouve extraordinaire, ce dernier, que certaines reconnaitrons pour l’avoir
vu dans The Wire, a un charisme hors
du commun qui vous hypnotise littéralement. Je pourrais le regarder couper des
oignons pendant 50 minutes que ça me dérangerait pas. Son alter égo, Alison,
est interprété par Ruth Wilson qui n’est pas sans reste non plus et qui joue
très bien la jeune femme torturée et impénétrable.
Ambiguë, mystérieuse et hypnotisante, entre ressenti, interprétation, mensonge ou omission, The Affair nous questionne sur la vérité de chacun. Avec une intrigue prenante et maitrisée, des personnages intelligents, justes et crédibles, The Affair est une très bonne surprise et une série qui allie à la perfection maturité et simplicité.
4.5/5
Très bonne présentation de cette série dont la seconde saison réserve de bonnes surprises.
RépondreSupprimerJ'avais essayé d'en faire la promotion ici:http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?f=12&t=36965
Sans succès, cette série reste méconnue car dépourvue d'accroche sensationnelle.