Quand on parle du talentueux et
excentrique réalisateur américain Wes Anderson, on ne mentionne que trop peu
son second long-métrage, Rushmore.
Pourtant, Rushmore est chef d’œuvre,
un bijou qui annonçait les prémices d’une brillante carrière. Si sa collaboration
artistique florissante avec Owen Wilson avait démarré 2 ans plus tôt sur le
scénario de son premier long-métrage Bottle
Rocket, Rushmore a fait office de
point de départ de deux autres collaborations devenues désormais incontournables
dans la filmographie d’Anderson, celle avec Jason Schwartzman (alors âgé de 17
ans) et Bill Murray.
Dans son second film, Wes
Anderson maîtrise déjà l’esthétique parfait, le bon goût ultime, qui caractérisera
sa patte cinématographique. Mais sa loufoquerie organisée, si délectable, n’est
pas encore poussée à ses extrêmes comme dans
The Grand Budapest Hotel ou Moonrise
Kingdom. Rushmore nous présente
le personnage de Max Fischer, un élève de 15 ans dans une prestigieuse école
privée, qui ne trouve pas vraiment sa place et qui cherche à se définir parce
ce qu’il fait plus que ce qu’il est. Il crée donc toutes sortes de clubs et
associations et fleurit dans la vie extra-scolaire du lycée. En parallèle, il
se lie d’amitié avec un parent d’élève, directeur d’entreprise et proche de la
soixantaine, ainsi qu’avec une proche d’art plastique d’une trentaine d’années
de laquelle il tombera amoureux. Le film parvient donc à maintenir un côté très
identifiable et intelligible tout en apportant la loufoquerie nécessaire à la prospérité
du cinéma d’Anderson, avec notamment la différence d’âges entre les différents
protagonistes. Au-delà d’une cinématographie travaillée (mais on en attend pas
moins de lui), c’est surtout le scénario, co-écrit avec Owen Wilson, qui fait
mouche. Ce dernier est si bien écrit qu’il maintient l’équilibre entre réalité et
excentricité qu’entraine le décalage entre l’âge des personnages et leurs comportements.
Le casting est égaiement parfait.
Le jeune Jason Schwartzman perce l’écran et on comprend alors mieux ses
multiples collaborations avec Wes Anderson par la suite. A seulement 17 ans, il
délivre une performance d’adulte, littéralement, puisque du haut de ses 15 ans,
son personnage se prend pour un homme, responsable et accompli. C’est un peu
une sorte de Ferris Bueller si ce dernier mettait son intelligence sournoise au
profit de desseins plus nobles et plus mâtures. J’adore cet acteur et je
comprends tout à fait la relation qui le lie à Wes Anderson, puisqu’il dégage
une excentricité, une singularité, toute naturelle. Je vous conseille d’ailleurs
vivement la série HBO Bored to Death dont
il interprète le personnage principal. Et puis que dire de Bill Murray… C’est
un acteur de génie, et il est, comme dans tous les films sous la direction de
Wes Anderson, remarquable. Comme à son habitude, il joue à la perfection le
rôle de l’homme taciturne, celui qui ne parle pas trop mais qui délivre ce qu’il
a à dire par l’expression de son visage et de son corps.
Réunissant le quatuor magique
Anderson/Murray/Schwartzman/Wilson, Rushmore est un bijou ! A voir
absolument si on aime le cinéma d’Anderson,
pour ceux qui sont moins fan, c’est peut-être une bonne porte d’entrée.
5/5
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