Il est triste de constater que de si beaux films ne sont pas assez connus du grand public. Sorti le 6 février dernier, Wadjda est
très apprécié chez les cinéphiles mais reste pourtant dans un anonymat
honteux auprès de Monsieur tout le monde. Preuve à l’appui, j’ai dû
faire 45 minutes de transport en commun pour trouver un cinéma qui le
diffusait en VO, à Lyon s’il vous plait (ce dernier n’étant pas
retransmis dans les Gaumont-Pathé) et la salle était quasiment vide !!!
Contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, Wadjda n’est pas le, mais un des premiers longs-métrage venus d’Arabie Saoudite. Si ce n’est pas le précurseur du 7ème
art saoudien, c’est cependant bien le premier film saoudien réalisé par
une femme, Haifaa al-Mansour. Les femmes ayant dans ce pays les droits
que les hommes veulent bien leur accorder, ce film est une révolution.
Et quelle révolution car ce dernier est une grande réussite.
Je
me suis délecté de ce film car je m’y suis retrouvé. Je m’explique.
Etant petit, mes parents, mes professeurs et toute personne possédant
une quelconque autorité, vous diront que j’étais… insolent. Une
insolence savoureuse que j’ai retrouvée chez la petite Wadjda. Petite
rebelle refusant de se plier à l’autorité et aux coutumes de son pays,
elle enfreint les règles et aime se jouer de ses ainés. (Attention
spoilers) Le pic lancé à sa principale concernant son « voleur / amant »
doit surement provoquer chez Wadjda une profonde jouissance que j’ai
réussi à partager avec elle (l'ayant déjà vécu à de multiples reprises
sous diverses formes).
Combien de
fois n’ai-je pas entendu mes parents me dire : "Quand tu as une idée en
tête il est très difficile de t’arrêter". Entêté que je suis, je n’ai
que pu m’extasier de voir Wadjda foncer tête baissée vers son objectif
de rouler à vélo. Un plaisir qui a atteint son paroxysme lorsque que sa
mère lui dit la phrase que mes parents m’ont tant rabâché 20 ans durant.
Mais
ce film est aussi et surtout un tableau dressé du machisme omniprésent
de la société saoudienne. Nous autres occidentaux avons beaucoup de mal à
comprendre le fonctionnement patriarcale de ces sociétés. A travers ce
film, nous observons de l’intérieure les mœurs de ce système. Ainsi,
sans insister, Haifaa al-Mansour nous expose avec force la vie
quotidienne des femmes dans son pays. Les passages à l’école
exclusivement féminine sont puissants, parfois troublants, mais
réalistes.
Ce
film est une grande réussite pour un premier essai. Je ne peux
m’empêcher de repenser à cette insolence délectable et rien que pour
cela je dis Bravo.
4/5
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire